samedi, décembre 21, 2024

Analyse du leader de la milice al-Jolani et des soulèvements en Syrie

Abu Muhammad al-Jolani, chef des milices HTS, tente de redéfinir son image de djihadiste en se présentant comme un leader politique modéré, appelant à la protection des civils et à la non-ingérence étrangère en Syrie. Ancien membre d’al-Qaïda, il cherche à se distancier de son passé violent tout en consolidant son pouvoir à Idlib. Malgré ses efforts, des doutes persistent quant à sa loyauté et ses intentions réelles, alors que les États-Unis le considèrent toujours comme une menace.

Un djihadiste transformé en leader politique ? Le chef des milices HTS, al-Jolani, s’efforce de redéfinir son image. Son passé est, cependant, entaché par ses liens avec des organisations islamistes, tandis que les États-Unis ont placé une prime de dix millions de dollars sur sa tête.

Chaque jour, de nouvelles déclarations d’Abu Muhammad al-Jolani émergent. Les forces qu’il dirige en Syrie continuent de remporter des victoires militaires. Al-Jolani s’est récemment affiché devant la forteresse d’Alep et a communiqué avec ses partisans, notamment au moyen d’une interview accordée à CNN.

« D’un point de vue militaire, la situation après la conquête de Hama n’est définitivement plus la même, » a déclaré al-Jolani. « Cependant, je préfère ne pas être trop optimiste dans nos combats. Il est préférable de rester prudent et vigilant, afin de ne pas tomber dans un faux sentiment de sécurité. »

Un leader modeste en quête de légitimité

Il est intéressant de noter qu’al-Jolani ne se présente pas encore comme un vainqueur. À plusieurs reprises, il a exhorté ses combattants à protéger les civils. Après la prise de Hama, il a exprimé : « Je demande à Allah, le Tout-Puissant, que cette libération soit faite sans vengeance, mais empreinte de grâce et de bonté. Loué soit Allah, le Seigneur des mondes. »

Il a également adressé un message clair aux alliés internationaux du régime Assad : ce conflit est une affaire syrienne, et ils doivent rester en dehors de cela.

Concernant le Premier ministre irakien, il a formulé un appel diplomatique : « Nous enjoignons les responsables politiques irakiens, en particulier vous, Monsieur Mohammed Shia’ As-Sudani, à veiller à ce que les milices irakiennes ne s’engagent pas en Syrie. Assurez-vous de ne pas permettre leur intervention pour soutenir un régime condamné à l’échec. »

Rapidement, des milices islamistes ont réussi à capturer la deuxième plus grande ville du pays, Alep.

Un héritage familial de résistance

Ahmed al-Sharaa, le vrai nom d’al-Jolani, est né en Arabie Saoudite. Sa famille provient des hauteurs du Golan, et son père était un opposant laïque au régime d’Assad, ayant passé de nombreuses années derrière les barreaux avant de s’exiler.

Son parcours en tant que djihadiste l’a amené à adopter le nom de guerre d’Abu Muhammad al-Jolani. De nombreux signes indiquent qu’il cherche à se distancer de ce nom tout autant que de son image d’islamiste violent.

Les rebelles ont surpris les forces d’Assad en Syrie et ont réussi à prendre le contrôle d’Alep.

Réinvention de l’image avec HTS

Cet effort de réinvention est également noté par l’expert militaire égyptien Mohamed Abdel Wahed, qui affirme : « Les insurgés ont abandonné leurs anciennes tactiques djihadistes. Al-Jolani a renoncé à son image islamique et se présente désormais comme un homme d’État à travers ses diverses interviews, adoptant un ton plus modéré et un vocabulaire approprié. »

Un djihadiste en tant que figure politique ? En ce moment, al-Jolani est au cœur de l’actualité syrienne. Beaucoup de ses opposants laïques à Assad voient les avancées des insurgés comme une véritable libération. Toutefois, le doute persiste. Al-Jolani a eu des relations étroites avec l’État islamique et était membre du Front al-Nusra, la branche syrienne d’al-Qaïda, ce qui a conduit les États-Unis à mettre une prime sur sa tête.

Rupture stratégique avec al-Qaïda

Al-Jolani a publiquement coupé les ponts avec al-Qaïda il y a plusieurs années. L’alliance de milices qu’il dirige, Hayat Tahrir al Sham (HTS), a renforcé son emprise sur certaines zones de la province d’Idlib, au nord-ouest de la Syrie, au cours des dernières années. Les rivaux ont été éliminés de manière brutale, et le HTS a été accusé de torture et de persécution de minorités dans la région.

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