lundi, mars 10, 2025

Négociations entre Netflix, Max et Prime Video avec les guildes françaises pour un accès privilégié aux nouvelles sorties post-accord Disney+

Netflix, Max et Prime Video négocient avec les syndicats du cinéma français pour obtenir un accès anticipé aux films, actuellement soumis à des délais de 15 à 17 mois après leur sortie en salle. Disney+ a déjà réussi à réduire cette période à 9 mois grâce à un nouvel accord, soulevant des inquiétudes chez Canal+, qui voit sa position menacée. Les discussions se poursuivent pour moderniser les règles de distribution et ajuster les investissements dans le contenu local.

Les Négociations en Cours pour un Accès Anticipé aux Films

Netflix, Max et Prime Video sont actuellement engagés dans des discussions avec les syndicats du cinéma français afin d’obtenir un accès anticipé aux films qui sortent en salles. Cette démarche s’inscrit dans un processus visant à moderniser les règles de distribution en France.

Les réglementations strictes en matière de distribution en France s’appliquent non seulement aux plateformes de streaming locales, mais également à celles d’envergure mondiale, ainsi qu’aux chaînes de télévision, qu’elles soient gratuites ou payantes. Ces règles définissent les droits de diffusion pour chaque acteur en fonction de son investissement dans le contenu local. Ce système a permis à la production cinématographique française de prospérer. Par conséquent, les plateformes de streaming, qui ont tendance à investir moins dans les films français, doivent attendre entre 15 et 17 mois après la sortie d’un film avant de pouvoir le proposer sur leur service. En revanche, Canal+, le groupe de télévision payante, bénéficie d’une fenêtre de diffusion de six mois.

Les Stratégies des Plateformes de Streaming

La semaine dernière, Disney+ a pris les devants en signant un accord avec les syndicats du cinéma local, réduisant sa fenêtre de diffusion de 17 à 9 mois. Cette initiative survient après l’engagement de Disney+ d’allouer 25 % de ses recettes annuelles en France pour soutenir la création de contenu local, ce qui équivaut à environ 40 millions d’euros par an, incluant 70 films destinés aux salles de cinéma. Grâce à cet accord, Disney+ aura accès à des films récents six mois avant Netflix et huit mois avant Max, Prime Video et Apple, qui vient également de conclure un accord similaire.

Un acteur de l’industrie a souligné l’importance de cet engagement de Disney+, notant que 12,5 % de l’investissement sera affecté aux films pendant la première année de l’accord. « Disney a compris, après quelques essais, que l’expérience cinématographique est cruciale pour le lancement de films, une conviction que nous avons toujours partagée en France », a-t-il ajouté. Bien que le box-office français ait été dominé l’année dernière par des films locaux tels que « Un petit quelque chose en plus » et « Le Comte de Monte-Cristo », Disney a su s’imposer comme le principal studio avec une série de succès comme « Vice-versa 2 » et « Vaiana 2 ».

De son côté, Netflix, qui est le service de streaming le plus ancien et le plus populaire en France, a réussi à réduire sa fenêtre de diffusion de 36 à 15 mois après avoir promis d’investir 20 % de ses revenus en France dans du contenu local, dont 4 % pour des films sortis en salles. Actuellement, Netflix négocie une réduction de cette fenêtre à 12 mois, une demande qu’elle formule depuis 2021. Toutefois, l’entreprise n’est pas disposée à augmenter son investissement au-delà des 50 millions d’euros par an qu’elle consacre déjà au contenu français.

La plateforme de streaming a notamment été absente du Festival de Cannes, en raison des règles de distribution qui exigent que chaque film en compétition ait une sortie en salles en France. Le groupe de travail qui avait initialement négocié l’accord de 2022 est de retour à la table des négociations et discute également avec Max et Prime Video, qui souhaitent également réduire leur temps d’attente à moins de 17 mois et pourraient envisager d’augmenter leur investissement dans le contenu local.

« Ces discussions sont à leurs débuts, et nous adoptons une approche ouverte et rationnelle », a déclaré un représentant de Max en France. « Max vient à peine d’arriver, nous souhaitons faire les choses correctement, et nous engageons des discussions avec des organisations professionnelles ainsi que l’ARCOM avant d’intégrer probablement les nouvelles obligations réglementaires. » Prime Video n’a pas souhaité commenter cette situation.

L’accord entre Disney+ et les syndicats français a surpris l’industrie, notamment après des négociations difficiles qui ont conduit Disney à renoncer à la sortie en salles de « Monde étrange » pour protester contre des réglementations jugées « lourdes » et « anti-consommateur ». Cependant, Disney a manifesté son désir de trouver un compromis avec les organisations locales, suite aux résultats de son accord de production avec Canal+, qui lui a permis de diffuser ses films sur la chaîne française six mois après leur sortie. Sans cet accord, Disney aurait dû attendre 17 mois pour diffuser ses films.

Canal+ n’est pas satisfait de l’accélération du calendrier de distribution accordée à Disney+, car il ne dispose désormais que de trois mois d’avance sur le streamer américain. Canal+ a traditionnellement dominé le paysage cinématographique français, investissant plus de 220 millions d’euros au cours des trois dernières années. Cependant, la situation pourrait évoluer, car l’accord de Canal+ a expiré en décembre, et les syndicats de l’industrie peinent à atteindre un nouvel accord.

Peu avant l’annonce de l’accord avec Disney+, le PDG de Canal+, Maxime Saada, a exprimé au Sénat français que le groupe ne continuerait pas à investir 220 millions d’euros par an dans le cinéma français si Disney bénéficiait d’une fenêtre de diffusion de neuf mois pour un investissement cinq fois inférieur. Il a même averti que Canal+ pourrait réduire son investissement de moitié si ses conditions d’accès aux nouveaux films n’étaient pas améliorées. Jeudi, Saada a publié un éditorial dans le journal Le Monde, soulignant que, bien que le cinéma français soit en pleine croissance, il traverse l’une des périodes les plus sombres de son histoire.

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