La Roumanie est confrontée à des conditions climatiques extrêmes, avec des sécheresses sévères et des inondations, entraînant des pertes de récoltes considérables. Les agriculteurs, dont beaucoup cultivent pour leur propre consommation, subissent des pertes allant jusqu’à 90 %. Le gouvernement prévoit de réhabiliter un ancien système d’irrigation, mais les coûts et le financement restent des obstacles majeurs. L’avancée du désert dans le sud du pays menace également l’agriculture, accentuant l’urgence d’une action rapide.
La Roumanie est confrontée à des conditions climatiques extrêmes, alternant entre sécheresse sévère et inondations dévastatrices. Ces phénomènes météorologiques affectent gravement les récoltes, tandis qu’au sud du pays, le désert continue de s’étendre. Les agriculteurs se battent pour leur survie, et le gouvernement envisage de réhabiliter un ancien système d’irrigation, un processus qui s’avère long et complexe.
Des milliers de tournesols se penchent, leurs têtes flétries par la sécheresse, et des champs de maïs sont devenus secs et bruns. Le sol, autrefois fertile, ressemble maintenant à un désert de poussière.
Cette été, la Roumanie a souffert d’une chaleur extrême et d’un manque de précipitations pendant plusieurs mois. Les lacs se sont asséchés, les puits sont devenus secs, et les récoltes ont été anéanties. Juin a été le mois le plus chaud jamais enregistré, avec des températures dépassant parfois les 40 degrés en juillet et août. Les agriculteurs ont été contraints de se rendre plus tôt dans leurs champs pour tenter de sauver ce qu’il leur restait.
Cette année, plus de deux millions d’hectares de terres cultivées pour le maïs et les tournesols ont été gravement touchés par la sécheresse, selon le gouvernement de Bucarest. Les agriculteurs ont subi des pertes allant jusqu’à 90 % de leurs récoltes, en particulier dans le sud du pays, notamment dans la région d’Oltenie. Un agriculteur local a déclaré qu’à part quelques rares pluies, il n’avait pas plu depuis mai, et la chaleur intense a ruiné la récolte de maïs.
Impact sur la production de tournesols et de maïs
La Roumanie demeure l’une des plus grandes régions productrices de tournesols et de maïs de l’Union européenne, malgré la baisse significative des récoltes cette année. Mais jusqu’à quand cela pourra-t-il durer ? Les agriculteurs roumains font face à des pertes de récolte pour la quatrième année consécutive, selon un rapport de Bloomberg.
Pour les graines de tournesol, la production a chuté de 2 millions de tonnes l’année dernière à 1,2 million de tonnes cette année. En ce qui concerne le maïs, la récolte a été de 7,6 millions de tonnes cette année, contre 8,7 millions de tonnes en 2022.
Les conséquences du changement climatique sont alarmantes pour l’agriculture roumaine. Les régions du sud sont particulièrement exposées au risque de sécheresse, selon l’indice de risque de sécheresse de l’Institut des ressources mondiales. Sur le plan global, la Roumanie se classe au huitième rang parmi les pays les plus menacés par les sécheresses en Europe et au Moyen-Orient.
Les coûts de l’irrigation pèsent sur les agriculteurs
Avec près de 3,5 millions d’agriculteurs, la Roumanie détient le record du plus grand nombre d’agriculteurs dans l’Union européenne, représentant environ un tiers des exploitations agricoles de l’UE. Environ 90 % de ces agriculteurs possèdent moins de cinq hectares de terre et cultivent principalement pour leur propre consommation. Selon des sources, la Roumanie est plus dépendante de l’agriculture que tout autre pays de l’UE, et cette année, le secteur a accumulé des pertes de deux milliards d’euros.
La Roumanie possède pourtant des terres agricoles de grande qualité. Près de la moitié de ces terres sont composées de terre noire très fertile, une ressource rare en Europe. Cependant, en raison de la sécheresse persistante, les agriculteurs doivent irriguer de plus en plus de terres, mais beaucoup d’entre eux manquent de fonds pour investir dans la technologie nécessaire. Les coûts d’irrigation ont presque doublé, selon un agriculteur interrogé. Heureusement, l’Union européenne apporte un soutien financier de 400 millions d’euros aux agriculteurs affectés par la sécheresse.
Rénovation d’un système d’irrigation obsolète
Autrefois, durant l’ère soviétique, la Roumanie était dotée d’un vaste réseau de canaux d’irrigation. Malheureusement, ce système a été négligé pendant des décennies et ne fonctionne plus efficacement. Avant 1989, il couvrait environ 3,2 millions d’hectares, mais aujourd’hui, seulement 1,6 million d’hectares en bénéficient.
Le gouvernement roumain s’est engagé à reconstruire ce réseau d’irrigation, en partie grâce aux fonds européens. Cependant, le financement reste insuffisant. L’objectif est d’irriguer 2,2 millions d’hectares supplémentaires.
Le canal Siret-Baragan pourrait jouer un rôle crucial pour l’irrigation dans le sud-est du pays, s’il est enfin achevé. Ce projet, approuvé en 1988, devait s’étendre sur environ 190 kilomètres pour acheminer l’eau du fleuve Siret vers les champs arides. Cependant, jusqu’à présent, seule une petite portion a été réalisée, irriguant actuellement 7 000 hectares. Le gouvernement a promis d’achever les sections restantes du canal, avec des travaux devant débuter au premier trimestre 2025, après plusieurs décennies de retard.
Prévenir l’avancée du désert
Face à cette situation critique, de nombreux agriculteurs ne souhaitent pas attendre la mise en œuvre des solutions proposées. Dans le sud, les conditions sont si arides que la région est surnommée le « Sahara de la Roumanie ». Les conséquences des pratiques agricoles sous Ceaușescu, comme l’abattage d’arbres et l’assèchement des rivières, sont désormais visibles, avec des températures du sol atteignant jusqu’à 70 degrés en été.
Selon l’ingénieur forestier Cosmin, « cent mille hectares sont déjà affectés » par cette avancée désertique, ce qui souligne l’urgence d’agir pour préserver les terres agricoles de Roumanie.