Une aide supplémentaire de trois milliards d’euros pour l’Ukraine est proposée par plusieurs partis allemands avant les élections, bien que le financement reste incertain. Le SPD propose d’emprunter et de suspendre le frein à l’endettement, tandis que les Verts et le FDP suggèrent de classer cette aide comme dépense exceptionnelle. Les ministères concernés ont déjà préparé un inventaire des armes à envoyer. Les discussions sur le financement et les implications budgétaires restent au cœur des débats politiques.
Une aide supplémentaire de trois milliards d’euros pour l’Ukraine avant les élections : c’est ce que proposent le SPD, les Verts, le FDP et l’Union. Cependant, la question du financement reste en suspens.
Cette année, l’Allemagne s’engage à fournir trois milliards d’euros supplémentaires à l’Ukraine pour renforcer son soutien militaire. Bien qu’une majorité au Bundestag semble favorable à cette initiative, le mode de financement demeure non résolu.
Le SPD plaide pour la contraction de nouveaux emprunts et la suspension du frein à l’endettement, mais cette proposition est contestée par l’Union, le FDP et les Verts. Ces derniers suggèrent de classer les livraisons d’armes comme une ‘dépense exceptionnelle’ en vertu de l’article 112 de la Loi fondamentale, ce qui impliquerait des économies sur d’autres budgets. Une décision doit être prise avant les élections législatives.
Les ministères des Affaires étrangères et de la Défense auraient déjà établi un inventaire des armes à envoyer à Kiev.
Le SPD appelle à la suspension du frein à l’endettement
Le SPD insiste sur le fait que le soutien à l’Ukraine doit être financé par une suspension temporaire du frein à l’endettement, invoquant une situation d’urgence. Rolf Mützenich, le chef de groupe, a exprimé à l’agence de presse dpa son souhait que les autres partis réagissent rapidement à cette proposition légitime et nécessaire. ‘Nous avons encore le temps de décider cela avant les élections’, a-t-il déclaré.
Le chancelier Olaf Scholz (SPD) avait déjà évoqué cette possibilité lors des discussions sur le budget 2025, qui avaient finalement échoué. Dans une récente interview avec RTL, il a réaffirmé son intention de financer cette aide par des prêts, à condition que toutes les parties soient d’accord. ‘Certains devront peut-être surmonter leurs propres limites’, a-t-il ajouté, tout en précisant qu’il n’envisageait pas de réduire les prestations sociales pour financer cette aide.
Accusations de chantage
Marco Buschmann, le secrétaire général du FDP, accuse le chancelier Scholz de faire du chantage au Bundestag, affirmant que ses préoccupations pour l’Ukraine sont secondaires par rapport à la suspension du frein à l’endettement.
Un soutien conditionnel des Verts et du FDP
Le FDP et les Verts soutiennent également l’augmentation de l’aide à l’Ukraine, mais souhaitent qu’elle soit financée comme une ‘dépense exceptionnelle’. Selon l’article 112 de la Loi fondamentale, l’approbation du ministre des Finances ne peut être obtenue que si des besoins imprévus et urgents se présentent. Un précédent remonte à 2013, lorsque des aides d’urgence ont été mises en place après des inondations en Allemagne.
Franziska Brantner, présidente des Verts, a déclaré à dpa qu’il serait possible de gérer ces trois milliards d’euros en 2025 sans coupes dans d’autres budgets. Elle a également souligné la nécessité de débloquer rapidement ces fonds pour que le soutien à l’Ukraine reste concret. Les Verts critiquent le chancelier Scholz pour son manque de proactivité, tandis que le FDP et l’Union utilisent la situation dans leur campagne électorale.
Christian Lindner, le chef du FDP, a exprimé sa volonté d’approuver cette aide militaire avant les élections, affirmant que le Bundestag peut adopter cette décision avec une large majorité. Otto Fricke, responsable budgétaire du FDP, a ajouté que ces promesses d’aide ne devraient pas être liées au prochain budget, car cela retarderait le soutien nécessaire à l’Ukraine.
Mütenich met en garde contre les coupes budgétaires
Mützenich met en garde contre le financement par des fonds exceptionnels, précisant que cela pourrait nuire à d’autres secteurs comme les dépenses familiales ou les retraites. Le chancelier a donc raison de soutenir une ‘décision de dépassement’ pour suspendre le frein à l’endettement, surtout avec les incertitudes politiques à venir aux États-Unis, notamment si Donald Trump devait revenir au pouvoir.
Les États-Unis sont actuellement le principal donateur de l’Ukraine, mais il est incertain si un futur président Trump maintiendra ce soutien. Dans ce cas, l’Allemagne, en tant que deuxième plus grand contributeur, pourrait avoir à prendre une part encore plus importante dans le soutien à l’Ukraine face à l’agression russe.
Le chef de la CDU a exprimé son désir de coordonner l’aide à l’Ukraine à travers l’Europe à l’avenir.
Coopération de l’Union, mais sans nouvelles dettes
L’Union au Bundestag est prête à soutenir l’initiative mais sous certaines conditions. Thorsten Frei, premier directeur parlementaire du groupe de l’Union, a indiqué que ce paquet de trois milliards viserait principalement à renforcer la défense aérienne ukrainienne. Il a précisé que l’Union approuverait une proposition correspondante au comité des budgets, à condition que cela ne soit pas financé par de nouvelles dettes.
Frei a souligné qu’il n’y avait aucune raison d’abandonner le frein à l’endettement, en rappelant que l’État fédéral peut contracter jusqu’à 50 milliards d’euros de nouvelles dettes cette année, même avec le frein en place. ‘Le gouvernement fédéral a suffisamment de flexibilité’, a-t-il conclu.