L’Union européenne, malgré ses quatre libertés fondamentales, fait face à des défis significatifs dans ses transactions transfrontalières. La complexité des réglementations nationales entrave le commerce, particulièrement dans le secteur des services. Les préoccupations économiques croissantes, accentuées par des menaces externes comme les politiques commerciales de Donald Trump, soulignent la nécessité d’une harmonisation et d’une simplification du marché intérieur. Les initiatives pour renforcer ce marché, notamment dans les services de télécommunications et les marchés de capitaux, rencontrent souvent des résistances dues aux intérêts nationaux.
L’Union européenne représente un vaste marché intérieur, où l’on pourrait penser que les transactions transfrontalières se déroulent sans encombre. En effet, l’UE se vante de ses quatre libertés fondamentales, qui garantissent la libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux.
Cependant, la réalité est tout autre. Par exemple, s’il est impossible pour un citoyen belge ayant un compte bancaire allemand de s’abonner à un journal néerlandais, c’est que le système de publication bloque la transaction. Ce genre de situation illustre les défis auxquels sont confrontés l’économie européenne et un secteur des médias déjà fragilisé.
Les préoccupations économiques à Bruxelles
Les consommateurs se posent alors la question : comment un artisan allemand peut-il établir un contrat en Autriche ? Les commerçants soulignent que la complexité des réglementations nationales est un véritable obstacle. L’UE, bien que peuplée de 450 millions d’habitants et considérée comme l’un des plus grands marchés mondiaux, est un véritable parcours du combattant pour les entrepreneurs et les consommateurs. Tandis que le commerce de biens continue de fonctionner, les services rencontrent des blocages importants.
Ce problème structurel exige une attention urgente de la part de l’UE, surtout dans un contexte où l’incertitude économique grandit. Paolo Gentiloni, le commissaire européen à l’économie, a récemment averti que les « incertitudes ont augmenté », un constat particulièrement pertinent dans la conjoncture actuelle.
En toile de fond, la menace de Donald Trump, qui s’apprête à devenir président des États-Unis, plane sur l’économie européenne. Ses déclarations concernant des droits de douane élevés sur les produits chinois et européens pourraient avoir des répercussions dévastatrices sur l’économie de l’UE. Selon Florian Dorn, économiste à l’institut Ifo de Munich, l’UE serait la plus touchée en cas de conflit commercial. Pour maintenir sa prospérité économique, l’Europe a besoin de libre-échange.
La Commission européenne, bien consciente de ces menaces, espère que la raison prévaudra aux États-Unis. Gentiloni insiste sur l’importance des relations économiques étroites entre l’UE et les États-Unis, qui stabilisent l’économie mondiale.
Actuellement, l’UE fait face à des défis économiques majeurs : des investissements privés insuffisants, des coûts énergétiques élevés, une pénurie de travailleurs qualifiés et des finances publiques sous pression. La politique économique axée sur la demande de ces dernières années semble avoir des conséquences désastreuses, car chaque problème a été en grande partie résolu par un endettement accru. D’après Dorn, cette approche est trop simpliste, surtout sans garantie que ces fonds seront investis judicieusement.
Un exemple frappant est le fonds de relance post-COVID (« Next Generation EU ») dans le cadre duquel l’UE prévoit d’emprunter plus de 700 milliards d’euros. Les économistes mettent en garde contre la durée trop courte de ces mesures pour en garantir un usage efficace. De plus, la question des intérêts des obligations reste encore sans réponse, et les États membres semblent peu enclins à respecter leurs promesses de nouvelles sources de revenus.
Renforcer le marché intérieur de l’UE
Il est donc clair que continuer à augmenter les dépenses n’est pas une solution viable. L’UE devrait plutôt se concentrer sur l’amélioration de son atout principal : son marché intérieur. Markus Ferber, porte-parole du Parti populaire européen à Bruxelles, souligne que l’UE doit avancer vers moins de bureaucratie, moins d’obstacles non tarifaires, et davantage de règles harmonisées au niveau européen.
C’est un paradoxe que les représentants de l’UE se plaignent du départ des startups vers les États-Unis. L’ancien président de la BCE, Mario Draghi, a une fois de plus attiré l’attention sur ce problème dans un rapport commandé par Ursula von der Leyen. Les jeunes entrepreneurs sont attirés par un marché plus vaste qui favorise une croissance rapide des ventes.
Cependant, avec 100 millions d’habitants en plus que les États-Unis, le marché de l’UE est en réalité plus grand. Les startups y font face à de nombreuses barrières, notamment en matière d’approbation des produits. Un approfondissement du marché intérieur pourrait être très bénéfique pour l’UE.
Malgré cet enjeu, l’UE travaille déjà sur ce sujet depuis un certain temps, notamment par la libéralisation du marché des services de télécommunications. Bien qu’il y ait eu des avancées, comme la suppression des frais d’itinérance, le marché unique reste encore à réaliser. Par exemple, un résident allemand ne peut pas conclure un contrat de smartphone avec Telekom Austria A1 à Vienne, car les marchés sont protégés pour favoriser certains fournisseurs.
Les discussions autour d’une union des marchés de capitaux sont également en retard par rapport aux ambitions affichées. Récemment, des politiciens allemands ont exprimé leur mécontentement face à l’acquisition par la grande banque italienne Unicredit d’une participation dans la Commerzbank. De telles transactions transfrontalières sont pourtant essentielles pour établir un véritable marché des capitaux en Europe.
Malheureusement, les intérêts nationaux entravent souvent l’avancement du marché intérieur. Les États membres sont prêts à soutenir des initiatives où ils se sentent forts, mais hésitent à faire des concessions dans des domaines où ils se sentent vulnérables.