lundi, décembre 16, 2024

La Rhénanie-du-Nord-Westphalie se transforme : cap sur une économie verte après l’ère du charbon.

L’héritage minier de la Ruhr évolue vers une économie environnementale en plein essor, comme l’indique le « Rapport sur l’économie environnementale 2024 ». Ce document révèle une expansion significative de ce secteur transversal, générant à la fois des bénéfices économiques et écologiques. Cependant, des défis subsistent, notamment un retard par rapport à la moyenne nationale allemande. La Suisse, quant à elle, connaît également une croissance dans ce domaine, bien que des préoccupations demeurent concernant la consommation de ressources et l’impact environnemental.

Bien que l’héritage des mines de charbon dans la région de la Ruhr appartienne désormais au passé, son empreinte demeure palpable. Des façades de maisons encore marquées par le temps, des structures d’extraction en acier, et d’énormes terrils dessinent le paysage des villes environnantes. La transformation structurelle, qui s’éloigne de l’industrie lourde pour embrasser le commerce, la logistique, la science et la culture, est toujours en cours.

Un nouvel axe de développement prend de l’importance : l’économie environnementale. Cela est mis en lumière dans le « Rapport sur l’économie environnementale 2024 », un document de plus de cent pages commandé par le ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Transports du Nord-Rhin-Westphalie. Ce rapport a été élaboré par Prognos AG de Düsseldorf en collaboration avec un institut de recherche économique écologique à Berlin.

La presse a interprété l’annonce d’un « essor » de l’économie environnementale comme un véritable encouragement. Des questions se posent : « Comment concilier croissance économique et protection de l’environnement ? » Les récents chiffres du Nord-Rhin-Westphalie semblent répondre à cette interrogation. Le journal allemand « Tagesschau » a ainsi titré le 7 novembre, jour de la publication du rapport, que « l’économie environnementale connaît une forte expansion ».

Un secteur transversal générant des bénéfices doubles

L’économie environnementale ne se limite pas à un secteur isolé, mais représente un secteur transversal qui englobe des composantes de plusieurs industries traditionnelles, allant de l’agriculture à la production d’énergie, en passant par les services. Selon le rapport, elle inclut toutes les entreprises dont les produits et services contribuent à la préservation du climat, de l’environnement, et des ressources. Cela recouvre des domaines tels que la gestion des déchets, la mobilité durable, l’énergie, ainsi que les technologies visant à réduire l’impact environnemental tout en améliorant l’efficacité.

Ce qui rend l’économie environnementale particulièrement attrayante, c’est sa capacité à générer simultanément des bénéfices économiques et écologiques. Comme l’affirme Oliver Krischer, ministre de l’Environnement du Nord-Rhin-Westphalie, les données du rapport illustrent cette dynamique positive. Les auteurs expliquent en détail leur méthodologie et les sources utilisées pour établir les chiffres, ayant continuellement affiné leurs approches depuis le premier rapport en 2010.

Les impacts écologiques sous-estimés

Malgré leur précision, les données du rapport doivent être considérées avec prudence. Bien que le ministère, en tant qu’initiateur du rapport, mette en avant des chiffres encourageants, les auteurs soulignent que les hypothèses sous-jacentes reposent sur des analyses prudentes et que certains effets n’ont pas été pris en compte. En conséquence, il est probable que les bénéfices écologiques soient sous-évalués.

Il est également essentiel de noter que, bien que les avancées de l’économie environnementale soient prometteuses pour le NRW, la région accuse un retard par rapport à la moyenne nationale allemande. Tandis que le NRW a enregistré une augmentation de 2,5 % de ses exportations de biens environnementaux, l’ensemble de l’Allemagne a connu une progression de 6,3 %. Cela dit, le NRW, en pleine transformation structurelle, peut encore servir de modèle pour d’autres régions industrielles.

Deux exemples concrets illustrent l’essor de l’économie environnementale dans le NRW : un rapport publié récemment par l’Institut Leibniz pour la recherche économique RWI et l’Institut pour la recherche sur le marché du travail a révélé une tendance vers des professions plus respectueuses de l’environnement entre 2012 et 2022.

En Suisse, l’économie circulaire et les technologies propres s’épanouissent

La Suisse montre également des signes positifs de croissance dans le domaine de l’économie environnementale. En novembre, le Conseil fédéral a décidé de renforcer l’économie circulaire pour favoriser à la fois l’environnement et l’économie nationale.

Selon le Bureau fédéral de la statistique, la valeur ajoutée brute des biens et services environnementaux atteint 24,7 milliards de francs, avec 168 000 équivalents temps plein employés dans ce secteur. Entre 2000 et 2022, la valeur ajoutée brute et le nombre d’emplois dans le secteur environnemental ont plus que doublé, en particulier grâce aux énergies renouvelables et aux rénovations de bâtiments. Le Bureau fédéral de l’environnement a noté que le secteur des technologies propres se classe parmi les marchés à la croissance la plus rapide, offrant un potentiel de développement durable élevé.

Cependant, Niklas Nierhoff du Bureau fédéral de l’environnement a reconnu de manière critique que, malgré ces progrès, notre consommation de ressources reste trop élevée compte tenu de notre niveau de vie. Il a souligné que la population mondiale ne pourrait pas adopter notre niveau de vie sans aggraver la dégradation des écosystèmes et du climat.

Incertitudes quant à la croissance verte

Il reste des interrogations sur l’efficacité de l’économie environnementale à dissocier la croissance économique des dommages environnementaux. Les données du « Rapport sur l’économie environnementale » du NRW ne sont guère optimistes à cet égard.

Un exemple illustratif est celui de la mobilité : l’impact environnemental des transports publics demeure limité. Les chercheurs ont utilisé un scénario contrefactuel pour évaluer les effets, dans lequel l’absence de mesures pourrait conduire à des conclusions différentes.

- Advertisement -

Latest