Lors du salon aéronautique de Zhuhai, Comac a affiché sa fierté en présentant ses jets C919, qui sont déjà en service commercial. L’entreprise vise l’homologation en Europe et explore le marché asiatique. Cependant, elle fait face à des défis de production et de dépendance vis-à-vis des fournisseurs occidentaux. En parallèle, des projets futurs comme le C929 sont en discussion, malgré des tensions géopolitiques. Comac, fondée en 2008, continue de se développer malgré des retards passés.
La fierté du constructeur aéronautique chinois Comac était palpable lors du salon aéronautique de Zhuhai, qui s’est déroulé la semaine dernière dans le sud de la Chine. Dans le hall 3 du centre d’exposition, l’entreprise d’État a occupé une grande partie de l’espace avec un stand impressionnant.
À l’extérieur, sur le tarmac, deux jets C919, le dernier modèle de Comac dédié aux courtes et moyennes distances, étaient exposés. En revanche, la présence d’Airbus, le géant européen, était plus discrète, avec un petit stand en retrait.
Comac ne fait pas les choses à moitié, car le constructeur a des ambitions élevées. Après le lancement du C919 l’année précédente, ce modèle s’est déjà intégré dans le service commercial depuis septembre, rivalisant avec les Boeing 737 et Airbus A320.
Les compagnies aériennes Air China, China Eastern Airlines et China Southern Airlines ont déjà mis en service onze C919 sur des liaisons vers Pékin, Shanghai et Chengdu, tout en ayant passé commande pour une centaine d’autres avions à livrer entre 2024 et 2031.
Homologation en Europe : un pas en avant
Comac vise également le marché européen et américain pour ses avions, avec un processus d’homologation en cours auprès de l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA). En juillet, les représentants de l’agence ont examiné l’électronique et la structure du C919, ainsi que son simulateur, avec des retours jugés positifs.
Actuellement dans la phase 3 de l’homologation, ce processus pourrait se conclure dès l’année prochaine. Un expert aéronautique européen a affirmé que « l’avion est très sûr », soulignant l’importance que les autorités chinoises attachent à la sécurité, la Chine affichant l’un des meilleurs bilans en matière d’incidents aériens au monde.
En revanche, l’homologation pour le marché américain pourrait poser des défis. Ce processus n’a pas encore été entamé et, avec un nouveau gouvernement, une approbation serait peu probable.
Intérêt croissant des compagnies aériennes asiatiques pour le C919
Comac se concentre principalement sur l’Asie pour attirer des commandes, avec des compagnies aériennes à bas prix d’Indonésie, Brunei, Vietnam et Laos montrant un intérêt pour le C919. Même une compagnie brésilienne est en pourparlers avec le constructeur chinois.
Un des principaux défis pour Comac reste sa capacité de production et de maintenance, qui est encore faible. En effet, Airbus peut produire dix fois plus d’avions en un mois que Comac en un an. Alors qu’Airbus possède des usines à Toulouse, Tianjin et Mobile, Comac ne dispose que d’une usine à Shanghai.
De plus, Comac est encore dépendant de fournisseurs occidentaux pour de nombreux composants essentiels. Bien que des efforts aient été faits pour réduire cette dépendance, les technologies clés en aéronautique proviennent majoritairement d’entreprises occidentales.
Les moteurs du C919 proviennent d’une coentreprise entre General Electric et Safran, tandis que le train d’atterrissage est fourni par Liebherr d’Allemagne. Comac s’appuie également sur des entreprises étrangères pour l’hydraulique, les systèmes de navigation et de communication, ainsi que pour les pneus et les systèmes de carburant.
Un futur long-courrier avec le C929
Si les tensions entre la Chine et l’Occident s’intensifient, cela pourrait poser de sérieux problèmes à l’industrie aéronautique chinoise. Néanmoins, GE et Liebherr ont exprimé leur volonté de continuer à travailler avec Comac, notamment sur le futur projet du constructeur, l’avion long-courrier C929, prévu dans trois ans pour rivaliser avec l’A350 d’Airbus et le Boeing 787.
Alex Vlielander, directeur chez Liebherr, a mentionné que des discussions étaient en cours pour explorer les possibilités de collaboration sur le C929. Parallèlement, GE est intéressé par de nouvelles opportunités de coopération dans divers domaines.
Liebherr et son expansion en Chine
Liebherr, qui possède déjà une usine à Changsha, produit des pièces pour le C919 et le modèle précédent C909, et envisage d’agrandir cette installation. Toutefois, l’entreprise reste vigilante face aux risques géopolitiques, car l’incertitude quant aux implications de la situation actuelle est une préoccupation majeure.
Comac, établi en 2008 par le gouvernement chinois, a connu de nombreux retards dans le développement du C919, mais les raisons n’ont jamais été officiellement divulguées.