John Carpenter, figure emblématique du cinéma, est reconnu pour ses contributions majeures à l’horreur et à la science-fiction. Son film indépendant, Dark Star, sorti en 1975, explore le côté monotone des voyages spatiaux à travers une satire. Bien qu’il ait initialement été mal reçu, Dark Star a influencé des classiques ultérieurs comme Alien. Aujourd’hui, il est célébré comme un précurseur des genres, révélant des thèmes de désillusion présents dans l’œuvre de Carpenter.
John Carpenter est une figure emblématique du cinéma, reconnu sous plusieurs facettes. Pour certains, il incarne le maître de l’horreur, tandis que d’autres le considèrent comme le roi des classiques contemporains. D’autres encore le voient comme celui qui a propulsé les films B dans le grand public, les transformant en véritables succès au box-office de leur époque. Au cours de sa carrière qui s’étend sur plus de cinquante ans, Carpenter a réalisé des films marquants de l’histoire du cinéma moderne, tels que Halloween (1978), The Fog (1980), Escape from New York (1981) et Starman (1984).
Cependant, tout a commencé avec une comédie de science-fiction indépendante, Dark Star, qui a été projetée pour la première fois en 1974 et n’est arrivée sur les écrans qu’en janvier 1975. Aujourd’hui, Dark Star est souvent éclipsé par les œuvres ultérieures de Carpenter, qui sont devenues des références dans le domaine de l’horreur moderne. Néanmoins, l’impact de Dark Star sur le cinéma de genre mérite d’être souligné et discuté davantage. À l’occasion de son 50e anniversaire, il est temps de redécouvrir ce film emblématique et d’explorer son héritage ainsi que son importance dans le panorama de la science-fiction contemporaine.
Une œuvre sous-estimée
Dark Star propose une idée simple : le voyage spatial, bien qu’il soit souvent perçu comme extraordinaire, peut également être monotone. Ce film satirique suit un équipage d’astronautes à bord du vaisseau spatial éponyme, vingt ans après le début de leur mission, alors qu’ils s’occupent de l’inconnu tout en essayant de détruire des planètes renégates. Avec une distribution peu connue, le film adopte une structure narrative en vignettes, révélée à travers une séquence médiane devenue célèbre.
À l’origine, le film était un court-métrage étudiant de 45 minutes réalisé par Carpenter et le co-scénariste Dan O’Bannon à l’Université de Californie du Sud. Pour sa version longue, une section médiane a été ajoutée, permettant au film de faire ses débuts au Filmex de 1974, lors de l’Exposition internationale du film de Los Angeles. Carpenter a décrit le projet comme étant « En attendant Godot dans l’espace », et avec le slogan « L’odyssée débridée », le film a été largement diffusé en janvier 1975, mais a reçu un accueil mitigé du public.
En 1975, le genre de la science-fiction était en pleine mutation. Après avoir été associé à des productions de seconde zone avec des effets spéciaux rudimentaires dans les années 40 et 50, il avait connu une révolution avec le chef-d’œuvre de Stanley Kubrick, 2001 : L’Odyssée de l’espace, en 1968. Ce changement a laissé de nombreux films de science-fiction hésitants, ne sachant pas s’ils devaient imiter 2001 ou explorer une approche différente. De même, le public était incertain quant aux attentes vis-à-vis de ce genre, le reliant souvent à l’approche intellectuelle de Kubrick.
Il est évident qu’un film se qualifiant de « En attendant Godot dans l’espace » ne correspondait pas aux normes établies. Le public n’a pas réagi, laissant Carpenter et O’Bannon confrontés à des salles vides et à un manque d’intérêt pour l’humour particulier du film. Cependant, déterminés à ne pas abandonner, Carpenter et O’Bannon ont rencontré le succès avec Halloween et Alien, respectivement. Ce n’est que des années plus tard que Dark Star a commencé à recevoir la reconnaissance qu’il méritait, prouvant que son héritage allait bien au-delà des attentes initiales des créateurs.
Un précurseur du genre
De nos jours, Dark Star est reconnu comme un classique culte des années 70 et comme un tremplin pour la carrière de Carpenter. Cependant, ce film a également inspiré ce qui est sans doute l’un des premiers exemples de la fusion des genres science-fiction et horreur : Alien. En effet, Dan O’Bannon a écrit le scénario basé sur une séquence de Dark Star, où le Sergent Pinback, interprété par O’Bannon lui-même, interagit avec un extraterrestre ressemblant à un ballon de plage, qu’il finit par détruire en le faisant éclater.
Après l’échec de Dark Star à faire rire le public avec son humour absurde, O’Bannon a révisé le concept pour en faire un film d’horreur. Ce fut un véritable coup de génie d’identifier le fil conducteur entre l’histoire d’un astronaute solitaire interagissant avec un extraterrestre et celle d’un équipage effrayé par une menace parmi eux. Ce pari a porté ses fruits, car Alien a non seulement redéfini les genres science-fiction et horreur, mais a également donné naissance à une franchise qui perdure encore aujourd’hui.
Comme les œuvres ultérieures de Carpenter, Alien a surpassé Dark Star en termes de succès critique et de longévité. Néanmoins, les réalisations d’O’Bannon dans le film sont largement attribuées à l’influence de Dark Star. Il n’y aurait pas d’Alien sans Dark Star, tout comme il n’y aurait pas de The Thing. Bien qu’Alien soit peut-être le descendant direct du film de 1974, l’impact de Dark Star se fait sentir dans l’ensemble de l’œuvre de Carpenter : la désillusion et l’ennui face à une réalité perturbée par l’apparition d’une menace surnaturelle est un thème récurrent, présent dans des films allant de Halloween à l’intrigant In the Mouth of Madness.