Lors des Jeux Olympiques de Tokyo 2021, l’équipe de natation chinoise a été impliquée dans un scandale de dopage, avec des tests positifs à la Trimetazidine. Bien que Chinada ait permis aux nageurs de concourir, la situation a été cachée au public. En 2023, le FBI a ouvert une enquête, exacerbant les tensions entre les États-Unis et la WADA. Le soutien financier américain à l’agence antidopage est désormais menacé, rappelant des conflits antérieurs liés à des scandales de corruption.
Pour mieux comprendre la situation actuelle, revenons sur un événement marquant : lors des Jeux Olympiques de Tokyo 2021, l’équipe de natation de la République populaire de Chine a suscité des controverses, car près de la moitié de ses membres avaient été testés positifs à la Trimetazidine, un médicament pour les maladies cardiaques classé comme substance dopante par l’Agence mondiale antidopage (WADA). Étonnamment, la Chinada, l’agence antidopage chinoise, a permis à ces vingt-trois athlètes de participer, arguant que la substance aurait été ingérée accidentellement via la nourriture servie à l’hôtel de l’équipe.
Cette affaire a été soigneusement cachée aux yeux du public. Ni la WADA, qui était informée, ni la fédération internationale de natation n’ont remis en question la décision de Chinada, jugeant qu’il n’était pas nécessaire de divulguer cette situation. Par conséquent, les nageurs chinois ont pu concourir à Tokyo sans encombre, remportant six médailles, dont trois en or.
Une enquête qui prend de l’ampleur aux États-Unis
Ce n’est qu’en avril dernier que les médias, dont le « New York Times » et la chaîne allemande ARD, ont révélé cette affaire, offrant au public un aperçu des événements cachés. Une information particulièrement préoccupante a émergé : le FBI aurait ouvert des enquêtes en 2023, s’appuyant sur le Rodchenkov Act, une loi américaine sur le dopage qui permet aux autorités de poursuivre les abus à l’étranger, surtout en cas de compétition avec des athlètes américains.
Depuis ces révélations, la tension a monté entre les États-Unis et la WADA. En juillet dernier, lors de l’annonce de l’attribution des Jeux d’hiver 2034 à Salt Lake City, le Comité International Olympique (CIO) a réservé le droit d’annuler cette décision si les États-Unis ne respectaient pas « pleinement l’autorité suprême de l’Agence mondiale antidopage ».
Cette déclaration a été interprétée comme une forme de chantage, incitant le gouvernement Biden à refuser de verser une subvention de 3,625 millions de dollars à la WADA. Cet argent devait être transféré le 31 décembre. Cette décision est soutenue par l’Agence antidopage américaine (Usada) et son directeur influent, Travis Tygart, connu pour avoir exposé des scandales de dopage majeurs.
Tygart a déjà exprimé ses critiques envers la WADA, soulignant ses tentatives de discréditer d’autres au lieu d’aborder les questions fondamentales concernant la dissimulation des tests positifs par la Chine. Rahul Gupta, responsable américain de la lutte antidopage, a également insisté sur la nécessité pour la WADA de restaurer la confiance dans le système mondial de lutte contre le dopage.
Une crise prolongée avec des implications politiques
Le budget annuel de la WADA dépend à 6% des financements de Washington, avec 50% couverts par le CIO et le reste par les gouvernements de près de 180 pays, les États-Unis étant le principal contributeur. La réaction de la WADA à cette crise a été rapide, retirant aux États-Unis leur voix au sein des instances décisionnelles de l’organisation, présidée par le Polonais Witold Banka et la Chinoise Yang Yang.
Cette impasse rappelle des conflits passés avec les autorités américaines, tels que le scandale de corruption lié aux Jeux Olympiques d’hiver de 2002 à Salt Lake City. À cette époque, l’ancien président du CIO avait été convoqué par le Congrès américain. De même, l’opération du bureau du procureur de Brooklyn avait conduit à des arrestations de hauts responsables de la FIFA en 2015, révélant des pratiques de corruption au sein de l’organisation.
Cette nouvelle controverse semble loin d’être résolue, surtout avec le début du deuxième mandat de Donald Trump prévu pour le 20 janvier. Ce changement de personnel dans les ministères américains pourrait prolonger le conflit et retarder une résolution.