mercredi, mars 19, 2025

L’impact de Trump sur l’économie suisse : la Confédération anticipe une croissance sans récession.

L’avenir économique fait face à des incertitudes croissantes avec le retour de Donald Trump à la présidence, notamment en raison de sa politique commerciale. Les entreprises américaines montrent plus d’inquiétude qu’auparavant, tandis que la Suisse pourrait éviter une récession malgré des prévisions de croissance modestes. Un scénario pessimiste d’une guerre commerciale pourrait nuire aux États-Unis, mais la résilience de l’économie suisse est soutenue par le secteur pharmaceutique. Cependant, le bien-être matériel des citoyens pourrait stagner.

Analyser l’avenir économique est devenu un véritable défi. Avec le retour de Donald Trump à la présidence, une vague d’incertitude a envahi le paysage économique mondial. Sa politique commerciale, marquée par des tensions avec des partenaires clés, soulève des questions quant à la direction qu’il pourrait prendre. De plus, sa posture sur la scène internationale pourrait compromettre les relations avec d’anciens alliés.

Préoccupations des entreprises et des consommateurs

Cette situation génère inévitablement des inquiétudes au sein des marchés. Aux États-Unis, l’indice d’incertitude lié à la politique commerciale indique une inquiétude bien plus prononcée parmi les entreprises par rapport à la période de son premier mandat entre 2016 et 2020. Même en Suisse, les sondages révèlent que les consommateurs hésitent à réaliser des investissements importants en raison des fluctuations politiques.

Alors, jusqu’où la politique de Trump influencera-t-elle l’économie ? Face à cette incertitude, le Secrétariat d’État à l’économie (Seco) a dû élaborer divers scénarios dans sa dernière prévision économique.

Évaluation par scénarios

Les économistes de la Confédération estiment qu’un scénario de base, sans guerre commerciale majeure, est le plus probable. Les impacts des projets de dettes en discussion en Allemagne et dans l’UE ne sont pas pris en compte dans cette analyse.

Dans ce scénario de base, aucune récession n’est anticipée en Suisse, selon Eric Scheidegger, responsable de la politique économique au Seco. Cependant, la reprise économique pourrait être retardée jusqu’en 2026, avec une croissance du produit intérieur brut (PIB) prévue à 1,4 % cette année et 1,6 % l’an prochain, ce qui reste en dessous des niveaux de croissance habituels, après déjà deux années de performances faibles en 2023 et 2024.

Scénario pessimiste : l’impact d’une guerre commerciale

Un scénario négatif est également envisageable : Trump pourrait décider d’imposer des droits de douane élevés sur l’UE, la Chine, et d’autres partenaires commerciaux, entraînant des mesures de rétorsion. Ce contexte pourrait engendrer une réduction des échanges mondiaux et des investissements, diminuant ainsi la demande pour les exportations suisses. Si des droits de douane étaient également appliqués sur les produits suisses, cela pourrait intensifier les difficultés dans les secteurs d’exportation.

Dans ce scénario, l’économie suisse subirait un coup dur, avec une croissance du PIB projetée à seulement 1,1 % en 2025 et 0,8 % en 2026. Le ralentissement économique serait particulièrement marqué l’an prochain, alors que les effets des droits de douane ne commenceraient à se faire sentir qu’à partir de l’été. Par conséquent, le taux de chômage en Suisse pourrait légèrement augmenter, atteignant environ 3 % en 2026.

Les États-Unis, un des plus grands perdants

Fait intéressant, la Suisse pourrait s’en sortir relativement indemne. Une guerre commerciale nuirait principalement aux États-Unis. De nombreux experts s’accordent à dire que les entreprises et les consommateurs américains seraient les principaux perdants de la politique tarifaire de Trump. Le Seco anticipe même une possible récession aux États-Unis d’ici 2026.

En revanche, la Suisse se montrerait résiliente pour deux raisons principales. Premièrement, le secteur pharmaceutique, représentant environ 40 % des exportations suisses, devrait soutenir l’économie, car la demande pour ses produits est peu sensible aux prix. Deuxièmement, une économie intérieure robuste est attendue, soutenue par une faible inflation qui préserve le pouvoir d’achat, ainsi que par l’immigration.

Un scénario positif n’est pas à exclure : si l’Allemagne et l’UE mettent en place des programmes d’endettement pour stimuler les dépenses en défense et en infrastructures, cela pourrait dynamiser l’économie dans les années à venir, augmentant la demande pour les machines suisses et d’autres produits industriels. Dans ce cas, l’économie suisse pourrait croître de 1,4 % cette année et de 2 % l’année suivante.

Risques de stagnation du bien-être

Le constat principal des économistes fédéraux est que la Suisse pourrait probablement éviter une récession même dans les scénarios les plus pessimistes. Cependant, cela ne s’applique qu’au produit intérieur brut dans son ensemble, sans tenir compte du bien-être matériel de chaque citoyen.

Ce qui importe vraiment pour la qualité de vie en Suisse, c’est le PIB par habitant. Celui-ci a légèrement diminué en 2023 et 2024, car le PIB n’a pas progressé aussi rapidement que la population.

Si un scénario négatif de guerre commerciale mondiale se réalise, cette tendance pourrait persister : l’économie suisse ne croîtrait guère plus vite que sa population. Les Suisses pourraient alors s’attendre à deux années supplémentaires de stagnation en matière de bien-être.

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