Le Service américain de la pêche et de la faune envisage de classer les papillons monarques comme espèce menacée, suite à des années de plaidoyer face à leur déclin, principalement causé par le changement climatique et la destruction de leur habitat. Cette mesure offrirait des protections essentielles, tout en permettant certaines exceptions. Malgré cette avancée, les populations de monarques continuent de diminuer, avec des prévisions alarmantes pour leur avenir, incitant à des efforts de conservation accrus.
Le Service américain de la pêche et de la faune a récemment révélé des initiatives visant à classer les papillons monarques comme espèce menacée selon la Loi sur les espèces en danger, marquant une avancée significative pour la protection de ces précieux pollinisateurs.
Les commentaires des experts en faune
Cette décision fait suite à de nombreuses années de plaidoyer de la part des groupes écologiques, inquiets de la chute alarmante des populations de papillons, principalement due aux effets du changement climatique et à la destruction de leur habitat naturel.
Les autorités de la faune envisagent d’ajouter les monarques, facilement reconnaissables grâce à leur envoûtante couleur orange et noire, à la liste des espèces menacées d’ici la fin de l’année prochaine, après une période d’échanges publics sur les mesures de conservation à mettre en place.
‘Le papillon monarque, symbole d’émerveillement à travers l’Amérique du Nord, fascine petits et grands grâce à son cycle de vie captivant,’ a déclaré Martha Williams, directrice du Service américain de la pêche et de la faune, dans un communiqué. ‘Malgré sa vulnérabilité, ce papillon démontre une résilience remarquable, comme beaucoup d’espèces lorsque nous leur offrons une chance. Les études révèlent que les monarques ont besoin de cette opportunité, et cette proposition de classement encourage une participation publique sans précédent pour définir les actions de conservation à entreprendre.’
La désignation en tant qu’espèce menacée fournirait des protections essentielles, telles que des restrictions sur la capture, le transport ou la modification permanente des habitats critiques pour les monarques.
Cependant, des exceptions seront prévues pour permettre l’utilisation des papillons à des fins éducatives et pour certaines activités accessoires, comme les collisions avec des véhicules.
‘Nous encourageons les gens à continuer d’élever des chenilles et des monarques chez eux pour des raisons éducatives,’ a ajouté Lori Nordstrom, directrice régionale adjointe des services écologiques pour le Midwest.
En outre, la proposition désignerait 4 395 acres dans sept comtés côtiers de Californie comme habitats critiques pour les papillons monarques à l’ouest des montagnes Rocheuses, zones essentielles pour leur migration hivernale. Cette désignation interdirait aux agences fédérales de détruire ou modifier ces habitats, bien qu’elle ne prohibe pas totalement les projets de développement. Les propriétaires nécessitant un permis fédéral devront collaborer avec le service de la faune pour atténuer les impacts potentiels.
Une décennie de lutte pour la protection fédérale
Le chemin vers la classification des monarques comme espèce menacée a été long, avec près de dix ans de combats juridiques. Le Centre pour la diversité biologique avait demandé une protection en 2014, en raison des baisses alarmantes des populations de ces papillons. Suite à des années de retards, un règlement fédéral obtenu par le centre en 2022 a forcé le gouvernement à se prononcer sur le statut des monarques d’ici septembre 2024.
George Kimbrell, directeur juridique du Centre pour la diversité biologique, a salué cette décision comme une ‘victoire historique, dix ans en préparation.’
Un avenir préoccupant pour les monarques
Malgré cette avancée, la situation des papillons monarques demeure alarmante. Les populations de l’Est des États-Unis migrent vers le Mexique pour l’hiver, tandis que celles de l’Ouest se dirigent vers la Californie.
Des études menées par le Fonds mondial pour la nature du Mexique ont révélé que les monarques occupaient seulement 2,2 acres de leurs zones d’hivernage traditionnelles l’année dernière, soit une chute de 59 % par rapport à la saison précédente.
Sur la côte ouest, la Xerces Society a observé une réduction de 81 % des populations de monarques au cours des 25 dernières années, passant de 1 235 490 papillons sur 101 sites à seulement 233 394 sur 257 sites l’année dernière.
Le changement climatique intensifie les menaces, avec des températures croissantes perturbant les schémas migratoires et réduisant la disponibilité de l’asclépiade, la plante nourricière essentielle pour les chenilles monarques. À mesure que les températures mondiales montent, les habitats d’asclépiade adaptés pourraient se déplacer vers les pôles, allongeant ainsi les distances que les monarques doivent parcourir.
Kristen Lundh, biologiste au service de la faune, a indiqué à l’Associated Press que le classement proposé comme espèce menacée représente un équilibre entre l’urgence et la situation générale de l’espèce. Elle a précisé que l’agence a opté pour la classification comme espèce menacée plutôt que comme en danger, car les monarques ne sont pas à risque immédiat d’extinction sur la majorité de leur aire de répartition.
Elle a également mentionné que les monarques à l’ouest des Rocheuses ont 95 % de chances de s’éteindre d’ici 2080, alors que 90 % de la population se trouve à l’est, avec des probabilités d’extinction variant de 57 % à 74 % dans ce délai.
La proposition de classement ouvre une période de 90 jours pour des commentaires publics, après quoi le service de la faune examinera les retours afin de rendre une décision finale d’ici décembre 2025. Les défenseurs de l’environnement espèrent que cette initiative stimulera les efforts pour préserver le papillon monarque pour les générations futures.
Cet article inclut des reportages de l’Associated Press.