mercredi, février 12, 2025

L’UE prévoit d’investir des centaines de milliards dans l’IA : l’industrie saura-t-elle en tirer parti ?

Emmanuel Macron a exprimé une confiance renouvelée dans l’avenir de l’Europe en intelligence artificielle, annonçant des investissements de 109 milliards d’euros pour renforcer le secteur en France. L’Union européenne a également prévu de mobiliser 200 milliards d’euros pour soutenir l’initiative « Invest AI ». Alors que Mistral, une startup française, est sous pression pour rivaliser sur le marché, des entreprises comme Deepseek démontrent qu’il est possible de développer des modèles compétitifs avec des budgets moindres.

Emmanuel Macron, fidèle à son habitude, affiche une confiance inébranlable. « Nous sommes de retour dans la course », s’exclame le président français lundi soir, s’adressant à la foule réunie au Grand Palais. Par « nous », Macron fait référence à l’Europe, et en particulier à la France, dans le contexte de la compétition pour la domination sur le marché de l’intelligence artificielle.

Macron a réussi à lever des fonds impressionnants, atteignant 109 milliards d’euros, destinés à être investis en France dans le secteur de l’intelligence artificielle, notamment pour la création de centres de données. Le lendemain, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a annoncé que l’Union européenne mobilisera également des fonds d’investisseurs à hauteur de 200 milliards d’euros et augmentera son initiative « Invest AI » de 50 milliards d’euros.

Ces investissements représentent la réponse de l’Europe aux projets ambitieux de Donald Trump, qui a récemment promis des investissements de 500 milliards de dollars dans des centres de données aux États-Unis.

Il semblerait que l’Europe soit enfin en train de sortir de sa torpeur hivernale. À Paris, des dirigeants tels qu’Emmanuel Macron et Olaf Scholz ont rencontré des experts de l’IA lors du « AI Action Summit ». Le timing du sommet est particulièrement pertinent, car il y a deux semaines, la société chinoise Deepseek a dévoilé son modèle linguistique, suscitant une onde de choc dans l’industrie. Ce modèle pourrait rivaliser avec ceux d’Open AI, tout en ayant été développé à des coûts nettement inférieurs.

L’Europe et ses espoirs en intelligence artificielle

Jusqu’à présent, l’Europe semblait condamnée à rester à l’arrière-plan dans le domaine de l’IA. Lorsque l’on évoque l’intelligence artificielle en lien avec l’Europe, c’est souvent pour parler de l’AI Act de l’UE, soulignant ainsi une régulation des innovations américaines. De nombreuses entreprises européennes d’IA ont construit leur modèle économique sur des technologies développées aux États-Unis, et il manque encore un modèle de langage européen capable de rivaliser avec les géants comme Open AI ou Google.

Malgré cela, trois entreprises européennes ont jadis lancé les bases de la compétition dans le domaine de l’IA : la société allemande Aleph Alpha, DeepMind de Londres et le français Mistral.

DeepMind, cependant, s’est rapidement éloignée de ses origines européennes après son acquisition par Google en 2014 et sa fusion avec Google Brain en 2023.

Il y a un an, Mistral et Aleph Alpha étaient considérés comme les grands espoirs de l’IA en Europe, promettant une approche « souveraine » et « ouverte », indépendante des géants technologiques américains. Leur manque d’investissements, comparé à la Silicon Valley, ne les inquiétait pas, car ils espéraient surpasser les grands acteurs grâce à des stratégies astucieuses.

Le destin de Mistral en jeu

Aujourd’hui, toutes les attentes reposent sur Mistral, la startup française. Lors du Forum économique mondial 2024, ses fondateurs ont été célébrés comme des pionniers capables de placer l’Europe au sommet de l’industrie technologique. Pour Macron, l’ascension de cette startup représente un rêve d’établir la France comme le centre technologique de l’Europe.

Cependant, ce rêve est encore loin de se réaliser. Selon les estimations, Mistral ne capte que 6 % des dépenses globales consacrées à l’IA générative, tandis qu’Open AI en représente 34 % et Anthropic 24 %.

Mistral se classe actuellement au cinquième rang, derrière Google. Tandis que des entreprises comme Anthropic et Google parviennent à gagner des parts de marché face à Open AI, la part de Mistral a légèrement diminué, ce qui met en évidence son statut encore fragile sur le marché.

Cette situation se reflète également dans sa valorisation, qui avoisine les 6 milliards d’euros, comparativement à Open AI, dont la valorisation a atteint 157 milliards de dollars l’automne dernier, avec des prévisions d’atteindre 300 milliards grâce à un nouveau tour de financement. Mistral n’a pas levé de fonds depuis près de huit mois.

Le manque de capital, en plus des régulations, est souvent cité comme l’une des raisons pour lesquelles l’IA européenne peine à rivaliser avec ses homologues américaines. En 2022, plus de 100 milliards de dollars de capital-risque ont été investis dans des entreprises d’IA, mais seulement 2,5 milliards de dollars sont parvenus en Europe.

Macron et von der Leyen espèrent inverser cette tendance. Leurs annonces laissent entrevoir la possibilité d’un projet d’IA en Europe qui pourrait rivaliser avec l’initiative Stargate de Trump.

De plus, l’émergence de Deepseek démontre qu’il est possible de rivaliser avec succès dans le domaine de l’IA sans dépenser des sommes faramineuses.

Deepseek a réussi à réaliser ce que Mistral avait toujours envisagé, en lançant un modèle performant au même niveau que celui d’Open AI, tout en affirmant avoir dépensé moins de 6 millions de dollars.

Cependant, ce chiffre ne couvre que les coûts énergétiques du dernier modèle lancé. « Les coûts totaux de développement étaient probablement dix à cent fois supérieurs à ces 6 millions »,

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