Lady Samara, influenceuse tunisienne avec plus d’un million de followers, a été condamnée à plus de trois ans de prison pour avoir enfreint les valeurs morales, selon une nouvelle loi sur les réseaux sociaux. Cette législation vise à réprimer des contenus jugés indécents, mais suscite des critiques pour son utilisation politique. Son arrestation, ainsi que celle d’autres influenceurs, soulève des inquiétudes sur la liberté d’expression en Tunisie, particulièrement sous le régime de Kais Saied, où la répression s’intensifie.
Lady Samara : Influenceuse au cœur d’une controverse
Lady Samara, l’une des influenceuses les plus en vue de Tunisie, attire l’attention avec plus d’un million de followers sur Instagram et 800 000 sur TikTok. Elle partage des contenus variés, allant des conseils de maquillage à des moments de sa vie personnelle, comme son annonce de grossesse de cinq mois. Cependant, la fin octobre a marqué un tournant dramatique lorsqu’elle a été arrêtée et condamnée à plus de trois ans de prison.
Une nouvelle loi sur les réseaux sociaux en Tunisie
Amel Thamlaoui, de son vrai nom, est accusée d’avoir enfreint les valeurs morales tunisiennes, selon les autorités. Une nouvelle législation sur les réseaux sociaux, adoptée fin octobre, permet à la justice de poursuivre ceux qui partagent des contenus jugés contraires à la morale. Les défenseurs de cette loi affirment qu’elle rendra les plateformes comme TikTok et Instagram plus sûres, tandis que ses détracteurs y voient un moyen de réprimer toute critique du président Kais Saied.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2019, Saied a renforcé son autorité, limitant la liberté d’expression, en particulier à l’approche des élections de 2024. Des avocats, journalistes et militants ont été arrêtés, tandis que d’autres choisissent de s’autocensurer. L’arrestation récente d’un doctorant français, accusé de complot, illustre cette tendance inquiétante.
La police a également arrêté quatre autres influenceurs le même jour que Lady Samara, tous condamnés à des peines de prison pour des accusations similaires. Le ministère de la Justice soutient que les contenus indécents diffusés par ces influenceurs nuisent aux jeunes et que les vidéos en direct sur TikTok sont particulièrement problématiques, suscitant des plaintes des cercles conservateurs.
Ahmed Benchemsi, de Human Rights Watch, souligne que ces arrestations démontrent une volonté du gouvernement de se poser en défenseur de la morale, bien que les critères de ce qu’ils considèrent comme immoral demeurent flous. Lady Samara, malgré ses opinions parfois controversées, semble être ciblée non seulement pour ses déclarations, mais aussi pour son influence significative.
La portée de ses publications, qui atteignent des millions de personnes, représente une menace potentielle pour le gouvernement. Alors que la répression s’intensifie, les réactions du public restent limitées. Peu de manifestations ont suivi ces événements, et bien que certains internautes aient exprimé leur choc devant l’arrestation d’une femme enceinte, l’impact de cette situation sur la société tunisienne demeure incertain.