Lors d’une vente aux enchères au musée Mercedes-Benz de Stuttgart, la flèche d’argent W 196 R a été adjugée pour 46,5 millions d’euros, devenant ainsi la voiture de Grand Prix la plus chère jamais vendue. Ce montant reflète l’engouement des collectionneurs pour les voitures de course emblématiques, motivés par la passion et l’investissement. La collection de Bernie Ecclestone, estimée à plus de 350 millions d’euros, illustre également l’intérêt croissant pour ces trésors automobiles.
Le commissaire-priseur maîtrise l’art d’exciter son auditoire. Grâce à une diction prolongée et à des conseils subtils pour inciter les enchérisseurs hésitants à contempler longuement la pièce maîtresse, il sait comment faire grimper les enchères. Samedi après-midi, au musée Mercedes-Benz, situé en face du stade de football de Stuttgart, une œuvre d’art automobile emblématique se trouve sur le tapis rouge : la légendaire flèche d’argent W 196 R.
Les enchères commencent à un rythme effréné, s’élevant de 20 à 40 millions d’euros en à peine trois minutes. Moins de huit minutes après le début de la vente aux enchères organisée par RM Sotheby’s, il devient évident qu’un troisième pilote rejoindra les rangs des célèbres champions du monde Juan Manuel Fangio et Stirling Moss, tous deux associés à cette pièce unique.
La voiture victorieuse du Grand Prix d’Argentine de 1955, reconnue pour sa technologie de pointe à l’époque, est finalement adjugée pour 46,5 millions d’euros, auxquels s’ajoutent les taxes et frais, portant le total à 51,155 millions d’euros. Ce montant la classe comme la voiture de Grand Prix la plus chère jamais vendue.
Passion, vanité et investissement
Ce montant impressionnant témoigne d’un marché exclusif, guidé par la passion pour la vitesse et l’histoire des voitures de course. Les acheteurs sont motivés par un cocktail de passion, de vanité et le désir d’investir dans des pièces rares.
Mercedes-Benz domine désormais le classement des enchères pour les voitures de course. En mai 2022, une 300 SLR, le fameux coupé Uhlenhaut, a été vendue pour un montant stupéfiant de 135 millions d’euros. Le marché des voitures de course, en plein essor, suit les tendances des voitures anciennes, où la rareté et l’état de conservation sont des éléments clés. Avec seulement quatre exemplaires de la Mercedes récemment vendue, la renommée des pilotes célèbres contribue également à faire monter les prix.
Les précédents propriétaires de la W 196 R ont bien compris cette dynamique. Cette voiture appartenait à l’Indianapolis Motor Speedway, qui a reçu le véhicule en cadeau de Mercedes il y a soixante ans. Pour financer des rénovations, le musée a décidé de vendre certaines pièces de sa collection.
Avant la vente, la voiture a été soigneusement inspectée dans un atelier classique à Stuttgart, où son authenticité a été vérifiée. Chaque élément d’origine, y compris la peinture, contribue à sa valeur. Toto Wolff, directeur de l’équipe actuelle de Formule 1, a été le visage de l’événement, bien que seule cette W 196 R ait été mise en vente.
Le nouveau propriétaire de cette œuvre d’art automobile demeure inconnu, identifié seulement par le numéro d’enregistrement 6128. Les collectionneurs de voitures, surtout dans cette catégorie de prix, se rapprochent souvent des amateurs d’art. Ils cherchent à conserver ces trésors loin des projecteurs, désireux de garder les plus belles pièces pour eux-mêmes. Toutefois, des spéculations circulent parmi les initiés sur l’identité de ceux qui possèdent ces joyaux.
Sebastian Vettel et sa collection de voitures de course
Les pilotes de course cherchent de plus en plus à maximiser leurs gains. Grâce à leurs compétences en négociation, ils peuvent obtenir à la fin de leur contrat l’une de leurs voitures de service. Par exemple, Sebastian Vettel, quadruple champion du monde, possède une collection qui comprend des voitures emblématiques de ses héros. Les directeurs d’équipe ont également tendance à conserver des voitures usagées, à la fois pour préserver l’héritage de leur écurie et pour un potentiel retour sur investissement.
Chez Ferrari, il est même possible d’acheter directement des voitures ayant fait leurs preuves. Certains acheteurs ont ainsi réussi à réaliser des bénéfices considérables en revendant après un certain temps. Les « déesse rouges » de Michael Schumacher, victorieuses en 2003 et 2006, affichent désormais des prix aux enchères s’élevant à 14 millions d’euros. D’autres voitures iconiques, comme celles conduites par Ayrton Senna ou Nigel Mansell, se négocient entre 5 et 10 millions d’euros. Une ancienne Mercedes, championne du monde de Fangio en 1954, avait déjà été vendue pour 20 millions d’euros à un acheteur anonyme.
Bernie Ecclestone, qui a quitté son rôle de dirigeant à la fin de la dernière décennie, met actuellement en vente sa collection de voitures de course historiques. À 94 ans, il s’enorgueillit de son passé en tant que vendeur de voitures d’occasion et gère sa collection par l’intermédiaire d’un revendeur. Jamais une telle collection de 69 voitures de course n’a été mise aux enchères en une seule fois.
Dès les années 1970, Ecclestone a commencé à acquérir des voitures de course emblématiques, y compris de nombreuses Ferraris ayant appartenu à des légendes comme Michael Schumacher, Niki Lauda ou Alberto Ascari. Sa collection comprend également des modèles d’avant-guerre de marques comme Auto Union, Bugatti et Mercedes. La valeur totale de cette collection est estimée à plus de 350 millions d’euros. Bernie Ecclestone sait pertinemment la valeur de son héritage dans le monde de la course : « Ma passion a toujours été pour les voitures de Grand Prix. J’ai toujours cherché à acquérir les meilleurs exemplaires. Elles surpassent toutes les voitures de route, elles représentent l’apogée. »
Alors que certains affirment posséder une voiture de course de Formule 1 récente pour un peu plus de 100