Le CDU présente son ‘Agenda 2030’ visant à stimuler l’économie allemande par des réductions d’impôts significatives. Cependant, l’économiste Jens Südekum remet en question la viabilité de ce programme, soulignant le manque de clarté sur le financement de ces promesses. Il estime que les économies proposées ne suffiront pas à couvrir un déficit potentiel de 100 milliards d’euros, tout en critiquant l’approche du CDU qui semble réutiliser des idées anciennes sans innovation.
Le Programme Fiscal Ambitieux du CDU
Le CDU ambitionne de dynamiser l’économie allemande avec des réductions d’impôts massives, mais l’économiste Jens Südekum soulève une question cruciale : ‘D’où viendra l’argent pour financer ces promesses ?’
À l’approche des élections fédérales, le CDU dévoile son initiative ‘Agenda 2030’, qui promet aux entreprises et aux citoyens des allégements fiscaux, entraînant ainsi des taux de croissance élevés. ‘Nous nous engageons à atteindre un objectif économique de deux pour cent pour l’Allemagne : nous aspirons à des taux de croissance d’au moins deux pour cent’, est-il indiqué dans le projet de douze pages.
Les Doutes sur la Réalité de l’Agenda
L’économiste Jens Südekum critique le document du CDU sur X, soulignant un manque d’innovation dans la politique fiscale, qui semble identique à celle du programme électoral précédent. Il insiste sur le fait que l’essentiel du problème persiste : ‘On promet des réductions d’impôts massives, mais on ne dit pas d’où viendra l’argent pour cela’, affirme le professeur d’économie internationale à l’Université Heinrich-Heine de Düsseldorf.
Concernant le financement, le document mentionne que le budget fédéral pourrait libérer des fonds grâce à une réforme du revenu citoyen et une politique migratoire plus stricte. Un audit des dépenses est proposé, visant à examiner toutes les dépenses, en particulier les subventions qui ont augmenté durant les années de coalition.
De plus, comme dans le projet du groupe CSU, aucune déclaration n’est faite sur le soutien ou le rejet d’une réforme du frein à l’endettement, bien que l’on insiste sur le maintien de cette règle ancrée dans la loi fondamentale.
Südekum a déjà estimé que les plans du CDU pourraient engendrer un déficit de 100 milliards d’euros dans les finances publiques. Selon lui, le potentiel d’économies sur le revenu citoyen serait insuffisant pour combler ce manque. L’économiste exprime de sérieuses réserves sur la viabilité du programme électoral, qualifiant son approche de ‘principe de l’espoir’. D’après ses calculs, les réformes devraient générer environ dix pour cent de croissance du PIB pour financer les réductions d’impôts.
Une phrase du nouvel Agenda a particulièrement attiré son attention : ‘La mise en œuvre se fera en quatre étapes annuelles à partir du 1er janvier 2026.’ Jusqu’à présent, le programme électoral n’évoquait qu’une mise en œuvre ‘progressive’ pour l’impôt sur le revenu et l’impôt sur les sociétés. Südekum suppose que pour atteindre une croissance du PIB de deux pour cent, il faudrait d’abord une croissance additionnelle de 2,5 pour cent en 2026 afin de financer les réductions d’impôts promises, même avec quelques économies sur le revenu citoyen, la migration et l’administration.
Il met également en garde : ‘Personne ne sait si les réductions d’impôts, initialement modestes, produiront réellement une croissance supplémentaire de deux pour cent du PIB’, critique-t-il sur X.
Enfin, Südekum précise qu’il n’est pas opposé à des allégements fiscaux, qui pourraient encourager des investissements privés, cruciaux pour sortir l’Allemagne de la crise. ‘Mais cela engendre d’abord un déficit budgétaire, ce que le CDU doit reconnaître’, conclut-il. ‘On ne peut pas promettre des réductions d’impôts massives tout en refusant de modifier le frein à l’endettement.’