Les fonds de pension canadiens devraient investir dans ce qui est le mieux pour leurs cotisants, et non là où le gouvernement fédéral voudrait qu’ils investissent
Contenu de l’article
Une polémique a éclaté la semaine dernière à propos d’un proposition de Brookfield Asset Management Ltd., la société d’investissement, pour créer un fonds de 50 milliards de dollars qui comprendrait des fonds de pension et du gouvernement fédéral pour investir dans des actions canadiennes. Une grande partie du tumulte était axée sur un conflit d’intérêts concernant le cadre supérieur de Brookfield, Mark Carney, qui a récemment été nommé par le premier ministre Justin Trudeau pour fournir des conseils en matière de politique économique.
Publicité 2
Contenu de l’article
On a accordé moins d’attention à une question économique sérieuse : les fonds de pension canadiens devraient-ils être obligés de détenir davantage d’actions canadiennes? La dernière façon d’aider les retraités est de créer une entité public-privé pour gérer les fonds de pension. Les régimes de retraite souhaitent maximiser le rendement ajusté au risque de leur portefeuille. Les gouvernements poursuivent d’autres objectifs, comme l’ESG, qui compromettent souvent la rentabilité. Les rendements des régimes de retraite peuvent en souffrir à moins que les contribuables ne compensent les pertes.
Jusqu’à présent, la proposition semble morte dans l’eau. Mais cette histoire est un autre exemple de la façon dont le gouvernement a eu du mal au cours des deux dernières années à trouver des politiques qui encourageraient davantage d’investissements canadiens. Pendant un certain temps, le gouvernement Trudeau a montré son intérêt à ramener une version de la règle de 1994 sur les biens étrangers limitant les avoirs étrangers dans les régimes de retraite et les REER à 20 pour cent de leurs actifs. Cette idée semble hors de propos, du moins pour le moment.
Puis, dans son Énoncé économique de l’automne 2023, Ottawa a exprimé son intérêt pour la suppression de la limite de 30 % sur la participation aux régimes de retraite des entreprises canadiennes. Ce n’est pas une idée nouvelle : l’Ontario l’a examinée au cours des années précédentes et l’a rejetée. Pourquoi? Ce changement donnerait aux fonds de pension, qui sont exonérés de l’impôt sur le revenu, les mains libres pour racheter des sociétés imposables pour en prendre le contrôle. Soyez racheté par un fonds de pension et, pouf !, votre impôt sur le revenu disparaît car la société exploitante s’endette. Cela fausserait la gouvernance d’entreprise et entraînerait au moins une 1 milliard de dollars perte d’impôts sur les sociétés et sur les particuliers. Certes, le gouvernement pourrait supprimer cette distorsion, si les limites de propriété étaient supprimées, en soumettant les fonds de pension à l’impôt sur le revenu. Mais je doute que les fonds soient consacrés à ce commerce.
Contenu de l’article
Publicité 3
Contenu de l’article
Après avoir échoué avec ces idées, la ministre des Finances Chrystia Freeland a nommé l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, pour trouver une série de politiques qui encourageraient le secteur des fonds de pension, évalué à 2,3 billions de dollars, à investir davantage dans les actifs canadiens.
Aidons sa réflexion en posant la question évidente et critique. Quelle est la défaillance du marché qui nécessite une action fédérale pour être corrigée ? Les gestionnaires de régimes de retraite sont-ils trop réticents à prendre des risques et investissent-ils trop d’argent dans des obligations plutôt que dans des actions ? Les fonds de pension sont-ils confrontés à des incitations fiscales ou réglementaires pour investir à l’étranger plutôt que dans leur pays ? Aucune des deux affirmations n’est étayée par les faits.
Les fonds de pension canadiens détiennent de nombreux actifs en actions – 877 milliards de dollars au premier trimestre de cette annéece qui représente 38 pour cent de leur portefeuille. Et ils disposent de 487 milliards de dollars d’actifs alternatifs, d’infrastructures et d’immobilier, qui représentent principalement 21 pour cent supplémentaires. Leurs obligations et actifs à court terme représentent 678 milliards de dollars, soit seulement 40 pour cent de leurs avoirs.
Les fonds de pension ne sont manifestement pas indûment réticents à prendre des risques. Bien au contraire : leur statut d’exonération fiscale les incite à détenir des dettes plutôt que des actions, dont le rendement est soumis à l’impôt sur les sociétés alors même que le fonds de pension ne paie pas d’impôt sur le revenu sur les intérêts, les dividendes ou les plus-values. Les régimes de retraite veulent pouvoir couvrir leurs engagements à long terme envers les salariés. C’est pour cette raison que les gestionnaires de fonds ont toujours valorisé les investissements à long terme, tels que les actions, l’immobilier et les infrastructures.
Publicité 4
Contenu de l’article
En ce qui concerne les avoirs canadiens par rapport aux avoirs étrangers, les fonds de pension se sont effectivement tournés vers les actifs étrangers après la suppression en 2005 de la règle sur les biens étrangers. Mais près des quatre cinquièmes des avoirs totaux des régimes de retraite sont des actifs canadiens (915 milliards de dollars au total), dont 62 pour cent sont des obligations et des actifs à court terme (564 milliards de dollars). Le solde – 351 milliards de dollars – est constitué d’actions et d’actifs alternatifs. Dans sa sagesse, le gouvernement fédéral estime que cela ne suffit pas.
Malgré l’abandon des actifs canadiens depuis que le plafond sur les avoirs étrangers a été supprimé, on peut affirmer que les gestionnaires de fonds de pension investissent en fait trop au pays. Les actions canadiennes et les actifs alternatifs représentent plus du quart de leur portefeuille total. S’ils étaient pleinement diversifiés à l’échelle internationale, ils ne détiendraient que 2,5 pour cent de leur portefeuille en actions canadiennes, soit la part du Canada sur les marchés boursiers mondiaux.
De nombreux investisseurs ont un « biais national » et détiennent des actifs nationaux même si les rendements s’amélioreraient si leurs portefeuilles étaient diversifiés à l’échelle mondiale. Même les investisseurs avertis disposent de moins d’informations sur les marchés étrangers que sur les marchés nationaux et sont donc plus réticents à prendre des risques lorsqu’ils investissent à l’étranger. Il existe également des contrôles de capitaux et des barrières fiscales (par exemple, retenues à la source) qui découragent les investissements transfrontaliers. Même le Canada offre divers avantages fiscaux aux entreprises nationales, comme le crédit d’impôt pour dividendes, qui n’est disponible que pour les dividendes payés par les sociétés résidant au Canada.
Publicité 5
Contenu de l’article
Recommandé par l’éditorial
-
La taxe carbone sur les carburants pourrait bientôt être supprimée, les autres taxes climatiques resteraient
-
Jack Mintz : Kamala Harris canalise Justin Trudeau
-
Jack Mintz : La production par tâche est en baisse. Et maintenant, les emplois sont également en baisse
À l’exception de la limite de propriété de 30 pour cent déjà évoquée, je ne vois aucun obstacle majeur à la propriété d’actifs canadiens par les régimes de retraite. Le vrai problème est que les retours sur investissement au Canada sont faibles par rapport aux investissements dans d’autres pays, y compris les États-Unis. Si notre économie se portait mieux, les régimes de retraite investiraient davantage dans les actions canadiennes – et ils ont déjà tendance à le faire. Le meilleur conseil que Stephen Poloz puisse donner au gouvernement est de se mettre au travail pour améliorer notre croissance épouvantable de productivité. Cela n’arrivera pas en obligeant les fonds de pension à investir dans des actifs aux rendements inférieurs.
Les travailleurs dont les cotisations aux régimes de retraite financent les fonds qu’Ottawa veut commencer à manipuler devraient dire au gouvernement : Ne touchez pas à nos pensions !
Contenu de l’article