La chute du régime d’Assad a poussé plusieurs pays européens, dont l’Autriche, à revoir leur politique d’asile pour les réfugiés syriens, avec des suspensions de procédures et des plans de renvoi. En Suède, les renvois sont également suspendus en raison de l’instabilité en Syrie. Le Danemark et la Norvège adoptent des mesures similaires, tandis que la France envisage de suspendre les demandes d’asile. La Grèce espère un retour sécurisé des Syriens dans leur pays d’origine.
La chute du régime d’Assad ouvre de nouvelles perspectives : plusieurs pays européens revoient leur approche des réfugiés syriens, en suspendant les procédures d’asile. L’Autriche adopte une position encore plus radicale.
À l’instar de l’Allemagne, d’autres nations européennes mettent temporairement en pause leurs décisions concernant l’asile des Syriens suite à la chute de Bashar al-Assad. L’Autriche a même mis en place un plan de renvoi pour les réfugiés syriens. ‘Avec la chute d’Assad, il devient possible de mettre fin à la véritable raison de leur fuite. Cela signifie qu’il existe désormais de nombreuses raisons valables pour envisager un retour en Syrie’, a déclaré le chancelier Karl Nehammer lors d’une interview.
Cette décision impacte directement environ 7 300 Syriens en Autriche qui sont en pleine procédure d’asile. Le pays prévoit également de réévaluer le statut de séjour des personnes bénéficiant uniquement d’une protection temporaire.
De plus, le regroupement familial est également suspendu jusqu’à nouvel ordre. Selon les déclarations du ministre de l’Intérieur Gerhard Karner, son ministère a été chargé de préparer un ‘programme de retour et de renvoi ordonné vers la Syrie’. Actuellement, environ 100 000 Syriens vivent en Autriche, faisant de ce pays l’une des principales destinations pour les Syriens en exil en Europe.
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Suède : une situation en Syrie précaire
Le responsable du département juridique de l’Agence suédoise des migrations, Carl Bexelius, a souligné que la situation en Syrie est ‘précaire’ et que les événements récents soulèvent des questions juridiques nécessitant une analyse approfondie.
Par conséquent, les autorités suédoises ont également décidé de suspendre les renvois jusqu’à ce que la situation politique en Syrie se stabilise. Jimmie Akesson, le leader du parti d’extrême droite des Démocrates de Suède, a exhorté les réfugiés à envisager un retour en Syrie. La Suède a accueilli en 2015 et 2016 le deuxième plus grand nombre de réfugiés syriens au sein de l’UE, juste après l’Allemagne.
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Réactions du Danemark et de la Norvège
L’Agence danoise d’asile a également annoncé la suspension ‘du traitement des demandes des personnes originaires de Syrie en raison de la situation incertaine dans le pays après la chute du régime d’Assad’. Cette décision concerne actuellement 69 cas.
Le Danemark est réputé pour sa politique d’asile stricte. À la mi-2020, il a été le premier pays de l’UE à réexaminer des centaines de dossiers de réfugiés syriens, arguant que la ‘situation à Damas’ ne justifiait plus un permis de séjour. Toutefois, aucun renvoi n’a été réalisé.
La Norvège a également décidé de ‘suspendre les demandes d’asile en provenance de Syrie jusqu’à nouvel ordre’, invoquant ‘les récents événements et changements en Syrie’, selon l’autorité concernée. Depuis le début de l’année, 1 933 demandes d’asile de Syriens ont été enregistrées en Norvège.
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France : une suspension en cours d’étude
Le ministère français de l’Intérieur a annoncé qu’il ‘étudie une suspension des procédures d’asile en cours pour les ressortissants syriens’. Une décision est attendue sous peu. D’après l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), plus de 4 000 demandes d’asile de Syriens ont été reçues cette année en France.
La France joue également un rôle important en tant que pays de transit pour les réfugiés cherchant à rejoindre le Royaume-Uni via la Manche. Entre janvier et septembre, près de 2 900 Syriens ont atteint le sol britannique en petites embarcations. Le ministère britannique de l’Intérieur a également annoncé avoir ‘suspendu temporairement’ les décisions relatives aux demandes d’asile des Syriens pendant que la situation est ‘évaluée’.
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Grèce : un retour en toute sécurité ?
La Grèce, point de passage pour de nombreux Syriens vers l’Europe centrale, espère désormais que ceux-ci pourront ‘retourner en toute sécurité’ dans leur pays d’origine. Le porte-parole du gouvernement, Pavlos Marinakis, a affirmé que la chute d’Assad devrait conduire à ‘la paix dans le pays et à un transfert de pouvoir harmonieux vers un gouvernement démocratique légitime’. Cela pourrait également signifier ‘la fin du flux de réfugiés en provenance de Syrie’.
Avec des informations de Silke Hahne, studio ARD Vienne