Des discussions cruciales entre la Russie et les États-Unis se tiennent en Arabie Saoudite, alors que la pression augmente sur les Européens concernant l’Ukraine. Une réunion urgente à Paris a rassemblé des dirigeants européens, visant à affirmer leur unité et à offrir des garanties de sécurité. Cependant, des tensions persistent, notamment sur la participation européenne aux négociations et le financement de la défense. Les États-Unis semblent privilégier une approche unilatérale, laissant les Européens inquiets quant à leur rôle futur.
Les discussions entre la Russie et les États-Unis se tiennent en Arabie Saoudite, tandis que la pression monte pour les Européens concernant la situation en Ukraine. Un signal fort est attendu de toute urgence.
Les membres européens de l’OTAN doivent intensifier leurs efforts s’ils souhaitent éviter de se retrouver à la traîne. À peine une semaine s’est écoulée depuis que Donald Trump a échangé des idées avec Vladimir Poutine, après quoi il a annoncé que des pourparlers de paix pour l’Ukraine devraient débuter très prochainement, sans avoir consulté ses alliés au préalable.
Dès aujourd’hui, quelques jours après ces déclarations, les premières discussions ont commencé en Arabie Saoudite. Les ministres des Affaires étrangères des États-Unis et de la Russie se réunissent à Riyad pour poser les bases d’une rencontre directe entre Trump et Poutine. Pour l’instant, les États-Unis ont surtout prévu de garantir ultérieurement la paix pour les Européens.
Pour l’hôte de ces négociations, jouer le rôle de médiateur comporte à la fois des opportunités et des risques.
Réunion urgente à Paris
Historiquement, les Européens n’ont pas été connus pour leur rapidité dans la prise de décisions. Cependant, le président français Emmanuel Macron a réussi à organiser une rencontre à Paris dans l’urgence. Cette réunion visait à envoyer un message clair vers l’Arabie Saoudite avant que les discussions n’y prennent forme.
Des dirigeants de plusieurs grandes nations membres de l’UE, ainsi que la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, le président du Conseil António Costa et le secrétaire général de l’OTAN Mark Rutte, étaient présents. Après cette réunion, des déclarations ont été faites pour démontrer une unité, accompagnées d’une photo symbolique autour de la table à Paris.
D’après des sources proches de ces discussions, il a été déclaré que : ‘Nous sommes prêts à offrir des garanties de sécurité, dont les modalités doivent être discutées avec tous les participants et en fonction du niveau de soutien américain.’ Cela pourrait être perçu comme une volonté d’avancer, tout en refusant la demande de Trump de prendre la responsabilité principale de la paix.
Les États-Unis ne semblent pas envisager une place pour les Européens dans les négociations concernant l’Ukraine, sauf pour l’Ukraine elle-même.
Un symbole ou une réelle avancée ?
Claudia Major de la Fondation Wissenschaft und Politik a qualifié la rencontre à Paris de ‘symbole important’ dans une interview avec les tagesthemen, tout en restant prudente dans son analyse. Ce n’est que dans les jours à venir que l’on saura s’il sera possible de former un ensemble cohérent : renforcer l’Ukraine, élaborer des plans pour un cessez-le-feu et, finalement, améliorer la défense de l’Europe.
Un tel ensemble pourrait constituer un message fort, selon Major : ‘Cela augmenterait les chances que les négociations ne se déroulent pas sans eux, mais qu’ils puissent réellement participer.’ Il est crucial, selon elle, que l’UE priorise sa politique de sécurité.
Un message à Trump encore manquant
Le temps presse, mais le signal fort attendu par Donald Trump n’est pas encore parvenu. Deux exemples illustrent bien cette situation.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a qualifié le débat actuel de ‘inapproprié au mauvais moment et sur le mauvais sujet’, refusant de participer à des scénarios où ‘des soldats européens seraient déployés sans l’implication totale des États-Unis’. À Paris, seuls quelques membres de l’UE étaient présents à la discussion, ce qui a déjà suscité des plaintes, notamment du Premier ministre slovaque Robert Fico. La Hongrie, connue pour sa critique, était également absente.
La question demeure : les soldats allemands devraient-ils garantir une paix potentielle en Ukraine ?
Comment financer la défense ?
Le deuxième point d’illustration concerne le financement. Investir davantage dans la défense nécessitera des milliards d’euros. Comment les États de l’UE peuvent-ils gérer cette dépense alors qu’ils sont déjà à la limite de leurs capacités financières ? Plusieurs pistes sont à l’étude. Il pourrait être possible d’utiliser des instruments existants dans le cadre du pacte de stabilité et de croissance. Le chancelier Scholz évoque la possibilité d’accorder plus de flexibilité aux États membres s’ils souhaitent investir plus de deux pour cent de leur PIB dans leur défense.
Des pays tels que l’Italie, l’Espagne ou la Belgique n’atteignent pas encore ce seuil. Lors de la réunion de l’Eurogroup à Bruxelles, une certaine réserve était palpable concernant les déclarations publiques. Une autre option, souvent évoquée, serait l’idée de nouvelles dettes communes, mais cela a toujours été rejeté, notamment par l’Allemagne.
Les discussions sur les dépenses militaires se poursuivent lors de la réunion de l’OTAN à Bruxelles, avec des positions divergentes.
Trop de lenteur face à l’urgence
La rencontre à Paris représente donc une étape intermédiaire. Il est traditionnel que l’UE cherche des compromis dans ses décisions, mais ce processus est souvent très, très lent, ce qui ne peut être toléré dans le contexte actuel. Lors de la conférence de sécurité de Munich, il a été mentionné que l’UE devait agir rapidement, stratégiquement et avec assurance. Donald Trump joue aux ‘échecs en temps réel’.
Le temps manque pour des contre-stratégies trop élaborées. Les observateurs proches du président américain soulignent que les Européens doivent également réfléchir à la manière de transmettre leurs messages à Trump, et qui sera capable d’atteindre son ‘cœur et son esprit’. Dans ce cadre, les noms de Giorgia Meloni d’Italie et de Rutte sont souvent évoqués.
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‘Une décision ukrainienne’
Et si Trump ne montre aucun intérêt à répondre aux Européens et persiste dans son approche unilatérale ? L’envoyé spécial américain Keith Kellogg a été présent au siège de l’OTAN à Bruxelles lundi soir. Après ses discussions, il a affirmé que les États-Unis n’imposeraient pas de solution de négociation aux Ukrainiens.
L’agence de presse AFP le cite en déclarant : ‘La décision des Ukrainiens est une décision ukrainienne.’