Eric Skillman, directeur artistique de Criterion Collection, recherche constamment de nouveaux talents pour créer des œuvres visuelles pour les DVD. Son processus implique des discussions avec les cinéastes et l’engagement de designers externes pour développer des concepts. Skillman met l’accent sur l’importance de trouver l’artiste adéquat pour chaque film, en prenant en compte les préférences des réalisateurs et en s’appuyant sur une vaste archive d’artistes. Il illustre sa démarche créative à travers des exemples d’affiches emblématiques.
Eric Skillman, le directeur artistique de Criterion Collection, est en quête permanente de nouveaux talents.
Le processus de sélection des artistes
Skillman joue un rôle clé dans la recherche des artistes chargés de créer l’art visuel pour les DVD de Criterion Collection, ce qui lui permet de constituer une vaste archive de milliers de créateurs. Sa recherche ne se limite pas à dénicher de nouveaux artistes, mais vise aussi à établir des correspondances parfaites entre l’œuvre et l’artiste. Lors d’une discussion via Zoom, Skillman partage son approche pour associer les artistes aux projets. « Je prends connaissance du calendrier à venir un à deux mois avant d’attribuer les tâches. Il m’arrive de me dépêcher de visionner les films que j’ai déjà vus pour préparer les attributions », explique-t-il.
Avoir accès à des films emblématiques permet à Skillman de repérer les meilleurs illustrateurs et artistes à travers le monde. Parfois, il s’agit de concevoir une illustration simple, d’autres fois, de distiller une scène en une œuvre artistique. Lorsque cela est possible, la collaboration avec le cinéaste est également envisagée.
« Il s’agit de trouver le bon artiste pour chaque projet, » affirme-t-il. « Les films que je découvre ne semblent pas répétitifs. Ils sont toujours variés, captivants et présentent tant d’éléments nouveaux qu’il y a toujours des artistes à explorer pour chaque projet. »
L’implication des cinéastes et studios
Nous sommes bien plus engagés avec les cinéastes et leurs préférences que nous ne le sommes avec les studios. Notre processus implique directement les cinéastes. Si un cinéaste a une préférence pour un travail antérieur, nous en tenons généralement compte. Cependant, nous sommes également enthousiastes à l’idée de créer de nouvelles œuvres. Nous croyons qu’il existe une histoire différente à raconter lorsqu’un film est lancé pour la première fois, en l’introduisant à un nouveau public, comparé à un film qui existe depuis des décennies, où des associations préexistantes peuvent influencer la perception.
Le commencement du processus artistique
Le processus débute souvent par une conversation entre moi et notre producteur interne. Chaque projet est supervisé par un producteur qui s’assure de la bonne marche de l’ensemble. Nous discutons de nos objectifs et de ce que nous souhaitons transmettre. Si le cinéaste est vivant, nous essayons généralement d’organiser une rencontre pour obtenir son avis. Par la suite, nous faisons appel à un designer externe pour développer certaines idées. Leurs propositions sont souvent plus pertinentes que les nôtres, car c’est pourquoi nous collaborons avec des esprits créatifs de haut niveau. Le processus est ensuite soumis à une série d’approbations où des croquis sont envoyés, suivis de retours, et cela prend généralement environ deux mois, avec un mois supplémentaire pour peaufiner les détails.
Concernant la recherche d’artistes, cela varie en fonction du projet. Parfois, cela implique de trouver un artiste dont le travail incarne une notion spécifique, comme le collage pour « JoJo Dancer ». D’autres fois, il s’agit d’une relation de confiance établie avec l’artiste. Je suis toujours à l’affût de nouveaux noms ; chaque fois que je découvre quelque chose d’intéressant, je note le créateur. J’ai ainsi constitué une archive contenant des milliers d’artistes pour lesquels j’espère un jour trouver un projet.
Skillman partage également des réflexions sur quatre affiches de Criterion, illustrant sa démarche créative. « Nous avons énormément débattu sur ce jaune ; bien que nous n’ayons jamais réussi à expliquer pourquoi il fonctionnait si bien, rien d’autre que nous avions essayé n’avait du sens, » dit-il.
« Les lunettes de soleil sont emblématiques du film. Leur forte présence dans l’affiche et la scène d’ouverture contribue à leur impact mémorable. Nous voulions trouver une approche originale pour les représenter. L’affiche originale est excellente, mais elle est déjà connue. Alors, comment offrir quelque chose de nouveau ? C’est alors que l’idée de focaliser uniquement sur les lunettes de soleil a émergé. »
« Drusilla, notre designer, est une collaboratrice exceptionnelle. Je lui avais proposé différentes idées sur la mise en avant des lunettes, et elle a suggéré : ‘Pourquoi ne pas faire cela ?' »
« Greg Ruth est l’un de mes artistes préférés avec qui travailler, toujours créatif et collaboratif, un véritable plaisir sur chaque projet. Ce projet en particulier a été inspiré par une citation de Jane Campion lors d’une interview. Elle a mentionné une scène clé où Holly Hunter, dans le rôle d’Ada McGrath, s’éloigne. Ce moment fort symbolise le passage du monde civilisé à l’éveil de l’individualité et de la sexualité. »
« Nous avons donc cherché à immortaliser ce passage en une image statique. Greg, connu pour ses dessins composites, a immédiatement compris l’approche que je souhaitais. Cela a permis de capturer l’essence de cette scène emblématique. »