jeudi, janvier 30, 2025

La guerre en Colombie : vers une nouvelle ère de droits de douane pour le Danemark sous Trump ?

Donald Trump exerce des pressions sur la Colombie via des menaces de droits de douane, illustrant sa stratégie commerciale axée sur des intérêts nationaux. Malgré des résistances initiales, le gouvernement colombien a cédé face à ces menaces. L’économiste Holger Görg souligne que cette approche pourrait inciter d’autres pays à adopter des tactiques similaires, remettant en cause l’ordre commercial international. L’Europe doit envisager une réponse unie face à ces tensions potentielles, tout en restant vigilante à l’égard des politiques de Trump.

Les Stratégies Commerciales de Donald Trump : Un Modèle à Suivre ?

Donald Trump a mis la Colombie sous pression avec des droits de douane. Selon l’économiste Holger Görg, cet exemple pourrait inspirer d’autres nations. « Tout le monde peut désormais se référer aux États-Unis », explique l’expert de l’IfW. Trump pourrait aussi tourner son attention vers un État membre de l’UE en raison du Groenland.

La Réaction de la Colombie face aux Menaces de Trump

Monsieur Görg, il semblait un temps que la Colombie pourrait résister aux exigences de Trump. Au départ, le pays ne souhaitait pas accueillir ses ressortissants après leur renvoi par avion militaire par le président américain. Cependant, lorsque Trump a menacé d’imposer des droits de douane pouvant atteindre 50 %, le gouvernement colombien a capitulé. Que pouvons-nous en déduire ?

Holger Görg : Cela illustre clairement que Donald Trump utilise les politiques commerciales pour servir d’autres intérêts nationaux. Bien que cela ne soit pas nouveau, cette approche brutale est particulièrement inhabituelle. Trump tire parti d’un déséquilibre : un quart du commerce colombien dépend des États-Unis. En revanche, pour les États-Unis, la Colombie n’est pas aussi cruciale – les menaces de représailles douanières de la Colombie ne suscitent pas l’intérêt de Trump.

En d’autres termes : la stratégie de Trump fonctionne.

Il est probable qu’il en ait conscience. Pour l’instant, il n’a fait que proférer des menaces concernant des droits de douane, sans encore mettre en œuvre quoi que ce soit qui violerait les règles du commerce international. Cependant, le simple fait d’évoquer ces droits de douane a déjà un impact. De ce fait, il se sentira conforté dans l’idée que ces menaces sont un moyen efficace d’imposer sa politique.

Avec Trump, le chantage est devenu une tactique acceptée parmi les grandes puissances. Cela va-t-il devenir la norme ?

Je qualifierais effectivement cela de chantage – et cela ouvre la voie à d’autres pays. Par exemple, si la Chine adopte une posture similaire envers Taïwan ou certains États d’Afrique, on aurait pu dire auparavant que cela contrevient aux règles commerciales. Cet argument semble désormais obsolète, tout le monde peut se référer à l’exemple des États-Unis. L’ordre commercial international, déjà affaibli, pourrait alors céder la place à la loi du plus fort, entraînant ainsi sa disparition totale.

Quelles préparations l’Europe devrait-elle envisager ?

Imaginons que Trump tente d’imposer des droits de douane sévères sur toutes les exportations du Danemark liées au Groenland. L’UE dans son ensemble doit réagir, et cela ne devrait pas se transformer en un simple conflit entre le Danemark et les États-Unis. Si nous agissons ensemble, notre pouvoir de marché serait considérablement amplifié. Cependant, il demeure incertain si l’UE agira de la sorte.

L’UE compte des politiciens de droite, comme Viktor Orbán en Hongrie, Giorgia Meloni en Italie et probablement bientôt Herbert Kickl en Autriche, qui soutiennent Trump. Est-il réaliste de penser que l’UE agira de manière unie ?

Mon évaluation – qui est peut-être teintée d’espoir – est que l’UE finira par se rassembler. Dans un premier temps, la Commission européenne, qui peut également imposer des droits de douane, interviendra. Cependant, au niveau national, la situation est moins claire : la Hongrie et l’Italie pourraient ne pas soutenir une ligne commune.

L’UE devrait-elle envisager des menaces préventives de droits de douane ou de sanctions pour dissuader Trump ?

En temps normal, je dirais : non. Il ne faut pas créer de tensions sans raison valable. Toutefois, Trump semble fonctionner selon cette logique et ne comprendre que ce type de discours. Il serait donc judicieux de laisser filtrer de telles intentions au niveau de l’UE ou, du moins, d’en discuter – afin d’établir une base de négociation. Concernant le Groenland, je pense qu’il est fort probable que le Danemark ait bientôt des concessions à faire face à Trump. Nous devrons alors réagir.

Les signes pointent donc vers une guerre commerciale. Existe-t-il encore des espoirs que la loi et l’ordre prévalent ?

Oui, mais deux facteurs sont cruciaux : d’une part, l’UE doit assumer un rôle de leader fort, défendre l’ordre commercial international et s’efforcer de le maintenir. D’autre part, il y a encore une lueur d’espoir que l’équipe de Trump et les républicains soient davantage investis dans le respect de l’ordre que ne le laisse présager le président. Dans ce cas, je ne verrais pas encore la fin de l’ordre commercial international.

Entretien réalisé par Kilian Schroeder

L’interview a été publiée pour la première fois sur Capital.de

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