Doechii, rappeuse américaine de 26 ans, connaît une ascension fulgurante depuis ses débuts sur YouTube. Après avoir perdu son emploi en 2020, elle se consacre entièrement à sa carrière artistique, inspirée par le livre de Julia Cameron. Son EP et le titre viral ‘Yucky Blucky Fruitcake’ lui ouvrent les portes de l’industrie musicale. Aujourd’hui, elle remporte un Grammy et est reconnue par Billboard comme femme de l’année, tout en explorant des thèmes de vulnérabilité et de thérapie dans sa musique.
Que ce soit à travers les Grammys, la Fashion Week parisienne, l’écoute de Hip-Hop ou simplement en parcourant Instagram, la rappeuse américaine Doechii, âgée de 26 ans, est devenue une figure incontournable du moment.
L’ascension de cette artiste, née en 1998 en Floride, est aisément retracable grâce à Internet. Doechii a fait ses débuts sur YouTube en 2014 en partageant ses propres vlogs, construisant ainsi au fil des années une communauté de fans fidèles. En 2020, elle a révélé dans une vidéo qu’elle avait perdu son emploi et qu’elle souhaitait désormais se consacrer entièrement à ses rêves artistiques. ‘Je n’ai littéralement rien à perdre. Je n’ai pas d’appartement, pas de travail, pas d’enfants – alors qui s’en soucie ?’, a-t-elle affirmé en grignotant des chips, visiblement frustrée devant la caméra.
Un mentor créatif qui a changé la donne
Doechii a aussi trouvé une source d’inspiration dans le célèbre guide créatif de Julia Cameron, ‘Le chemin de l’artiste’. Pendant plusieurs mois, elle a partagé sur YouTube son voyage d’amatrice passionnée à artiste reconnue, en se basant sur les enseignements de ce livre. Cette série de vidéos, qui dévoile ses doutes, ses échecs et même des moments ‘gênants’, constitue l’une des clés de son succès : l’authenticité.
Dans la même année où elle a été licenciée, elle a lancé son premier EP intitulé ‘Oh The Places You’ll Go’. Peu après, son titre ‘Yucky Blucky Fruitcake’ est devenu viral, attirant l’attention de Top Dawg Entertainment, le label qui a propulsé Kendrick Lamar. Un an plus tard, elle était sur scène au festival Coachella, marquant un tournant dans sa carrière.
Des triomphes aux Grammys
Cinq ans après son licenciement, Doechii récolte aujourd’hui les fruits de son travail acharné. Son concert jazz pour Tiny Desk de NPR, où elle était entourée de neuf musiciennes, a été salué comme ‘triomphal’ par ‘Rolling Stone’ et a rapidement refait le tour des réseaux. Récemment, son mixtape ‘Alligator Bites Never Heal’ lui a valu le Grammy du meilleur album de rap, faisant d’elle la troisième femme à recevoir cette distinction. Cette semaine, le magazine ‘Billboard’ l’a couronnée femme de l’année 2025. Son ancien collègue Kendrick Lamar a même déclaré sur Instagram que Doechii est ‘la plus incroyable là dehors’.
Dans une interview avec ‘Rolling Stone’, elle a partagé que sa créativité s’épanouit quand elle est méconnue du public. Ironiquement, elle est désormais sous le feu des projecteurs avec un titre qui aborde cette peur d’être observée. Le morceau ‘Anxiety’, enregistré en 2019 et samplant ‘Somebody That I Used to Know’ de Gotye, accompagne toutes les vidéos sur TikTok et Instagram.
Un rythme entre thérapie et créativité
La musique de Doechii se caractérise par un mélange audacieux de rap dynamique, d’R&B expérimental à la Missy Elliott et d’un spoken-word intense, comme une conversation avec sa thérapeute. Ce dernier aspect transparaît particulièrement dans son single ‘Denial Is a River’, où Doechii exprime ses luttes personnelles à travers un dialogue avec son alter ego thérapeute. Ce morceau énergique se termine par des exercices de respiration, inspirés d’une technique de beatbox.
Écrite comme une introspection, cette chanson a exigé beaucoup de Doechii. Dans une interview avec ‘Rolling Stone’, elle a avoué avoir eu des appréhensions, car elle se sentait ‘brut et honnête’ : ‘C’était une chanson où je pensais : c’est trop, je ne peux pas le faire.’ Néanmoins, elle savait qu’il était essentiel de la partager. Sa musique ne suit aucune formule de succès conventionnelle, a-t-elle expliqué – c’est une forme de thérapie : ‘Je suis ici pour ressentir quelque chose.’