Le discours d’Enrico Berlinguer, prononcé le 7 juin 1984, est devenu tragique lorsqu’il a subi un AVC en plein allocution. Décédé quatre jours plus tard, ses funérailles ont rassemblé plus d’un million de personnes. Son héritage perdure, symbolisé par une exposition et un film sur sa vie, tandis que le PCI, sous sa direction, a réalisé des résultats historiques aux élections. Berlinguer est toujours considéré comme une figure emblématique, incarnant une époque de politique sincère et réfléchie.
Un Discours Émouvant et Tragique
La séquence vidéo de ce moment historique est poignante. Le 7 juin 1984, Enrico Berlinguer prend la parole sur la Piazza della Frutta à Padoue dans le cadre de la campagne électorale européenne. Son discours débute de manière habituelle, avec une articulation claire et des applaudissements éparses pour l’encourager. Cependant, son discours devient rapidement un combat. Berlinguer commence à transpirer, tousse dans son mouchoir, et sa voix s’affaiblit. La foule, inquiète, s’exclame : « Basta Enrico ! », lui demandant de s’arrêter. Malgré cela, il poursuit, visiblement affecté.
Il sera plus tard révélé que le leader du Parti communiste italien a subi un AVC durant cette allocution. Après un retour difficile à son hôtel, il tombe dans le coma et décède quatre jours plus tard à l’âge de 62 ans. En hommage, le président de l’État, Sandro Pertini, met à disposition l’avion présidentiel pour rapatrier son corps à Rome.
Un Adieu Émotionnel et un Héritage Durable
Le 13 juin, des milliers de personnes se rassemblent pour ses funérailles, dépassant le million de participants, un événement sans précédent. Lors des élections européennes qui suivent, le PCI, le parti de Berlinguer, réalise un exploit en dépassant pour la première fois la Démocratie chrétienne avec plus de 33 % des voix, interprété comme un hommage à sa mémoire.
La vidéo de sa dernière apparition est désormais présentée dans une exposition itinérante à travers l’Italie, attirant plus de 65 000 visiteurs, dont la Première ministre Giorgia Meloni, à Rome, et 35 000 à Bologne. D’autres villes, comme Sassari, sa ville natale, s’apprêtent à accueillir cette exposition. De plus, un film récent sur sa vie, intitulé « Berlinguer – la grande ambizione », se concentre sur sa quête du « compromis historique » avec Aldo Moro. Ce film, actuellement en tête du box-office, met en lumière une époque révolue.
Plus de quarante ans après sa disparition, le mythe de Berlinguer reste intact. Dans une Italie marquée par le bruit et le tumulte, il est toujours perçu comme une figure emblématique, surnommé le « Sardo muto », un rocher face à la tempête. Cette aura soulève des questions : est-ce de la nostalgie pour une époque où la politique était synonyme d’intégrité et de vision, ou un reflet d’une Italie en quête de repères ?
Les films et les expositions dépeignent un monde révolu, sans connexions numériques, mais riche de conversations autour de kiosques à journaux et de téléphones à fil. À l’époque, le PCI était le plus grand parti communiste hors de l’URSS, et Berlinguer a su le transformer, le détachant de l’influence soviétique tout en plaidant pour une Italie ancrée dans l’OTAN et la démocratie.
Malgré la dissolution du parti en 1991, son héritage demeure. Beaucoup se souviennent de lui non pas tant pour ses idées communistes que pour son humanité. Aujourd’hui, les traces du communisme se font rares, mais le souvenir de Berlinguer perdure. Il est perçu comme l’antithèse des politiciens modernes, souvent plus préoccupés par le divertissement et les médias sociaux.
Walter Veltroni, ancien vice-Premier ministre, souligne que Berlinguer était un homme de réflexion et d’action, un réformateur qui a su ouvrir des dialogues. Les Italiens, encore aujourd’hui, ressentent une connexion avec lui, nostalgique d’une époque où la politique était empreinte de sens et de profondeur.