Des loyers élevés, des prix immobiliers en forte hausse et des emplois précaires mettent en péril les projets familiaux des jeunes Européens. En 2023, le taux de natalité dans l’UE a chuté à environ 3,67 millions de naissances, un niveau historiquement bas. Cette baisse, exacerbée par des crises mondiales, soulève des inquiétudes économiques pour la région, avec des conséquences sur la main-d’œuvre et les finances publiques. Des solutions, comme des incitations à la natalité, sont nécessaires pour faire face à ces défis.
Des loyers exorbitants, des prix immobiliers en flèche et des emplois instables : cette combinaison de crises mondiales met en péril les aspirations futures de nombreux jeunes. En Europe, le taux de natalité atteint des niveaux historiquement bas, engendrant des conséquences préoccupantes pour la puissance économique de la région.
Selon Eurostat, le nombre de naissances dans l’Union Européenne a chuté à un niveau alarmant en 2023, avec seulement environ 3,67 millions de bébés nés dans les 27 États membres, un chiffre qui n’avait pas été enregistré depuis 1961. En 2022, le total des naissances était déjà tombé en dessous des 4 millions pour la première fois depuis des décennies, avec environ 3,88 millions de naissances. Ainsi, la croissance démographique s’avère largement inférieure aux prévisions établies par les statisticiens de l’UE, qui anticipaient environ 4 millions de naissances annuelles.
Le vieillissement rapide de la population européenne et sa diminution ne sont pas des phénomènes récents. Ce qui soulève davantage d’inquiétude que cette baisse historique du nombre de naissances, c’est la conjoncture actuelle : le choc inflationniste le plus sévère depuis la Seconde Guerre mondiale, des perspectives économiques peu prometteuses et des crises internationales perturbent la planification familiale de nombreux jeunes Européens.
Une chute record des naissances
La baisse actuelle est d’autant plus frappante : entre 2022 et 2023, le nombre de naissances dans l’UE a chuté de 5,5 %, marquant la plus forte diminution annuelle depuis le commencement des enregistrements. Cette tendance, déjà en déclin depuis des décennies, a donc encore empiré depuis 2021.
Les économistes de l’OCDE suivent cette évolution démographique avec attention. Selon eux, la baisse des naissances est due à ‘une série de crises mondiales (comme la pandémie de Covid, les effets du changement climatique et la hausse du coût de la vie) qui amplifient les incertitudes économiques chez les jeunes, compliquant ainsi leur passage à la parentalité’, affirment les recherches de l’organisation publiées cet été. ‘Les jeunes rencontrent plus de difficultés que par le passé pour s’insérer sur le marché du travail, accéder à la propriété et peut-être même établir des relations’, rapporte un économiste de l’OCDE dans le ‘Financial Times’.
La situation est particulièrement préoccupante dans les pays où les conditions économiques sont les plus défavorables : en Grèce, chaque femme n’a en moyenne que 1,32 enfant, en Italie, ce chiffre est de 1,24 et en Espagne, il descend à 1,16. Dans ces pays, environ 80 % des jeunes adultes âgés de 20 à 29 ans vivent encore chez leurs parents, non seulement en raison de normes sociales plus traditionnelles, mais également à cause du manque de perspectives économiques, selon l’OCDE. L’Allemagne, avec un taux de natalité de 1,46, se situe à la moyenne de l’UE, tandis que des pays comme la Bulgarie (1,65), la Roumanie (1,71) et la France (1,79) affichent des taux plus élevés. En moyenne, les mères dans l’UE ont aujourd’hui 29,7 ans lors de la naissance de leur premier enfant.
Les conséquences de la baisse de la natalité sur l’économie européenne
La montée de la stérilité représente un défi majeur pour l’économie de l’UE, impactant des domaines allant des retraites à la défense, en passant par la compétitivité mondiale. Les gouvernements et les entreprises doivent anticiper un futur marqué par une croissance réduite, des recettes fiscales en baisse et une pénurie de main-d’œuvre.
Actuellement, la population de l’UE n’affiche pas encore de signes de déclin démographique : entre 2022 et début 2024, elle a augmenté de plus de trois millions, atteignant environ 449 millions d’habitants. Cependant, cette hausse est presque entièrement attribuable à l’immigration, notamment des réfugiés ukrainiens ayant fui le conflit avec la Russie. En réalité, dans l’UE, le nombre de décès dépasse largement celui des naissances.
Pour contrer les défis économiques liés au déclin démographique, la solution pourrait passer par une augmentation de la productivité technologique ou par des incitations à la natalité. Dans tous les cas, l’État devra investir massivement pour garantir la pérennité de ses fondements économiques.