vendredi, novembre 15, 2024

Surmonter le bégaiement : stratégies et témoignages de réussite des personnes concernées

Harish Sritharan et Joel Rieble, deux jeunes adultes confrontés au bégaiement, partagent leurs luttes et réussites. Harish, aspirant enseignant, a surmonté des obstacles académiques en établissant un dialogue avec ses enseignants. Joel, ingénieur, a également dû faire face à des défis de communication, mais ses collègues ne considèrent pas son bégaiement comme un frein. Le bégaiement affecte environ 5 % des enfants, souvent en disparaissant avant l’adolescence, et peut enrichir la personnalité des personnes qui en souffrent.

Depuis aussi longtemps qu’il se souvienne, Harish Sritharan a fait face au défi du bégaiement. Pourtant, son rêve de devenir enseignant n’a jamais vacillé, malgré les obstacles que son trouble de la parole lui imposait. Harish aspirait à surpasser les éducateurs qui l’ont formé, car ceux-ci ne prenaient pas en considération son bégaiement.

Les présentations étaient particulièrement ardues pour lui : son discours haché nécessitait plus de temps que celui de ses pairs, mais il n’en bénéficiait pas. Cela l’empêchait souvent de terminer ses exposés dans le temps imparti, entraînant ainsi des notes décevantes.

Un parcours semé d’embûches vers l’enseignement

Le chemin de Harish vers son rêve professionnel était parsemé d’obstacles. Son handicap linguistique lui a valu un refus d’admission dans l’institution qu’il convoitait. Bien qu’il ait été accepté à la Haute École Pédagogique de Lucerne, ses études ont duré une année de plus que celles de ses camarades.

Cependant, il ne s’est pas laissé abattre et a cherché à établir un dialogue avec ses enseignants et la responsable de la diversité de l’école. Grâce à sa persévérance et à ses compétences pédagogiques, il a réussi à convaincre ses détracteurs. Fait remarquable, il ne bégaie pas lorsqu’il interagit avec des enfants.

Affronter la peur de s’exprimer

De son côté, Joel Rieble rentrait souvent chez lui frustré après ses présentations scolaires. Bien qu’il soit parfaitement préparé, il avait du mal à articuler ses connaissances. Les thérapies logopédiques et autres n’ont pas produit les résultats escomptés.

Malgré cela, Joel a poursuivi son apprentissage en tant que polymécanicien, a obtenu son diplôme de maturité et a poursuivi des études supérieures. Aujourd’hui, il travaille comme ingénieur de développement. « Chaque aspect de la communication dans mes études était un défi », se remémore-t-il. Prendre la parole en classe lui demandait un courage immense, souvent difficile à rassembler.

Aujourd’hui à 27 ans, Joel trouve toujours difficile de s’exprimer lors des réunions. « Je me sens souvent sous-estimé à cause de cela », confie-t-il. Pourtant, pour ses supérieurs, son bégaiement n’a jamais été un obstacle.

« Dans le cadre professionnel, je ne remarque même plus que Joel bégaie », affirment ses collègues chez Thermoplan à Weggis LU.

Les statistiques du bégaiement chez les enfants

Environ cinq pour cent des enfants souffrent de bégaiement, avec une prévalence deux fois plus élevée chez les garçons que chez les filles. Les raisons de cette disparité ne sont pas encore totalement comprises.

Dans la majorité des cas, le bégaiement disparaît avant la puberté, mais chez les adultes, environ un pour cent en souffre encore.

Parler devant le miroir : un défi surmonté

Les séances de thérapie de groupe menées par l’expert en bégaiement José Amrein à Lucerne sont principalement fréquentées par des hommes. Le logopède se concentre surtout sur le renforcement de la confiance en soi de ses patients.

Fait impressionnant : la plupart de ses clients s’expriment sans bégayer lorsqu’ils parlent devant un miroir. Cela prouve qu’il faut généralement deux personnes pour que le bégaiement se manifeste. Amrein encourage donc ses clients à se focaliser sur leurs forces plutôt que sur leurs difficultés, ce qui aide à renforcer leur confiance.

Selon José Amrein, l’acceptation de soi joue également un rôle crucial : s’accepter avec son bégaiement peut fluidifier la façon de parler. En effet, plus une personne essaie de contrôler son bégaiement, plus elle a tendance à en souffrir.

Des traits de caractère enrichis par le bégaiement

Les personnes qui bégaient naviguent souvent entre la honte, la thérapie et l’acceptation, percevant leur trouble comme une caractéristique gênante tout en y voyant une opportunité. Ces individus sont souvent considérés comme sensibles et empathiques, ce qui les rend de précieux interlocuteurs.

Joel Rieble, par exemple, décrit son bégaiement comme un élément formateur de sa personnalité : « Le bégaiement a façonné la personne empathique et délicate que je suis aujourd’hui, mais il serait agréable de s’en défaire. »

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