La nouvelle Commission européenne se fixe des objectifs ambitieux pour stimuler l’économie, renforcer la sécurité et protéger les libertés face aux menaces internes et externes. Avec des priorités claires, elle s’engage à améliorer la compétitivité économique, à coordonner une réponse sécuritaire efficace et à promouvoir une transition écologique durable. Les défis, tels que la désinformation et le financement, nécessitent une approche collaborative et innovante pour assurer la prospérité et la résilience de l’Europe.
Revitaliser l’économie et renforcer la sécurité de l’Europe face aux menaces internes et externes : la stratégie de la nouvelle Commission européenne est prometteuse, mais sa mise en œuvre s’annonce difficile.
À première vue, les obstacles semblent gigantesques, mais ils sont au moins clairement identifiés, avec trois missions centrales qui se dessinent comme des priorités à travers les agendas chargés de la nouvelle Commission européenne : l’économie doit devenir plus compétitive face à une concurrence incessante.
L’Europe doit améliorer sa sécurité, tant sur le plan militaire que civil. Simultanément, il est impératif de défendre les libertés européennes, également menacées par des défis internes.
Cependant, la complexité réside dans les détails. La nouvelle Commission européenne mise sur un sentiment renforcé d’appartenance comme prérequis à la véritable transformation : l’UE doit évoluer d’un géant peu maniable à un navire agile capable de réagir rapidement.
La planification financière à moyen terme, loin d’être une simple question de chiffres, représente le levier essentiel pour cette transformation. Un projet sera dévoilé par la Commission européenne l’été prochain.
Les priorités de l’Union européenne
La nouvelle Commission européenne
Kaja Kallas face à un défi de taille
La sécurité, un des enjeux majeurs de l’UE. L’ancienne Première ministre estonienne Kaja Kallas, en tant que nouvelle haute représentante de l’UE, devra mieux coordonner les diverses positions après que l’UE ait été critiquée pour son manque d’efficacité dans le conflit au Moyen-Orient.
Le soutien à l’Ukraine doit se poursuivre, et même augmenter, surtout si d’autres bailleurs de fonds, comme les États-Unis, se retirent. L’influence politique de Kallas en tant que cheffe de la diplomatie de l’UE dépendra également de la capacité des États européens à investir au-delà des 1,9 % de leur produit intérieur brut en défense, une responsabilité qui incombe au nouveau commissaire à la défense.
Henna Virkkunen : lutte contre la désinformation
Le rôle de la Finlandaise Henna Virkkunen est également crucial en tant que nouvelle vice-présidente exécutive pour la sécurité, la démocratie et les valeurs. Elle devra s’attaquer à la désinformation et protéger l’Europe contre les cyberattaques hybrides ainsi que d’autres menaces pesant sur les infrastructures critiques.
Sous sa devise – ‘Dans le domaine cybernétique, notre force dépend de notre maillon le plus faible’ – la nécessité d’une législation uniforme est essentielle pour permettre des réactions rapides.
La base de son action repose sur le rapport Niinistö de l’ancien président finlandais, qui a mis en lumière des lacunes majeures en matière de prévention militaire et civile.
Teresa Ribera Rodríguez et la transition écologique
La social-démocrate espagnole Teresa Ribera Rodríguez a pour mission de concilier la transition écologique avec la politique économique européenne. Son message est clair : l’Europe ne pourra pas garantir sa prospérité à long terme tant qu’elle dépendra des combustibles fossiles importés. La Commission européenne prévoit de nouvelles initiatives pour assurer des prix de l’énergie compétitifs.
Le Danois Dan Jörgensen, en charge du logement et de l’énergie, a déjà annoncé qu’aucun financement de l’UE ne serait alloué à de nouvelles centrales nucléaires. De nombreuses questions restent encore en suspens.
Les défis économiques avaient été soulignés par l’ancien président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, dans un rapport détaillé : des prix de l’énergie trop élevés, une innovation insuffisante et des investissements trop limités.
Ces vérités délicates reposent sur plusieurs épaules au sein de la nouvelle Commission. Cela a été délibérément planifié : l’objectif est que la Commission européenne travaille de manière ‘interactive et connectée’, selon les mots d’Ursula von der Leyen.
La nouvelle Commission européenne, dirigée par Ursula von der Leyen, entamera ses activités le 1er décembre.
Un poste clé pour Stéphane Séjourné
La capacité de l’Europe à se défendre économiquement contre des puissances comme les États-Unis ou la Chine dépendra fortement du commissaire à l’industrie, Stéphane Séjourné. Proche d’Emmanuel Macron, il surveillera non seulement le marché intérieur en difficulté, mais aussi les commissaires responsables de l’économie, de la productivité et du commerce.
Séjourné devra s’assurer que la demande pour les produits européens ne s’effondre pas, surtout si les États-Unis ou la Chine adoptent des mesures protectionnistes ou si l’Europe se retrouve plongée dans une guerre commerciale.
L’ère des grands accords de libre-échange négociés pendant des décennies est révolue. L’échec d’un accord avec les États latino-américains du Mercosur a servi de leçon à la nouvelle Commission : à l’avenir, la politique commerciale doit être conçue de manière ‘plus intelligente’ et plus flexible, comme l’a exprimé Séjourné avec un ton de désillusion.
Un fonds européen pour la compétitivité doit orienter les investissements vers les bonnes priorités et renforcer les technologies clés. La tant attendue ‘union bancaire’ doit garantir que les start-ups innovantes ne s’effondrent pas à la première difficulté.
Piotr Serafin et la planification financière
Dans les mois à venir, la bataille pour les financements va commencer. Sous la direction du Polonais Piotr Serafin, la Commission européenne prévoit de présenter l’année prochaine une planification financière à moyen terme, qui aura des implications politiques, car Serafin souhaite lier cela à l’état de droit, notamment en ce qui concerne la Hongrie.
Le cadre actuel (2021-2027) comprend 1134,6 milliards d’euros. À l’avenir, il est prévu de réduire le nombre de fonds et de programmes de dépenses (actuellement 37, contre 58 par le passé), de diminuer la bureaucratie tout en augmentant la flexibilité et la simplification. Certains domaines nécessiteront une attention particulière : gestion des frontières, contrôle et lutte contre la migration irrégulière.