La mort vient pour l’archevêque de Willa Cather


« Le père Vaillant s’est mis à arpenter sans relâche tout en parlant, et l’évêque l’a regardé, songeur. C’était justement cela chez son ami qui lui était cher. « Là où il y a un grand amour, il y a toujours des miracles, dit-il enfin. « On pourrait presque dire qu’une apparition est une vision humaine corrigée par l’amour divin. Je ne te vois pas tel que tu es vraiment, Joseph ; Je te vois à travers mon affection pour toi. Les mira entendez toujours ce qu’il y a à propos de nous…’ »
– Willa Catherine, La mort vient pour l’archevêque

Il y a des moments – assez rares, je l’admets – où je demande à mes livres de faire plus en faisant moins. Il y a des moments où je ne veux pas lire sur le tumulte ou les conflits, la violence ou les perturbations, ou même quelque chose qui ressemble à un conflit dramatique. Parfois, je veux simplement du calme, de la paix et de la méditation. Parfois, je veux juste le calme, l’existence et l’être.

La mort vient pour l’archevêque est l’un de ces livres tranquilles. Malgré son titre – qui donne l’impression que Grim Reaper traque le personnage principal – ce n’est rien de plus qu’un compte rendu modeste de la durée d’un homme humble sur terre. Il n’y a rien pour accélérer le pouls. Pas de tension. Pas de cliffhangers. C’est – faute d’un meilleur mot – étrangement apaisant.

Pour une raison quelconque, Willa Cather n’a pas la notoriété et l’omniprésence des autres grands auteurs américains, une liste dont elle fait sûrement partie. Je n’ai aucune preuve pour étayer cela, mais je suppose que cela a à voir avec le fait que ses romans les plus célèbres se déroulent au Nebraska. Bien que les plaines hurlantes aient leurs charmes, elles n’ont pas le cachet des décors côtiers ou européens.

Dans La mort vient pour l’archevêque, Cather quitte l’État de Cornhusker pour le Nouveau-Mexique du milieu du XIXe siècle. Bien que le paysage change, sa capacité à le décrire ne change pas. Parmi les charmes de ce livre mince, il y a son évocation de la terre, et sa capacité à trouver la beauté même dans les terrains les plus difficiles.

Les personnages principaux sont ici deux prêtres français : Mgr Jean Marie Latour et son vicaire, le Père Joseph Vaillant. Ayant grandi ensemble en France, Latour et Vaillant avaient été stationnés à Sandusky, Ohio avant d’être envoyés dans le sud-ouest américain.

Essentiellement sans intrigue, le livre de Cather se compose d’un prologue (se déroulant à Rome) et de neuf chapitres. Les chapitres sont principalement épisodiques, contenant souvent leurs propres arcs narratifs miniatures. Un chapitre se concentre uniquement sur un prêtre que Mgr Latour désapprouve. Une autre file le fil de Dona Isabella, qui doit être convaincue de révéler son véritable âge – elle prétend avoir une quarantaine d’années, et ce depuis des années – afin de gagner un concours à enjeux élevés.

Bien qu’elles soient déconnectées, ces petites sections – le roman entier est un cheveu de moins de trois cents pages – tiennent toutes seules. Par exemple, il y a une première pièce de théâtre dans laquelle Latour et Vaillant parcourent leur circuit missionnaire. À la recherche d’un abri pour la nuit, ils tombent sur une ferme américaine solitaire, qui leur donne immédiatement la chair de poule. Les capacités littéraires de Cather sont pleinement exposées lorsqu’elle décrit l’homme qui les rencontre :

Alors qu’ils se dirigeaient vers la porte, un homme est sorti, tête nue, et ils ont vu à leur grande surprise qu’il n’était pas un Mexicain, mais un Américain… Il leur a parlé dans un dialecte traînant qu’ils pouvaient à peine comprendre et leur a demandé s’ils voulaient reste pour la nuit. Pendant les quelques mots qu’ils échangeaient avec lui, le père Latour éprouvait une répugnance croissante à rester même quelques heures sous le toit de ce vilain bonhomme à l’air méchant. Il était grand, maigre et mal formé, avec un cou en forme de serpent, se terminant par une petite tête osseuse. Sous ses cheveux bien coupés, cette tête repoussante présentait un certain nombre de crêtes épaisses, comme si les jointures du crâne étaient envahies par des couches d’os superflus. Avec ses petites oreilles rudimentaires, cette tête avait un air positivement malin. L’homme ne semblait pas plus qu’à moitié humain, mais il était le seul maître de maison sur la route solitaire de Mora…

Comme dans ses œuvres les plus connues, O Pionniers ! et mon antonie, Cather parcourt une chronologie assez longue avec parcimonie et efficacité. Les années défilent, capturées dans de petits instants. Des événements et des personnages réels, tels qu’un Kit Carson au dessin complexe, sont entremêlés dans les débats.

L’une des choses surprenantes à propos La mort vient pour l’archevêque c’est qu’il est obstinément indifférent à une ligne narrative. L’un des grands projets de Mgr Latour est de construire une cathédrale à Santa Fe. Bien que cette entreprise soit périodiquement référencée tout au long du roman (et est la raison pour laquelle le cas d’homologation de Dona Isabel est si important pour lui), Cather n’en fait jamais le centre de son histoire. Comme le savent les fans de Ken Follett, la construction d’une cathédrale aurait été un cadre parfaitement utilisable. Mais Cather évite cette route évidente, et la construction du rêve de toute une vie de Mgr Latour reste à l’arrière-plan, se déroulant principalement en dehors de la page.

Mgr Latour et le père Vaillant sont tous deux des hommes honnêtes, engagés dans leur vocation. Contrairement aux autres prêtres que nous rencontrons, ils ne sont pas avides, ils ne sont pas arrogants et ils prennent leurs vœux au sérieux. Ils croient en ce qu’ils font, c’est-à-dire servir Dieu en servant les gens. Ils se concentrent sur les pauvres et les dépossédés, y compris les Indiens Navajo, dont la tragique « Longue marche » est référencée par Cather.

Si ce livre était écrit aujourd’hui, j’imagine qu’il serait exécuté tout à fait différemment. Après tout, la réputation de l’Église catholique romaine ravagée par les scandales ne pouvait pas être beaucoup plus basse. Mgr Latour et le père Vaillant seraient – ​​au mieux – transformés en anti-héros compliqués. Ils lutteraient avec leur foi, avec les tentations, avec leurs pulsions les plus basses. Au pire, bien sûr, ils deviendraient des méchants purs et simples : des hypocrites qui ont choisi Mammon plutôt que Dieu ; prédateurs ou charlatans ; impérialistes culturels. Ainsi, il y a certainement une sensation démodée à La mort vient pour l’archevêque, ce qui n’est pas surprenant puisqu’il a été publié pour la première fois en 1927.

Malgré la charmante simplicité de la narration, le Nouveau-Mexique décrit par Cather est en fait assez embrouillé. Il est situé aux confins de nombreuses cultures différentes, y compris celles de diverses tribus amérindiennes, les anciens empires d’Espagne et du Mexique et l’empire continental émergent d’Amérique. Malgré les complications créées par tant de points de friction, Mgr Latour et le Père Vaillant sont d’une transparence éclatante dans leurs motivations et leurs actions. Elles sont bon, ni plus ni moins, et bien que la fiction traite souvent la bonté comme un trait ennuyeux, elle est d’autant plus rafraîchissante pour cette raison. La mort vient pour l’archevêque C’était un bon changement de rythme, court, beau et profond ; il n’atteint pas son impact par le biais de son ambition voluptueuse, mais pour sa célébration d’une vie modeste et vertueuse.



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