Des scientifiques ont réussi à extraire de l’ADN ancien des excréments du moa, un oiseau néo-zélandais éteint, révélant les champignons qu’il consommait. Cette étude offre un aperçu des écosystèmes préhumains de Nouvelle-Zélande, où les champignons jouaient un rôle essentiel dans la fertilité des sols. Les recherches mettent en lumière les défis futurs des forêts néo-zélandaises, notamment la résilience des écosystèmes face à l’absence de dispersants naturels comme le moa.
Découverte de l’ADN ancien du moa : un aperçu fascinant de l’écosystème néo-zélandais
Pour la première fois, des scientifiques ont réussi à extraire de l’ADN ancien provenant des excréments du moa, un oiseau emblématique de Nouvelle-Zélande qui ne pouvait pas voler. Cette découverte permet d’identifier les champignons spécifiques que ces oiseaux, aujourd’hui disparus, consommaient. Parmi les trouvailles, des fragments violets d’un champignon ressemblant à une truffe, qui pourraient avoir imité des baies, ont été signalés par le paléoécologue Alex Boast, de Manaaki Whenua–Landcare Research à Lincoln, Nouvelle-Zélande. Selon Boast, la consommation de spores de champignons par ces oiseaux pourrait avoir été une méthode plus efficace pour assurer leur propagation que de les laisser dériver dans l’air. Cela signifie que les spores ingérées étaient transportées vers de nouveaux environnements, où elles étaient excrétées, contribuant ainsi à la fertilité des sols.
Importance des champignons dans les écosystèmes forestiers
Les champignons jouent un rôle essentiel dans la santé des forêts. Comprendre les espèces de champignons consommées par le moa éteint aide les chercheurs à reconstituer le fonctionnement des écosystèmes uniques de Nouvelle-Zélande avant l’arrivée des humains, qui a eu lieu vers les années 1300, marquant un tournant pour cette dernière grande masse terrestre colonisée. La Nouvelle-Zélande, dépourvue de mammifères terrestres autochtones à l’exception des chauves-souris, était habitée par de grands oiseaux tels que le moa, qui avaient un rôle crucial dans l’écosystème en tant que fouilleurs. Les restes de leurs excréments, connus sous le nom de coprolithes, sont encore découverts à travers le pays, principalement dans les grottes de l’île du Sud, considérées comme des « réfrigérateurs naturels » pour ces précieuses découvertes.
L’analyse des coprolithes de moa de montagne (Megalapteryx didinus) a permis aux chercheurs de faire un voyage dans le temps, révélant des échantillons de la flore et de la faune anciennes de la Nouvelle-Zélande. Les travaux antérieurs ont déjà mis en lumière des restes de fougères, de mousses et de champignons. Grâce à des méthodes d’analyse améliorées, les scientifiques ont pu identifier 13 types différents de champignons dans les excréments fossiles, y compris le champignon semblable à une truffe, Gallacea scleroderma.
La recherche souligne également des préoccupations quant à l’avenir des forêts néo-zélandaises. Beaucoup de ces champignons ont un mode de vie ectomycorhizien, jouant un rôle crucial dans l’absorption des nutriments et l’eau par les plantes. Les mycologues suggèrent que, sans le moa pour disséminer ces champignons dans des zones dénudées, la résilience des forêts pourrait ne pas être à la hauteur de ce qu’elle était autrefois. En ces temps de changement écologique, la résilience est plus importante que jamais.