jeudi, décembre 5, 2024

Le président sud-coréen met fin à l’état d’urgence après l’assaut des troupes sur le parlement et les affrontements avec des civils.

Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a récemment instauré une loi martiale, provoquant une intervention militaire au parlement et des affrontements avec des manifestants. Bien qu’il ait justifié cette action par la nécessité de protéger la nation contre des menaces nord-coréennes, Yoon a rapidement fait marche arrière. En réponse, environ 40 députés prévoient de le destituer. La situation a engendré un chaos intense, illustrant les tensions politiques croissantes en Corée du Sud.

Le président sud-coréen a récemment opéré un revirement spectaculaire après avoir inexplicablement proclamé la loi martiale, entraînant une intervention militaire au sein du parlement et des affrontements avec des manifestants.

Yoon Suk Yeol avait donné l’ordre aux forces armées d’investir le bâtiment de l’Assemblée nationale à Séoul, arguant que cela visait à protéger la nation contre la menace de Kim Jong-un.

Cette déclaration inattendue a généré un tumulte intense, où des civils se sont même interposés comme boucliers humains face aux militaires, avant que le président ne revienne sur sa décision.

Dans un discours ultérieur, Yoon a affirmé que la loi martiale était nécessaire pour contrer ce qu’il qualifiait de menace émanant des membres d’opposition, perçus comme des alliés du régime nord-coréen, ainsi que pour neutraliser les éléments jugés anti-étatiques.

Cependant, lors d’une seconde adresse en direct, Yoon a indiqué qu’il cherchait à rassembler le minimum requis de membres de son cabinet afin de révoquer officiellement le décret d’urgence.

En réponse, un groupe d’environ 40 députés sud-coréens prévoit de déposer une proposition de destitution contre Yoon, comme rapporté par l’agence de presse Yonhap.

CHAOS ET CONFUSION

Le désordre et la confusion ont régné alors qu’un hélicoptère se posait sur le toit du parlement et que des chars étaient visibles dans les rues environnantes.

Des images saisissantes montrent des manifestants utilisant des extincteurs pour tenter d’empêcher les soldats de pénétrer dans le bâtiment.

D’autres séquences vidéo révèlent des foules qui s’efforcent de forcer des portes, criant des slogans tels que « Non à la loi martiale ! » au cœur des affrontements.

Des militaires armés de fusils d’assaut ont été aperçus braquant leurs armes sur des civils et des députés alors qu’ils tentaient d’accéder à l’Assemblée nationale.

Un clip a même montré des forces spéciales sud-coréennes escaladant des fenêtres pour entrer dans les lieux.

De nombreux députés sont restés assis dans l’hémicycle après avoir voté contre la décision présidentielle.

Les membres des deux bords politiques ont promis de contrecarrer cette initiative.

Le président de l’Assemblée nationale, Woo Won-sik, a alors présenté une résolution demandant l’abrogation de la loi martiale vers 16 heures, heure britannique (1 heure locale).

Il a révélé plus tard avoir dû escalader une clôture de cinq pieds au milieu du tumulte pour atteindre la salle et y convoquer un vote.

Sa résolution a été adoptée avec 190 des 300 membres présents, tous soutenant l’initiative.

ÉTAT D’URGENCE NATIONALE

Le président a sidéré le monde en affirmant qu’il n’avait d’autre option que de recourir à un régime militaire pour préserver la liberté et l’ordre constitutionnel.

Yoon a déclaré : « Je proclame la loi martiale afin de protéger la République de Corée des menaces communistes nord-coréennes, de détruire les forces anti-étatiques pro-nord-coréennes qui portent atteinte à la liberté de notre peuple, et de garantir l’ordre constitutionnel. »

Les droits civils peuvent être suspendus durant la loi martiale, où l’armée assure la sécurité en période d’urgence nationale.

Le commandant de la loi martiale a affirmé que les activités politiques étaient désormais « strictement interdites », mais cette directive a été défiée par des parlementaires au milieu de la tension croissante.

Le leader de l’opposition, Lee Jae-myung, a déclaré que le parlement s’efforcerait d’annuler la loi martiale de Yoon, tout en prévenant que l’armée pourrait tenter de stopper les membres du parlement.

Il a aussi appelé le public à se rassembler devant l’Assemblée nationale pour manifester son désaccord.

Les députés de l’opposition se sont précipités vers le bâtiment en érigeant des barricades pour bloquer l’accès aux soldats.

Depuis son entrée en fonction en 2022, Yoon a rencontré des difficultés pour avancer ses réformes face à un parlement dominé par l’opposition.

Il a été perçu comme un président en fin de mandat depuis que l’opposition a remporté une victoire écrasante, et certains ont même suggéré qu’il avait « perdu son calme » en qualifiant ses adversaires d' »anti-étatiques ».

Le parti conservateur de Yoon, le Parti du pouvoir populaire, est en conflit avec le parti d’opposition démocratique sur le projet de budget de l’année prochaine.

Yoon et sa femme, Kim Keon-hee, sont également impliqués dans des scandales de corruption, avec des accusations d’abus d’influence.

Le gouvernement britannique a conseillé à ses ressortissants en Corée du Sud d’éviter les manifestations politiques dans une mise à jour de son avis de voyage.

Dans un communiqué, le FCDO a déclaré : « Nous surveillons de près l’évolution de la situation suite à la déclaration de la loi martiale en Corée du Sud. »

ARCHI-ENNEMIS

La Corée du Sud et la Corée du Nord sont des ennemis jurés depuis des décennies.

Ces dernières années, les tensions le long de la frontière se sont intensifiées entre les deux nations, qui sont techniquement toujours en guerre, un traité de paix n’ayant jamais été signé après la guerre de Corée de 1950-1953.

Pyongyang a modifié sa constitution pour désigner la Corée du Sud comme un « État hostile ».

Le dictateur Kim Jong-un a rompu des accords, démoli des monuments à l’unification, et détruit des infrastructures reliant les deux pays, exacerbant ainsi les tensions militaires.

Une zone démilitarisée (DMZ) a été établie pour séparer les deux nations.

C’est l’un des endroits les plus minés au monde, symbolisant le conflit persistant entre le Sud et le Nord.

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