jeudi, décembre 19, 2024

L’IS-prison en région kurde : un danger imminent pour la Syrie et l’Europe ?

Les Kurdes en Syrie font face à une situation précaire avec la résurgence de l’État islamique, alors que 10 000 prisonniers liés à l’EI sont détenus dans des camps. Malgré leur rôle clé dans la lutte contre le terrorisme, ils se sentent abandonnés par les gouvernements européens, qui tardent à rapatrier leurs ressortissants. Les tensions s’accroissent avec la Turquie et la menace d’un retrait américain, rendant la stabilité de la région de plus en plus incertaine.

Au cœur des bouleversements en Syrie, les Kurdes, ainsi que l’ensemble du pays et même l’Europe, se retrouvent confrontés à une situation en constante évolution et potentiellement périlleuse. La région kurde subit des pressions de part et d’autre : à l’ouest, par la Turquie et des milices arabes alliées, et au sud-est, par des zones désertiques où Daesh, longtemps considéré comme vaincu, renforce sa présence.

Le Retour de la Menace Terroriste

La résurgence inquiétante de l’État islamique (EI) rappelle que plus de 10 000 prisonniers ainsi que 50 000 membres de combattants sont retenus dans des camps et des prisons kurdes depuis la défaite de l’EI en Syrie et en Irak. Ces individus sont perçus, même par les Kurdes, comme une « bombe à retardement » pouvant donner naissance à une nouvelle organisation terroriste.

D’après l’administration autonome kurde, il existe 22 prisons et camps dans le nord-est de la Syrie. Parmi les 10 000 détenus, 7 500 proviennent de Syrie ou d’Irak, tandis que 2 500 viennent de pays tiers, incluant environ 200 ressortissants d’Allemagne, d’Autriche ou de Suisse. En plus, environ 1 500 femmes et enfants, veuves et orphelins de combattants de l’EI, possèdent également des passeports allemands, autrichiens ou suisses.

Des Prisons au Service de l’Extrémisme

Depuis la défaite militaire de l’EI, les Kurdes sont responsables de la surveillance et de la gestion de 60 000 terroristes et de leurs familles. Une prison, située près de Hasaka, abrite entre 3 000 et 5 000 détenus, adultes et mineurs. Ce type de lieu devient un terrain fertile pour l’extrémisme, car la plupart des détenus y sont enfermés depuis des années, sans perspective d’avenir.

Des représentants de l’administration autonome kurde ont tenté à plusieurs reprises de convaincre les gouvernements européens, notamment celui de l’Allemagne, de fournir un soutien accru ou d’organiser le rapatriement des ressortissants. Leur but est de renvoyer les prisonniers chez eux ou de les juger dans le cadre d’un tribunal international.

Malheureusement, jusqu’à la fin de l’année 2023, seuls 76 détenus masculins ont été rapatriés. Les relations officielles entre l’Allemagne et l’administration autonome font défaut, ce qui conduit le gouvernement allemand à ne pas apporter de soutien financier aux prisons de l’EI.

Les Kurdes se sentent souvent abandonnés, bien qu’ils aient joué un rôle central dans la lutte contre l’État islamique en Syrie. En collaboration avec l’alliance anti-EI dirigée par l’Occident, ils ont réussi à libérer des villes stratégiques, notamment Raqqa, qui est aujourd’hui sous une administration autonome dans le nord et l’est du pays.

Des Jihadistes à Nos Portes

Les Kurdes continuent d’accuser le gouvernement turc de soutenir les extrémistes en Syrie. Selon des rapports américains, environ 40 000 jihadistes étrangers ont franchi les frontières syriennes durant la guerre civile, la plupart d’entre eux passant par la Turquie. De plus, certains groupes, comme celui dirigé par Ahmed al-Sharaa, entretiennent des relations étroites avec Ankara, rendant les frontières entre ces organisations de plus en plus floues.

Depuis plus d’un an, l’EI a intensifié ses attaques dans les zones sous contrôle kurde, poussant les Forces de défense syriennes (SDF) à mener des opérations régulières, souvent dans des zones à majorité arabe, ce qui accroît les tensions ethniques et attire de nouveaux jihadistes.

La situation des Kurdes a été compliquée par le retrait des troupes américaines, notamment après l’élection de Donald Trump, qui avait déjà réduit la présence militaire dans la région en 2019. Les forces turques ont alors lancé des offensives dans le nord pour établir un « corridor de sécurité » le long de la frontière.

Inquiétudes autour de la Présence Américaine

Les Kurdes craignent maintenant un éventuel retrait des soldats américains. Il y a quatre ans, Joe Biden avait augmenté leur nombre à environ 900, leur mission étant de sécuriser les ressources pétrolières et d’empêcher la résurgence de l’EI.

Pour les Kurdes, la présence américaine est perçue comme une garantie contre de nouvelles attaques turques. Récemment, ils ont perdu la ville de Manbij au profit d’un groupe soutenu par la Turquie. Bien que le fleuve Euphrate serve de barrière naturelle, les SDF sont confrontés à des défis sur plusieurs fronts.

Dans leur lutte contre l’EI, de nombreuses forces kurdes sont contraintes de surveiller des prisonniers, ce qui a nécessité un redéploiement de personnel vers le nord, auparavant affecté à la surveillance des camps de l’EI.

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