jeudi, décembre 26, 2024

Risques liés à Donald Trump : Landis + Gyr, l’entreprise suisse traditionnelle, doit réévaluer sa stratégie américaine.

Landis + Gyr, fondée en 1896 en Suisse, est un leader dans les compteurs électriques numériques. Bien que l’entreprise ait du potentiel sur le marché américain, elle fait face à des défis, notamment un cours de l’action en baisse et des incertitudes liées aux politiques tarifaires de Trump. Le nouveau PDG, Peter Mainz, pourrait aider à naviguer ces défis. La société envisage des ventes d’activités en Europe pour se concentrer sur le marché américain, où la demande est forte.

Landis + Gyr : Un nom emblématique en Suisse, connu pour ses compteurs électriques qui équipent de nombreux sous-sols. Fondée en 1896 par Adelrich Gyr à Zug, la société a rapidement été dirigée par l’ingénieur Heinrich Landis. Aujourd’hui, Landis + Gyr est reconnu comme un pionnier européen dans le domaine des compteurs électriques numériques, souvent appelés compteurs intelligents.

Mais ce n’est pas tout : l’entreprise s’engage également dans le développement d’appareils et d’applications pour la gestion des réseaux électriques. Avec la transition énergétique en plein essor, Landis + Gyr est idéalement positionnée pour capter une demande croissante, à l’instar de l’entreprise ABB dans le secteur de l’électrification.

Cependant, jusqu’à présent, l’entreprise n’a pas réussi à capitaliser sur cette tendance. Le cours de l’action est en dessous de celui de son introduction en bourse à l’été 2017, et les revenus stagnent depuis plusieurs années.

Un marché américain à fort potentiel

La situation pourrait évoluer : en se concentrant sur le marché américain, qui connaît un besoin d’investissement important, Landis + Gyr pourrait tirer parti de nouvelles opportunités. Toutefois, l’éventuel retour au pouvoir de Donald Trump, un protectionniste avéré et un fervent défenseur de l’industrie pétrolière et gazière, pourrait compliquer les choses. Si Trump met en œuvre ses promesses, Landis + Gyr devra s’adapter rapidement.

Pour renforcer sa présence en Amérique du Nord, Landis + Gyr a annoncé la vente de ses activités en Europe il y a trois semaines. De plus, le départ soudain de son PDG, Werner Lieberherr, a été suivi de l’arrivée de Peter Mainz, un manager plus jeune avec une solide expérience dans le secteur électrique américain.

Cependant, la décision de Lieberherr de quitter son poste, alors qu’il atteindra l’âge de la retraite au printemps prochain, a surpris beaucoup de monde. Bien que l’entreprise ait prévu de prendre jusqu’à 18 mois pour réorienter ses activités, ce changement rapide pourrait apporter plus de clarté dans un avenir proche.

Les défis des tarifs douaniers

Un défi majeur pourrait provenir des politiques tarifaires de Trump. Le président élu souhaite réduire l’importance du Mexique, non seulement comme pays d’origine pour les immigrants, mais également en tant que site de production. Il a évoqué des tarifs élevés sur les importations, qui pourraient affecter directement les opérations de Landis + Gyr, notamment sa fabrique à Reynosa, au Mexique, qui alimente le marché américain.

Si Trump met en œuvre des hausses de tarifs, Landis + Gyr devra envisager de relocaliser sa production aux États-Unis, où elle n’a actuellement pas d’usine. Des défis similaires affectent d’autres entreprises, comme le fabricant de modules solaires Meyer Burger, qui peine à importer des cellules solaires pour les transformer aux États-Unis.

Le nouveau PDG, Peter Mainz, possède l’expertise nécessaire pour naviguer dans ces incertitudes. Membre du conseil d’administration de Landis + Gyr depuis 2018, il a également été responsable de Sensus, un fournisseur américain de compteurs électriques, et a une expérience précieuse chez Itron, un concurrent sur le marché américain.

La concentration sur les États-Unis est une stratégie logique, puisque 60 % du chiffre d’affaires total de 925 millions de dollars de l’entreprise provient de ce marché entre avril et septembre. De plus, 89 % du bénéfice d’exploitation ajusté (Ebitda) provient également des États-Unis, ce qui témoigne des avantages de Landis + Gyr sur le marché américain.

La vente d’activités en Europe envisagée

Le réseau électrique américain, vieillissant, nécessite des investissements considérables, et Landis + Gyr se distingue par ses solutions de gestion de l’électricité. Bien que le soutien gouvernemental pour les modernisations soit incertain sous une administration Trump, l’ancienne direction de l’entreprise restait confiante quant à la demande future.

En revanche, le marché européen des compteurs est très fragmenté et moins rentable, ce qui pousse Landis + Gyr à réfléchir à l’avenir de ses opérations en Europe. Une réduction ou même la vente de certaines activités pourrait être envisagée.

Bien que l’entreprise ne produise plus en Suisse, elle pourrait conserver son siège à Cham, dans le canton de Zug, en raison de son attractivité fiscale, tout en envisageant une cotation en bourse aux États-Unis à moyen terme. Une situation similaire est observée chez le géant du ciment Holcim, qui souhaite également se désengager de ses activités nord-américaines.

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