lundi, décembre 23, 2024

Opinion: la récupération COVID tout en glucides au Canada

Si nous voulons donner à l’expansion du Canada une base plus solide et éviter un effondrement à mesure que l’hyperglycémie se dissipe, nous devons agir davantage comme nos concurrents

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L’économie du Canada est à un niveau élevé de sucre. Les emprunts publics et l’argent facile ont alimenté la ruée. Les données les plus récentes des comptes nationaux, du troisième trimestre de 2021, montrent que le PIB nominal – revenus et dépenses mesurés en dollars courants – a augmenté de plus de 12 % par rapport à l’année précédente. Les chiffres suivants montrent que même avec les restrictions COVID, la consommation est forte. Le logement a été sur une larme.

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Pourquoi appeler cette poussée une ruée vers le sucre plutôt qu’un signe de force sous-jacente ? Une des principales raisons est l’inflation. La hausse des prix a représenté les deux tiers de cette augmentation de 12 % d’une année à l’autre du PIB nominal au troisième trimestre. Le PIB réel a également rebondi après la récession du COVID au cours de cette période, mais seulement de 4 %. L’indice des prix à la consommation, en hausse de près de 5 % d’une année sur l’autre à la fin de 2021, raconte la même histoire. Nos dépenses dépassent notre capacité à produire des biens et des services.

Avec Omicron nous donnant des oscillations à court terme, il est tentant de profiter du high et de laisser les préoccupations futures pour plus tard. Mais COVID et la réponse politique à celui-ci ont fait monter les enchères. Nous savons depuis longtemps qu’au fur et à mesure que les baby-boomers vieillissent, la hausse des coûts des soins de santé, le vieillissement de la population et les tensions financières compromettent la croissance du niveau de vie des Canadiens. La pandémie a comprimé ce qui aurait été plus d’une décennie en une crise de deux ans. Aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin d’une économie saine générant une production et des revenus réels en hausse.

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Le gouvernement fédéral ne semble pas inquiet. Sa mise à jour économique et budgétaire de l’automne prévoyait une croissance réelle post-pandémique bien supérieure à 2 % jusqu’en 2026, et le budget fédéral de 2021 présentait une croissance réelle supérieure à 2 % pendant des décennies. Cette prévision optimiste est la clé de l’assurance du gouvernement que ses emprunts deviendront viables et qu’il pourra financer ses engagements – y compris des programmes plus importants qui seront dévoilés dans son budget 2022 – sans taux d’imposition toujours plus élevés ni crise de la dette.

Mais l’économie ne peut pas fonctionner éternellement avec des glucides. Même avec une immigration beaucoup plus élevée, la croissance démographique ralentira : à moins de 1 % par an dans les années 2030 et à 0,8 % par an dans les années 2040. Les taux de croissance prévus par Ottawa exigeraient que la production et les revenus réels augmentent de plus de 1 % par personne chaque année. Pour cela, chaque travailleur a besoin de plus de capital chaque année. C’est la protéine qui soutient la croissance économique.

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Et cette protéine est ce qui manque à l’économie canadienne alimentée par les glucides. Depuis 2015 – avant même que le COVID ne frappe – les investissements des entreprises ont été si faibles que le capital disponible pour chaque travailleur a diminué.

Dans une économie où la production et le niveau de vie augmentent, la tendance normale, voire essentielle, du capital par travailleur est à la hausse. C’est ce qui se passe au Canada : historiquement, nous dotions nos travailleurs d’année en année des outils dont ils avaient besoin pour être productifs et gagner de bons revenus. Comme le montre la figure, le stock de capital réel — bâtiments non résidentiels, infrastructure, équipement et produits de propriété intellectuelle — par membre de la population active du Canada a augmenté de façon constante après la fin de la récession du début des années 2000, augmentant de 45 % au début de 2015. Depuis lors, cependant, la tendance est à la baisse. Le pic au début de 2020 est illusoire – il reflète la diminution temporaire de la population active lorsque le COVID a frappé. Au troisième trimestre de 2021, le stock de capital par travailleur potentiel avait diminué de 9 % par rapport au début de 2015. Du point de vue du travailleur canadien moyen, notre stock de capital s’épuise plus vite que nous ne le remplaçons.

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C’est l’une des raisons pour lesquelles les récents projections de l’OCDE contrastent fortement avec ceux du gouvernement fédéral. Ils nous emmènent au-delà de la ruée vers le sucre dans la période où la vraie nutrition compte. Et ils montrent que la production réelle par personne au Canada augmente de moins de 0,8 % par an à long terme.

Pour faire passer la croissance du scénario de l’OCDE à la vision heureuse du gouvernement fédéral, nous n’avons pas besoin de plus de sucre : nous avons besoin d’os, de nerfs et de muscles. D’autres pays construisent leur force. Les Perspectives économiques de décembre de l’OCDE ont montré que l’investissement brut réel en 2021 et 2022 dépasse de loin la croissance de la population active dans l’ensemble des pays membres. Pour 2021, l’investissement par travailleur disponible dans les pays de l’OCDE non nord-américains est un tiers plus élevé qu’au Canada, tandis que l’investissement par travailleur disponible aux États-Unis est plus de deux fois plus élevé. Les projections de l’OCDE pour 2022 montrent que l’écart se creuse encore davantage. Si les pays de l’OCDE non nord-américains ajoutent un tiers de capital par travailleur de plus que nous et que les États-Unis en ajoutent deux fois plus, il est impossible que la production ou les revenus de nos travailleurs puissent suivre.

Si nous voulons donner à l’expansion du Canada une base plus solide et éviter un effondrement à mesure que l’hyperglycémie se dissipe, nous devons agir davantage comme nos concurrents. Nous avons besoin de moins d’emprunts et de consommation, et de plus d’épargne et d’investissement. Les travailleurs canadiens ont besoin de meilleurs outils pour produire, être compétitifs et gagner de l’argent. L’épargne et l’investissement fourniront la force dont notre économie a besoin pour soutenir les programmes publics et le niveau de vie privé dans les années à venir.

William Robson est PDG de l’Institut CD Howe, où Miles Wu est assistant de recherche.

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