vendredi, novembre 29, 2024

Israël : Le gouvernement opte pour le boycott du journal progressiste Haaretz

Le gouvernement israélien a décidé de rompre tout contact avec le journal « Haaretz » suite à des déclarations du rédacteur en chef Amos Schocken, qui a critiqué le gouvernement et qualifié certains Palestiniens de « combattants de la liberté ». Cette décision, prise sans discussion préalable, soulève des inquiétudes sur la liberté de la presse déjà menacée en Israël, où des mesures restrictives se multiplient, ainsi que des accusations de désinformation.

Le gouvernement israélien a rompu tout lien avec le journal de gauche « Haaretz », le plus ancien quotidien de l’État juif, en adoptant une décision qui interdit toute communication officielle avec celui-ci. Selon un rapport publié par « Haaretz », cette résolution, portée par le ministre des Communications Shlomo Karhi, a été adoptée sans qu’elle figure à l’ordre du jour de la réunion hebdomadaire du cabinet, empêchant ainsi un examen habituel par le bureau du procureur général.

La décision de boycotter le journal est survenue suite à des déclarations controversées faites par le rédacteur en chef, Amos Schocken, lors d’une conférence à Londres. Schocken avait alors plaidé pour des sanctions contre les membres du gouvernement israélien et avait qualifié certains Palestiniens militants de « combattants de la liberté », bien qu’il ait par la suite précisé qu’il ne visait pas les membres du Hamas.

Un journal critique et une portée limitée

« Haaretz » se distingue comme l’un des rares médias israéliens à exprimer une critique ouverte concernant les actions d’Israël dans le cadre de la guerre de Gaza. Le mois précédent, le quotidien avait publié un éditorial dénonçant une épuration ethnique dans le nord de la bande de Gaza où l’armée israélienne avait intensifié ses opérations militaires, demandant l’évacuation des habitants et restreignant l’aide humanitaire.

Malgré ses critiques, « Haaretz » est principalement lu par un public international et ne reflète pas nécessairement l’opinion générale en Israël. Un sondage récent a révélé que le journal ne touche qu’environ cinq pour cent des lecteurs israéliens. En réponse à ses critiques, Karhi avait déjà accusé le journal de propager des idées défaitistes et de nuire à l’État pendant le conflit. Il a déclaré que les propos de Schocken avaient suscité du mécontentement et révélé un décalage avec les valeurs fondamentales du pays en guerre.

Les effets de ce boycott sur les activités de « Haaretz » et ses finances restent incertains. Une employée du journal a exprimé ses inquiétudes quant à la perte potentielle de l’accréditation du bureau de presse gouvernemental. Dans un communiqué, « Haaretz » a dénoncé cette mesure comme une nouvelle tentative de Netanyahu de miner la démocratie en Israël.

Pression sur les médias en Israël

La liberté de la presse en Israël est déjà sous pression, comme l’a montré l’interdiction en mai dernier de la chaîne qatarie al-Jazeera sur le territoire. Parallèlement, un projet de loi visant à privatiser la chaîne de télévision publique Kan a été adopté, menaçant de fermeture la chaîne si aucun acheteur n’est trouvé dans les deux ans. Le bureau du procureur général a exprimé des inquiétudes concernant ces mesures, qui, selon lui, restreignent l’accès à des nouvelles indépendantes.

Des organisations telles que la Fédération internationale des journalistes et Reporters sans frontières ont alerté sur la détérioration de la liberté de la presse en Israël depuis le début des hostilités à Gaza. Dans l’indice mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières, Israël se classe actuellement au 101e rang sur 180, bien que ce classement demeure supérieur à celui de nombreux pays du Moyen-Orient. Cependant, les campagnes de désinformation et les lois restrictives continuent de croître, selon l’organisation.

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