Cinq ans après le Brexit, une désillusion s’est emparée de la société britannique, avec plus de 60 % des citoyens considérant qu’il s’agissait d’une erreur. Bien que l’économie n’ait pas été dévastée comme prévu, les petites entreprises peinent face à une bureaucratie accrue. La croissance du commerce intra-UE dépasse celle du commerce mondial, laissant planer des doutes sur les bénéfices du Brexit. Les effets négatifs, notamment sur l’immigration, se font de plus en plus ressentir, soulignant les incertitudes qui persistent.
Une désillusion généralisée au Royaume-Uni
Cinq ans après le Brexit, un sentiment de désillusion s’est installé dans la société britannique. La présidente des Tories, Kemi Badenoch, a récemment reconnu que le gouvernement conservateur avait annoncé la sortie de l’UE sans disposer d’un plan clair. Selon des sondages réalisés depuis le début de 2023, plus de 60 % des Britanniques estiment désormais que le Brexit était une erreur.
Un parcours semé d’embûches mais pas de désastre
Lorsque le Royaume-Uni a officiellement quitté l’UE le 31 janvier 2020, l’optimisme était palpable. La sortie a eu lieu à 23 heures, heure de Londres, ce qui a été perçu comme un dernier « diktat » du continent. Les pessimistes avaient tort de croire que cela entraînerait un effondrement. En novembre suivant, l’île a quitté l’union douanière et le marché intérieur de l’UE, mais un accord de libre-échange a été conclu à la dernière minute, garantissant l’absence de droits de douane sur le commerce des marchandises.
Après cinq ans d’implémentation du Brexit, il est évident que l’économie britannique n’a pas subi les ravages annoncés. Le commerce extérieur avec l’UE, son principal partenaire commercial, est resté stable, et l’économie n’a pas sombré, malgré les craintes exprimées lors du référendum de 2016. En réalité, le commerce des marchandises avec l’UE a même bien résisté, en partie grâce à la forte demande d’importations.
Cependant, la bureaucratie liée au commerce transfrontalier a engendré des coûts élevés, compliquant la vie des petites entreprises qui manquent de ressources. Une étude de la London School of Economics a révélé que plus de 16 000 entreprises, soit 14 % des exportateurs britanniques exportant vers l’UE, ont cessé leurs activités depuis le Brexit. En revanche, les grandes entreprises n’ont pas été significativement touchées.
La question cruciale demeure de savoir si l’économie britannique aurait prospéré davantage en restant dans l’UE. Les difficultés économiques rencontrées par des pays comme l’Allemagne, la France et l’Italie compliquent l’analyse. De plus, les effets de la pandémie et des fluctuations des prix de l’énergie rendent la situation encore plus complexe.
Il est à noter qu’après le Brexit, le commerce au sein de l’UE a crû à un rythme plus rapide que le commerce mondial, indiquant que le Royaume-Uni aurait peut-être bénéficié d’une continuité au sein de l’union.
D’un autre côté, il est possible que le Brexit ait également freiné le commerce britannique avec le reste du monde, rendant le pays moins attrayant comme site de production. Les espoirs de nouveaux accords de libre-échange, notamment avec les États-Unis, n’ont pas encore été concrétisés. Alors que les avantages du Brexit demeurent flous, les Britanniques ressentent de plus en plus les effets négatifs de la fin de la libre circulation des personnes, et l’immigration, qui était un des motifs de la sortie, a même augmenté. En somme, le Royaume-Uni a échangé une certitude contre une incertitude, illustrant ainsi les défis persistants post-Brexit.