mercredi, décembre 25, 2024

Northvolt, le fabricant de batteries, déclare faillite : un coup dur pour l’industrie allemande

Northvolt, startup suédoise, cherche à réduire la dépendance de l’industrie automobile européenne aux batteries chinoises, mais fait face à des défis financiers croissants. Elle a demandé une protection des créanciers tout en recherchant de nouveaux investisseurs. Le PDG démissionne, et la société doit gérer une dette de 5,8 milliards de dollars. Malgré un soutien gouvernemental pour son projet en Allemagne, la demande de batteries n’augmente pas comme prévu, entraînant des licenciements et une réduction des ambitions d’expansion.

Northvolt, la startup suédoise, s’efforce de diminuer la dépendance de l’industrie automobile européenne envers les batteries chinoises. Des géants comme Volkswagen et BMW y investissent aussi. Toutefois, les prévisions de commandes ne se réalisent pas, et les dettes de Northvolt deviennent préoccupantes. De plus, le PDG de l’entreprise a décidé de quitter son poste.

Protection des créanciers et nouvelle direction

La société suédoise Northvolt, spécialisée dans la fabrication de batteries, a sollicité une protection des créanciers en vertu de la législation américaine et est à la recherche d’un nouvel investisseur. Cette annonce a été faite jeudi dernier. La procédure de redressement, conforme au chapitre 11 du code des faillites américain, permet à Northvolt de se protéger temporairement de ses créanciers, facilitant ainsi sa relance financière. ‘L’objectif principal consiste à collaborer avec un ou plusieurs investisseurs financiers stratégiques à long terme’, précise le document judiciaire. Parallèlement, l’entreprise a sécurisé un accès à 245 millions de dollars, garantissant ainsi sa survie durant les semaines à venir.

Par ailleurs, Peter Carlsson, le directeur de Northvolt, a annoncé sa démission. Ancien responsable chez Tesla et cofondateur de Northvolt, il continuera à siéger au conseil de surveillance et agira en tant que conseiller principal. La recherche d’un nouveau directeur général est déjà en cours.

Il est à noter que la filiale allemande de Northvolt bénéficie d’un financement indépendant de la société mère et n’est pas affectée par la procédure du chapitre 11. Le projet de construction à Heide, en Schleswig-Holstein, demeure un axe stratégique pour Northvolt, qui prévoit d’y produire jusqu’à un million de cellules de batteries pour véhicules électriques par an, créant ainsi 3000 emplois. L’État et le gouvernement fédéral soutiennent ce projet de 4,5 milliards d’euros avec environ 700 millions d’euros de subventions, auxquelles s’ajoutent des garanties potentielles de 202 millions d’euros, en attente d’approbation.

Partenariats et défis financiers

Les documents judiciaires révèlent que Northvolt ne dispose actuellement que de 30 millions de dollars en liquidités, une somme insuffisante pour tenir plus d’une semaine. Pendant ce temps, la dette de l’entreprise a atteint 5,8 milliards de dollars. Malgré les négociations récentes avec ses créanciers pour un financement, les discussions n’ont pas abouti.

Récemment, le fabricant suédois de camions Scania a accordé un prêt de 100 millions de dollars à Northvolt pour soutenir la production de cellules de batteries à Skelleftea, dans le nord de la Suède. Scania achète déjà des batteries auprès de Northvolt. Les 145 millions de dollars restants proviennent de Northvolt, qui ont été réservés comme garanties. Volkswagen est le principal actionnaire de Northvolt, avec des participations également de Goldman Sachs et BMW. Ces deux derniers n’ont pas souhaité commenter la situation, tandis que Volkswagen a indiqué être en contact étroit avec Northvolt.

Le groupe d’investissement Vargas, dirigé par Harald Mix, cofondateur de Northvolt, a qualifié cette démarche de nécessaire pour renforcer la structure du capital. Cela permettra à l’entreprise de maintenir ses opérations tout en se concentrant sur l’augmentation de la production et la réduction des coûts. Ils sont convaincus que Northvolt pourra surmonter cette période difficile, avec l’objectif de finaliser la restructuration d’ici le premier trimestre 2025, en continuant ses activités normalement d’ici là.

Récemment, le gouvernement suédois a exprimé son souhait de ne pas acquérir de parts dans Northvolt. L’entreprise n’a jamais réussi à dégager des bénéfices et fait face à des problèmes de qualité et de retards. En juin, BMW a décidé de retirer un contrat d’une valeur de deux milliards d’euros. En raison de la perte de commandes et des difficultés de montée en production, Northvolt a drastiquement réduit ses plans d’expansion, licencié plusieurs milliers d’employés et vendu des filiales. Récemment, Northvolt a également nommé Paul O’Donnell, un expert en restructuration, à la tête de son site principal dans le nord de la Suède.

La demande de protection des créanciers représente un revers pour les initiatives européennes visant à diminuer la dépendance envers des fabricants chinois tels que CATL et BYD, dans le cadre d’une industrie de batteries locale. Selon l’Agence internationale de l’énergie, 85 % de la production mondiale de cellules de batteries provient de la Chine. Bien que Northvolt ait été à la pointe de plusieurs startups européennes investissant massivement dans la production de batteries, la demande n’a pas progressé aussi rapidement que certaines parties de l’industrie l’avaient anticipé. En raison de la perte de commandes et des problèmes de montée en production, Northvolt a dû considérablement réduire ses ambitions d’expansion, entraînant des licenciements massifs et des ventes d’actifs.

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