mardi, novembre 26, 2024

Bertrand Mandico parle d' »After Blue » et de son prochain « She Is Conan » Le plus populaire doit être lu Inscrivez-vous aux newsletters Variety Plus de nos marques

Le cinéaste français Bertrand Mandico est devenu culte pour ses visions surréalistes sensorielles sexospécifiques, avec plus de 20 courts métrages et deux longs métrages achevés à ce jour.

Son premier long métrage, « The Wild Boys », sur cinq adolescents riches envoyés sur une île tropicale, tous joués par des actrices, a été créé à Venise. Il remporte le prix Louis-Delluc 2018 du meilleur premier film et arrive en tête du Top 10 des films 2018 des Cahiers du Cinéma.

Son deuxième long métrage « After Blue (Dirty Paradise) » est un western de science-fiction, encore une fois principalement avec un casting féminin, dont l’actrice fétiche de Mandico, Elina Löwensohn. Il a eu sa première mondiale à Locarno en 2021, où il a remporté le prix Fipresci, suivi de sa première nord-américaine dans la barre latérale Midnight Madness de Toronto, et de sa première américaine au Fantastic Fest, où il a remporté le prix du meilleur film. Il a remporté le prix spécial du jury à Sitges.

Le réalisateur termine actuellement la post-production de son troisième long métrage, « She Is Conan », basé sur le personnage de Robert E. Howard, créé en 1932, avec des actrices jouant le rôle principal.

Les trois longs métrages ont été produits par Ecce Films. Mandico considère qu’ils forment une trilogie, liée à la « Divine Comédie » de Dante, dans laquelle les trois films, dans l’ordre chronologique, correspondent au Paradis, au Purgatoire et à l’Enfer.

Kinology reprend les ventes de « After Blue » et « She Is Conan ». Le premier sortira en France le 16 février. Les droits nord-américains ont été achetés par Altered Innocence, dont le propriétaire, Frank Jaffe, l’a appelé « un ‘El Topo’ lesbien dans l’espace! »

Variété parlé à Mandico.

Quelles sont vos principales références et inspirations cinématographiques ?
J’aime naviguer entre différentes lignées cinématographiques, surtout le surréalisme, le fantastique et les visions oniriques, y compris des poètes du cinéma tels que Cocteau, Buñuel, Pasolini, Terayama ou Fassbinder. Je m’intéresse au cinéma expérimental, au cinéma de genre et au cinéma surréaliste, mais toujours ancré dans la création de plaisir pour le spectateur. Le lien avec le mélodrame et l’émotion est très important pour moi. Cela me distingue de beaucoup de cinéma de genre, qui a souvent une vision cruelle ou ironique. Je suis plutôt un grand parolier romantique !

Vous avez décrit « After Blue » comme un mélange entre Jean Cocteau et Sergio Leone.
Exactement! Ce sont tous les deux de grands formalistes. J’adore le mélange de poésie cinématographique et de narration de Cocteau dans « La Belle et la Bête ». Leone est attaché au cinéma narratif mais aussi très expérimental, par exemple dans « Once Upon a Time in the West ». Il va vers l’abstraction, mais sans jamais perdre de force émotionnelle. Le genre western est souvent surréaliste. Une autre source d’inspiration pour « After Blue » était « Fantastic Planet », écrit par Roland Topor et réalisé par René Lalou. J’ai adoré la combinaison des décors, de l’animation et de la science-fiction.

Comment vos études d’animation aux Gobelins ont-elles influencé votre travail ?
J’ai commencé par le cinéma d’animation et le collage, il y a près de trois décennies, car c’était la meilleure façon pour moi de commencer à faire des films. L’animation d’Europe de l’Est, en particulier Jan Svankmajer, a eu une grande influence. Toutes ses expériences étonnantes, utilisation de marionnettes et récupération d’objets préexistants. J’ai aussi été inspiré par le réalisateur polonais Walerian Borowczyk. Ma passion depuis le tout début était de travailler avec des actrices. La vérité, c’est que j’ai toujours rêvé de devenir actrice !

Quelle a été l’inspiration pour le personnage clé de « After Blue », Katerina Buschowski, qui se fait appeler Kate Bush ?
À la fin de « The Wild Boys », il y a la citation : « L’avenir, c’est la femme. L’avenir est un sorcier. Ce personnage est une puissante force terrestre qui émerge du sol. C’est une figure magique ambiguë : comme le sphinx, elle parle par énigmes. Le nom de la chanteuse pop anglaise est une sorte de résurgence de certaines choses du passé, comme la Statue de la Liberté dans « Planet of the Apes ». La référence crée un télescopage référentiel inquiétant et inattendu. Le personnage est aux antipodes du chanteur. Mais j’ai choisi ce nom par admiration pour l’œuvre de la chanteuse Kate Bush – qui allie fiction, romance et une certaine idée de l’ésotérisme.

Quelles opportunités créatives découlent du casting d’actrices dans des rôles masculins ?
Au début, j’écris tous mes personnages en tant que personnages masculins, puis j’en transforme certains en personnages féminins ou je choisis des femmes pour jouer des personnages masculins. Les actrices apportent un pouvoir particulier à ces rôles. Ils disent souvent qu’on leur propose moins de rôles intéressants et qu’ils ont tendance à avoir des carrières plus courtes. J’aime voir ce que font les actrices avec des rôles souvent réservés aux hommes. Ils peuvent s’exprimer différemment. C’est presque une approche asexuée – où le corps est investi d’une manière différente. Je crée un dialogue avec eux. Je suis le premier observateur.

Vos films ont une forte énergie corporelle et de l’érotisme
Mes films impliquent la chorégraphie, la danse et la performance. Ma direction est très corporelle. Je me mets dans les positions que je veux que les acteurs assument sur le plateau. Ce qui m’intéresse, c’est le « corps dans le décor », le corps dans le décor physique. Cela ouvre tout de suite à l’érotique, mais c’est presque par accident. Je ne rejette pas l’érotisme. Il est très facile de créer des images pornographiques, qui sont souvent une négation de l’érotisme. Ce que je trouve intéressant dans l’érotisme, c’est le collage, la collision d’éléments qui n’ont rien à voir les uns avec les autres. Mais ensemble, ils gagnent en érotisme. Par exemple, montrer une partie du corps en collision avec un objet extérieur. Cela peut être très dérangeant.

De quoi parle votre prochain film « She Is Conan » ?
Cela a commencé par une pièce de théâtre, que Philippe Quesne m’a invité à monter au Théâtre Nanterre-Amandiers. J’ai d’abord été rebuté par l’univers de Conan, mais j’ai trouvé quelque chose qui fonctionnait pour moi, qui coïncidait avec mes recherches sur les personnages démoniaques.

Nous n’avons pas pu ouvrir la pièce à cause des restrictions COVID et nous avons donc filmé la performance, et elle a ensuite évolué en un long métrage – avec un nouveau tournage – et un projet de réalité virtuelle. Je me suis aussi inspiré de « Lola Montes » de Max Ophuls à propos du personnage qui raconte son histoire, d’un cirque qui est devenu sa damnation. Et aussi le mort qui raconte sa vie au début de « Sunset Boulevard ». Mon film est tout le contraire de « Conan » de John Milius. Ce n’est pas une histoire violente ou dure. Il explore les différentes étapes de la vie de Conan – de l’ère sumérienne au futur proche. C’est plus onirique, encore un peu comme Cocteau ou « Mishima » de Paul Schraeder. Chaque étape de la vie du personnage est montrée avec une esthétique et un rythme différents, mais il y a une unité et une évolution sous-jacentes du personnage.

Qu’attendez-vous de la sortie commerciale d’« After Blue » ?
Je considère chaque film comme un prototype et j’essaie de faire quelque chose de différent. Certains critiques recherchaient quelque chose de très similaire à « The Wild Boys », mais ce n’est pas le cas. Il a une sensation et un rythme très différents. Il a beaucoup de longues prises et est plus mélancolique et lyrique. J’explore la couleur plus intensément. En revanche, « Conan » sera entièrement en noir et blanc. On verra comment les spectateurs réagissent !

Source-111

- Advertisement -

Latest