De nombreuses réformes proposées ramèneraient des opinions dépassées sur les grandes entreprises et alimenteraient l’inflation plutôt que de l’éteindre
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Les réformistes réclament depuis longtemps des modifications aux lois canadiennes sur la concurrence pour remédier aux maux économiques allant des préoccupations concernant les grandes entreprises technologiques à l’inégalité économique. L’inflation actuelle leur donne un moment politique. Mais bon nombre de leurs propositions de réforme ramèneraient des opinions dépassées sur les grandes entreprises et alimenteraient l’inflation plutôt que de l’éteindre.
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L’une de ces réformes consiste à interdire aux grandes plateformes numériques de privilégier leurs propres produits, que cela nuise ou non à la concurrence. Le Sénat américain examine une bipartite facture coparrainé par la sénatrice Amy Klobuchar qui empêcherait certaines entreprises de donner la priorité à leurs propres produits par rapport à ceux de leurs rivaux.
En vertu de la législation proposée, Amazon ne pourrait pas présenter ses produits « Amazon Basics » dans sa propre boutique en ligne ; Google ne pouvait pas favoriser Google Maps sur Google Search ; et Apple ne pourrait promouvoir aucune de ses propres applications qui concurrencent celles vendues par des tiers dans son App Store. L’idée est de protéger les vendeurs tiers de la concurrence déloyale de leur fournisseur de plate-forme, leur permettant ainsi de devenir plus compétitifs.
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Dans le contexte de la brique et du mortier, de nombreux détaillants accordent à leurs propres produits de marque maison un emplacement de choix sur les étagères pour stimuler les achats de ces produits souvent moins chers. L’interdiction proposée de «l’auto-préférence» ne s’appliquerait qu’aux grandes entreprises en ligne. Une version plus draconienne du facture avancée par les membres du US House Judiciary Committee imposerait également des séparations structurelles et des restrictions sectorielles qui ne s’appliqueraient qu’à Google, Apple, Amazon et Facebook.
À mon avis, il n’y a guère de sens juridique, commercial ou économique à une interdiction générale des entreprises prospères de promouvoir leurs propres produits ou, pire encore, à des séparations structurelles forcées qui ciblent des entreprises efficaces et intégrées verticalement sans qu’il soit nécessaire de démontrer qu’elles causent préjudice concurrentiel.
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Sur le plan juridique, les lois antitrust du Canada permettent déjà aux organismes de réglementation de la concurrence de contester et d’arrêter des pratiques telles que l’auto-préférence par des entités puissantes sur le marché si elles sont susceptibles d’entraîner une diminution ou un empêchement substantiel de la concurrence. Ils peuvent également fournir une réparation provisoire sous la forme d’injonctions lorsque la pratique est jugée flagrante. Quant à la séparation structurelle comme remède, la législation existante l’autorise lorsque des entreprises dominantes se livrent à des comportements abusifs. Tant que la législation actuelle n’aura pas été démontrée comme étant inadéquate, il est prématuré de demander des modifications législatives.
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D’un point de vue commercial, l’auto-préférence est une pratique commerciale légitime et courante, en particulier dans le commerce de détail, qui peut être bénéfique pour les clients et favoriser la concurrence. En fournissant des produits ou des services en interne, une entreprise intégrée verticalement peut réduire ses coûts, ce qui peut profiter aux consommateurs grâce à des prix plus bas. Par exemple, Amazon a commencé comme libraire en ligne qui achetait des livres d’autres éditeurs. Il est également devenu un éditeur d’Amazon Basics, son propre label de livres qu’il vend directement aux consommateurs. Des restrictions sectorielles ou une interdiction de l’auto-préférence empêcheraient cela, même si Amazon Basics offre aux consommateurs des prix plus bas et plus de variété. Les ruptures forcées ou le blocage de l’auto-préférence empêcheraient les entreprises de prendre des décisions commerciales fondamentales sur la meilleure façon d’exploiter leurs entreprises, de servir leurs clients et d’investir pour réussir. Le résultat pourrait être moins de concurrence, moins d’innovation, des prix plus élevés et des opportunités réduites pour les entreprises les plus prospères du marché. UNE article récent par Robert D. Atkinson pour l’Institut Macdonald-Laurier a constaté que les grandes entreprises au Canada et ailleurs « surclassent les petites entreprises sur un large éventail d’indicateurs économiques et sociaux ».
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La théorie économique et une abondante littérature empirique confirment que les entreprises verticalement intégrées qui réussissent peuvent être des moteurs de l’efficacité économique et de la productivité. Ils profitent à l’économie en stimulant l’innovation, en améliorant la qualité et en faisant baisser les prix. C’est pourquoi les autorités de la concurrence se concentrent non seulement sur la taille des entreprises, mais sur leur conduite au cas par cas. Pourtant, les décideurs politiques aux États-Unis et en Europe n’interdiraient certaines pratiques d’intégration verticale qu’aux grandes entreprises technologiques, indépendamment de tout effet proconcurrentiel, afin de promouvoir des objectifs de bien-être social tels que la protection des concurrents moins efficaces. Ces propositions erronées ignorent complètement la possibilité que l’auto-préférence puisse permettre aux entreprises d’offrir aux consommateurs des produits à moindre coût ou de meilleure qualité.
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Les entreprises poursuivent également souvent l’intégration verticale afin d’avoir un meilleur contrôle sur leur chaîne d’approvisionnement et de s’affranchir des coûts et de l’imprévisibilité liés à la dépendance vis-à-vis de fournisseurs tiers. En rationalisant l’approvisionnement, la fabrication et la vente de leurs produits, ils génèrent des gains d’efficacité économique qui profitent en fin de compte aux consommateurs. Ils peuvent également être mieux protégés contre les ruptures d’approvisionnement causées par les pandémies, les grèves ou la mauvaise gestion d’un fournisseur.
Il est peu probable que la politique douteuse consistant à punir les grandes entreprises prospères et efficaces se traduise par de meilleurs résultats économiques. L’économie nous rappelle de considérer toute nouvelle réglementation au cas par cas. Les interdictions générales ou les ruptures qui ignorent les différents modèles commerciaux et pratiques des principales entreprises technologiques américaines pourraient bien nuire aux consommateurs et réduire l’efficacité économique. Pendant une période de hausse de l’inflation, la poursuite par les gouvernements de politiques obsolètes du « gros est mauvais » pourrait augmenter les prix, et non les baisser.
John Pecman, conseiller principal en affaires au sein du cabinet d’avocats Fasken, a été commissaire de la concurrence au Bureau de la concurrence du Canada (2013-18).
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