jeudi, novembre 28, 2024

Sanctions contre la Russie : L’UE impose des mesures plus sévères que la Suisse, mais le Conseil fédéral reste inactif.

La Suisse fait face à des critiques pour son application des sanctions contre la Russie, surtout en comparaison avec l’Union Européenne qui a renforcé ses règles. Les différences notables incluent la confiscation d’actifs et les sanctions pour les entreprises, où l’UE impose des amendes plus sévères. Le Conseil fédéral estime qu’aucun changement immédiat n’est nécessaire dans la législation suisse, tout en restant attentif aux évolutions internationales.

Sanctions Suisses et Contexte Européen

La Suisse est souvent critiquée pour son manque d’efficacité dans la mise en œuvre des sanctions contre la Russie. Cette critique a résonné au cours des deux dernières années et demie, provenant principalement de l’étranger et parfois du camp politique de gauche en Suisse. Un point de comparaison évident est l’Union Européenne, dont la Suisse a adopté presque toutes les sanctions imposées à la Russie.

En 2024, l’UE a renforcé ses normes avec deux nouvelles directives. La première impose des exigences minimales pour la gestion des violations des sanctions. La seconde directive traite de la confiscation des biens acquis illégalement. Les États membres doivent se conformer à ces directives d’ici mai 2025 et novembre 2026, rendant ainsi les règles de l’UE plus strictes que celles de la Suisse sur certains aspects, comme l’a rapporté le Conseil fédéral.

Différences dans la Confiscation des Actifs

Depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022, la confiscation des actifs russes gelés est un sujet de débat crucial. En Suisse comme en UE, la confiscation est généralement permise uniquement pour les actifs obtenus illégalement, et cela uniquement après une condamnation pénale. Cependant, la nouvelle directive de l’UE élargit cette possibilité : si une personne est condamnée, l’État peut saisir des parties de ses actifs même si elles ne sont pas directement liées au crime, à condition qu’un tribunal soit convaincu qu’elles proviennent également d’activités criminelles, sans nécessiter de preuve formelle de celles-ci.

En revanche, en Suisse, cette confiscation élargie est limitée aux individus qui appartiennent ou soutiennent une organisation criminelle, ce qui constitue un cadre moins flexible. D’autres divergences notables incluent l’utilisation des fonds confisqués, où l’UE permet leur emploi au bénéfice de pays tiers comme l’Ukraine, et l’organisation des autorités, l’UE établissant des entités centralisées pour la gestion des actifs illégaux.

Le Conseil fédéral a également noté une nouvelle approche dans la saisie des actifs gelés en cas de dissimulation, ce qui n’est pas prévu dans la législation suisse actuelle. Concernant les actifs de la Banque centrale russe, bien que ces derniers soient considérés comme des actifs légaux, la situation est compliquée par leur localisation chez des institutions variées.

Incohérences dans les Sanctions pour les Entreprises

Les différences juridiques entre l’UE et la Suisse s’étendent également aux sanctions pénales pour violations des règles. Le Conseil fédéral a constaté que les peines de prison sont similaires, mais les amendes pour les personnes physiques diffèrent. Alors que l’UE n’impose pas de plafond, la Suisse le fixe à 100 000 francs, avec la possibilité d’une amende supplémentaire allant jusqu’à 540 000 francs.

Pour les personnes morales, l’UE prévoit des amendes pouvant atteindre 40 millions d’euros, tandis que la législation suisse sur les embargos ne prévoit pas de sanctions pour les entreprises. La loi pénale administrative suisse impose une amende maximale symbolique de 5 000 francs, bien qu’une augmentation à 50 000 francs soit envisagée. En général, les amendes pour entreprises dans le code pénal peuvent atteindre 5 millions de francs, mais cette règle est rarement appliquée.

Malgré ces différences marquées, les rapports gouvernementaux n’ont pas recommandé de changements. Le Conseil fédéral a souligné qu’il n’y a pas de besoin d’action immédiate concernant les règles suisses, précisant qu’il continuera à suivre les évolutions à l’étranger.

- Advertisement -

Latest