jeudi, mars 6, 2025

Bayer : Défis et enjeux dans le secteur pharmaceutique et agricole

Le directeur général de Bayer, Bill Anderson, tente de maintenir un ton optimiste malgré des pertes financières et une crise majeure liée au glyphosate. Les risques de poursuites aux États-Unis, notamment avec le nouveau ministre de la Santé, Robert F. Kennedy, qui s’oppose aux pesticides, demeurent élevés. Bayer a déjà engagé d’importantes sommes en règlements et se concentre sur la Cour suprême pour des décisions favorables, tout en dialoguant avec des agriculteurs pour défendre l’utilisation du glyphosate.

Malgré des pertes financières colossales, le directeur général de Bayer s’efforce de semer l’optimisme, tandis que l’entreprise traverse une crise majeure. Les risques de poursuites judiciaires liés au glyphosate aux États-Unis restent incalculables.

Lors d’une conférence de presse sur les résultats de Bayer AG, Bill Anderson a été interrogé sur ses craintes concernant Robert F. Kennedy, le nouveau ministre de la Santé américain. Sa réponse brève a été : ‘Nous sommes ravis de collaborer avec le nouveau ministre.’

Cependant, cette satisfaction semble bien peu sincère. Kennedy est perçu comme un véritable cauchemar pour l’entreprise de Leverkusen. En tant qu’adversaire acharné des pesticides, son slogan ‘Rendre l’Amérique à nouveau saine’ a résonné auprès du public, et il a été impliqué dans des procès où des patients atteints de cancer ont attribué leurs maladies à l’utilisation de l’herbicide glyphosate Roundup.

Bayer a déjà dû payer des sommes considérablement réduites concernant les litiges liés à l’herbicide glyphosate.

Monsanto : Une acquisition problématique

Le géant américain Monsanto, avec son glyphosate, était initialement considéré comme un ajout idéal. Pour assurer le succès de cette acquisition, l’ancien PDG de Bayer, Werner Baumann, avait même rencontré Donald Trump à New York avant le début de son mandat en 2017.

Les défenseurs des droits de l’homme reprochent à l’entreprise de ne pas assumer sa part de responsabilité concernant l’utilisation du glyphosate.

Les enjeux du lobbying américain

Huit ans plus tard, le successeur de Baumann, Anderson, n’a pas encore réussi à rencontrer l’ancien et actuel président. À Leverkusen, on murmure qu’Anderson passe plus de temps à Washington qu’au siège de l’entreprise, mais même lui ne peut pas revendiquer de succès visibles. Bayer reste dans l’incertitude concernant l’évolution des poursuites aux États-Unis, avec 181 000 plaintes enregistrées, dont 67 000 sont encore en cours.

L’entreprise a déjà déboursé plus de dix milliards d’euros en dommages-intérêts et règlements, et a réservé 5,7 milliards d’euros pour d’éventuelles nouvelles défaites judiciaires. Toutefois, personne ne peut prédire si cela sera suffisant, et comment le nouveau gouvernement américain, avec son ministre de la Santé Kennedy, influencera les procès.

Des recherches menées par NDR, WDR et SZ révèlent que plus de 100 organisations industrielles s’opposent à une interdiction du glyphosate.

Soutien financier aux plaignants

Les espoirs de Bayer reposent principalement sur la Cour suprême. Plusieurs tribunaux de première instance ont rendu des décisions disparates : parfois Bayer a triomphé, tandis que d’autres fois, des millions ont été octroyés aux plaignants. Il serait idéal que les juges de la Cour suprême de Washington établissent une jurisprudence uniforme. Cependant, malgré les demandes de Bayer, les juges n’ont pas encore examiné le dossier.

Du côté des plaignants, l’activité est intense. Plus de 320 publicités ont été diffusées à la télévision américaine, où des avocats recherchent des clients prêts à se lancer dans des poursuites. Un fonds d’investissement d’Abou Dhabi soutient des cabinets d’avocats représentant des victimes présumées des effets du glyphosate, en échange de commissions élevées en cas de succès.

Depuis des années, le glyphosate de Bayer est critiqué pour ses effets néfastes sur la santé.

Relations avec le secteur agricole

Bayer adopte une autre approche pour influencer la législation aux États-Unis. Le glyphosate est perçu par de nombreux agriculteurs comme un pesticide efficace, qu’ils souhaitent continuer à utiliser pour combattre les mauvaises herbes. Anderson affirme dialoguer avec plus de 360 associations agricoles. De plus, des discussions sont en cours avec des politiciens régionaux afin qu’ils puissent influencer la législation à leur tour.

L’avis alarmant de l’IARC, l’agence de recherche sur le cancer de l’OMS, continue d’être cité, affirmant que le glyphosate est ‘probablement cancérogène’. Bien que les principales autorités en Allemagne, en Europe et aux États-Unis n’aient pas corroboré cette évaluation, l’IARC ne prévoit une nouvelle analyse qu’en 2029, ce qui pourrait être trop tard pour Bayer.

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