Une histoire captivante de la Seconde Guerre mondiale, « Operation Mincemeat » explore comment la Grande-Bretagne a dupé l’Allemagne avec un cadavre et de faux documents d’invasion. La comédie musicale de SpitLip, mêlant humour et critique, met en scène une troupe talentueuse qui joue plusieurs rôles dans un récit frénétique. Avec des moments touchants et des réflexions éthiques, le spectacle célèbre une mission audacieuse tout en révélant la dignité humaine au milieu du chaos comique.
Une intrigue fascinante de la Seconde Guerre mondiale
Plongez dans une histoire incroyable, pleine de rebondissements et pourtant totalement vraie, sur la manière dont la Grande-Bretagne a réussi à berner l’Allemagne en lui faisant croire à des plans d’invasion fictifs. Cet épisode mémorable de la Seconde Guerre mondiale a inspiré de nombreux ouvrages de non-fiction ainsi que des adaptations cinématographiques captivantes.
Cependant, ce récit d’espionnage décalé de 1943, qui met en scène un cadavre, de faux documents et une bonne dose de chance, se prête également à une interprétation comique. C’est précisément l’angle adopté par le collectif humoristique britannique SpitLip avec leur œuvre « Operation Mincemeat », une comédie musicale primée à Londres.
Pensez-y comme à une version énergisée de Monty Python, tout en y ajoutant l’esprit des studios Ealing et une pointe d’irrévérence inspirée de « Beyond the Fringe ». Cela peut sembler très britannique, mais si vous cherchez à rire aux éclats — et éventuellement verser une larme ou deux — alors cette production est faite pour vous.
Un spectacle audacieux et divertissant
SpitLip, composé de David Cumming, Felix Hagan, Natasha Hodgson et Zoë Roberts, a élaboré ce spectacle sur les scènes alternatives de Londres avant de le perfectionner sur une période de six ans, culminant finalement au West End. L’équipe originale — Cumming, Hodgson, Roberts, Jak Malone et Claire-Marie Hall — fait désormais ses débuts à Broadway avec un spectacle qui brille par son audace, sa chance et son charme, offrant une mission à la fois outrageante et improbable.
Dirigé avec brio par Robert Hastie, le groupe de cinq acteurs exploite cette prémisse farfelue — et quelque peu inquiétante — pour en tirer chaque nuance humoristique imaginable. Ils accompagnent le tout d’une bande-son entraînante et variée, intégrant des éléments tels que du rap explicatif, des chants de marins, des ballades émouvantes, et même un numéro de danse électronique avec des nazis K-Pop, le tout à la manière de Mel Brooks.
L’intrigue loufoque débute avec une équipe de frères (et sœurs) en quête d’un cadavre non réclamé, qu’ils transforment en officier des Royal Marines, en créant une identité fictive pour justifier leur supercherie. Le défi suivant consiste à jeter le cadavre à la mer, dans l’espoir que le corps — ainsi que la mallette contenant de faux documents d’invasion — se retrouve entre les mains d’espions allemands, puis parvienne à Hitler, afin de le détourner de l’emplacement du véritable débarquement allié. Tout cela semble simple, n’est-ce pas ?
Cependant, les complications s’accumulent, le temps presse et le sort du monde libre est en jeu, ce qui ajoute une dimension d’excitation à cette aventure frénétique.
Des réflexions sur l’éthique émergent également, notamment à propos de l’appropriation du cadavre. « Est-ce que tout cela est légal ? » s’interroge le protagoniste, dont l’idée aussi folle que son nom de code suscite des doutes. « Bonne question, » répond son supérieur. « Mais peu importe, n’est-ce pas ? »
Au début, « Operation Mincemeat » peut rappeler l’adaptation théâtrale de Patrick Barlow de « The 39 Steps », un autre spectacle slapstick mettant en scène un petit groupe d’acteurs jouant plusieurs rôles à une vitesse hallucinante. Mais les créateurs de « Mincemeat » parviennent à offrir une expérience véritablement unique. Bien que les personnages principaux soient représentés pour le rire, chacun d’eux, au milieu du chaos comique, révèle également de la dignité, de l’émotion et de l’humanité.
Le spectacle réussit à jongler entre patriotisme et critique, célébrant le courage de la mission tout en se moquant de ses failles. Les acteurs incarnent une variété de personnages avec une aisance remarquable, sans tomber dans le piège du stéréotype, tout en apportant un commentaire contemporain sur les problématiques de l’époque.
Chaque interprète s’illustre à travers un éventail de personnages, mais chacun d’eux se voit attribuer un rôle central qui ancre le récit. Pour concevoir un plan aussi fou, il faut être un peu excentrique, et dans le rôle de Charles Cholmondeley, Cumming livre une performance hilarante et captivante.
Le personnage d’Ewen Montagu, un officier flamboyant et suffisant, est interprété avec une assurance fascinante par Hodgson, tandis que le directeur du renseignement John Bevan, joué par Roberts, exprime des doutes sur cette entreprise délirante entourée de non-sens.
Deux secrétaires, Hester Leggatt (Malone) et Jean Leslie (Hall), apportent une touche de mélancolie au récit à travers une chanson touchante sur ceux qui rêvent mais ne reçoivent jamais reconnaissance ou remerciement pour leurs efforts. Le moment le plus poignant du spectacle revient à Malone, qui compose une lettre d’amour déchirante, qui n’est pas vraiment une lettre d’amour, mais qui en a tout l’air.
Parmi une multitude d’autres personnages, on retrouve un commandant de sous-marin, un coroner excentrique, un espion nerveux, un pilote américain, et même Ian Fleming, le futur romancier espion, qui a également participé à cette mission de renseignement.
Le second acte, riche en intrigues, peut sembler un peu chargé avec ses sous-intrigues et ses nombreux retournements de situation. Néanmoins, tout s’assemble harmonieusement pour une finale éclatante, intitulée de manière appropriée « Une Finale Éblouissante ».
Pour conclure, l’homme désormais connu — Glyndwr Michael, le nom du cadavre utilisé dans ce plan audacieux — est honoré dans un moment émouvant au cœur de cette comédie effrénée et de cette célébration théâtrale.