Oryx est une plateforme qui documente de manière exhaustive les pertes militaires en Ukraine, répertoriant plus de 26 000 équipements détruits, principalement du côté russe. Dirigée par Jakub Janovsky, l’initiative vise à fournir des preuves photographiques vérifiables et à sensibiliser l’opinion publique sur les réalités du conflit. Grâce à des sources variées, notamment les réseaux sociaux et l’armée ukrainienne, Oryx joue un rôle crucial dans l’analyse de l’impact des armements tout en faisant face à des défis de sécurité et de vérification.
Une Plongée dans le Conflit Ukrainien
Explorer le site Oryx, c’est comme s’aventurer dans les vestiges d’un champ de bataille, où la réalité de la guerre en Ukraine se révèle, bien que les soldats soient souvent invisibles. Ce que l’on découvre, en revanche, ce sont des quantités impressionnantes de matériel militaire, tant russe qu’ukrainien, anéanti : des chars, des chasseurs, des lance-roquettes, des hélicoptères, des navires de guerre, des véhicules blindés, des obusiers et même un sous-marin. Chaque pièce d’équipement est méticuleusement catégorisée par type, origine, état de destruction et souvent par lieu de récupération.
Il est essentiel de noter que sans preuves photographiques ou vidéo, aucune information n’est ajoutée sur Oryx, ce qui signifie que les pertes réelles des deux armées pourraient être bien plus élevées. Actuellement, plus de 26 000 équipements militaires détruits sont répertoriés, dont environ 75 % du côté russe. Oryx représente l’archive publique la plus exhaustive concernant la guerre en Ukraine. Jakub Janovsky, qui dirige cette plateforme avec une petite équipe, a récemment exposé sa vision lors d’une rencontre à Bruxelles avec un média germanophone.
Les Motivations Derrière le Projet Oryx
Jakub Janovsky, originaire de République tchèque, partage son engagement envers la documentation des pertes militaires en Ukraine. Il explique : « Mon intérêt pour la guerre et les armes est profond, mais mes motivations vont au-delà de cela. Bien que j’aie vécu la guerre froide en tant qu’enfant, ma famille a souffert sous l’occupation soviétique, ce qui me pousse à désirer la défaite de Vladimir Poutine dans ce conflit. »
Concernant l’impact de son travail sur le déroulement de la guerre, Janovsky souligne : « Je ne veux pas exagérer notre influence, mais notre blog est largement suivi en Ukraine, en Russie et particulièrement en Occident. De nombreux médias se réfèrent à nos données, ce qui peut influencer les décisions d’armement des gouvernements soutenant l’Ukraine. Lorsque l’impact des armes fournies est évident, la probabilité d’une ‘fatigue de guerre’ diminue. »
La source des images de matériel détruit est variée. Au départ, de nombreuses photos provenaient de civils, mais actuellement, la majorité est fournie directement par l’armée ukrainienne, souvent grâce à des contacts avec des soldats, en particulier des pilotes de drones. Les réseaux sociaux comme Telegram et X s’avèrent être des réservoirs d’informations, où les militaires partagent leurs « trophées » pour la fierté et pour influencer l’opinion publique.
Cependant, cela pose des risques, car les troupes exposent leurs positions par ces publications. Janovsky admet qu’il est conscient de ce dilemme et précise que les documents publiés sont vérifiés, souvent avec un délai pour garantir la sécurité. En ce qui concerne les pertes russes, bien qu’ils n’aient pas d’informateurs parmi les soldats, ceux-ci partagent souvent des images en ligne.
Janovsky met également en avant l’importance de documenter les pertes ukrainiennes pour maintenir la crédibilité de leur travail. Cela permet aux partenaires internationaux de mieux comprendre l’efficacité des équipements, tout en faisant face à la réalité brutale des pertes humaines et matérielles.
Avec l’évolution rapide de l’intelligence artificielle, la vérification de l’authenticité des matériaux devient cruciale. Janovsky explique : « Nous utilisons l’Open Source Intelligence (Osint) pour valider chaque document. Grâce à des informations géolocalisées et des images satellites, nous pouvons confirmer l’authenticité des données. » Il est également important pour eux de minimiser les doublons dans leur archive, en s’appuyant sur la géolocalisation et l’unicité des dommages.
En ce qui concerne les chiffres, Janovsky estime qu’ils documentent entre 80 et 90 % des pertes dans les zones de front, tandis que cela varie selon le type d’équipement. Les données révèlent que beaucoup du matériel russe est obsolète, datant souvent de l’époque soviétique, ce qui soulève des questions sur la capacité de l’armée à faire face aux défis actuels.
Enfin, la petite équipe composée de cinq membres permanents, soutenue par une dizaine de bénévoles, opère avec un budget très limité, ce qui leur confère une indépendance précieuse. En résumé, l’initiative Oryx joue un rôle essentiel dans la documentation de la guerre en Ukraine, offrant une perspective unique sur les réalités du conflit tout en s’efforçant de maintenir une crédibilité dans un environnement complexe et en constante évolution.