Kim Moody : Le résultat de toute cette incertitude n’est pas seulement un inconvénient, c’est un manque de responsabilité du gouvernement
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L’un des principes fondamentaux de la fiscalité est que les contribuables ont le droit de ne payer ni plus ni moins que ce que la loi exige.
Mais que se passe-t-il si le gouvernement propose une nouvelle loi fiscale qui entrera en vigueur immédiatement (ou ultérieurement) et que le projet de loi lui-même est en cours d’élaboration ou, pire, n’a même pas encore été entièrement rédigé ? Ou si un projet de loi imparfait a été publié et nécessite des changements importants ? Dans de telles situations, comment les Canadiens sont-ils censés planifier leurs affaires financières lorsque les règles qu’ils sont censés suivre sont floues ou incomplètes ?
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Afin de permettre aux contribuables de planifier efficacement leurs affaires, il est courant et traditionnel depuis des décennies que la plupart des nouvelles propositions fiscales soient accompagnées d’un projet de loi détaillé lors de leur première annonce. Dans la plupart des cas, le projet de loi est bien rédigé, mais il peut nécessiter quelques ajustements pour corriger des conséquences imprévues, des erreurs ou d’autres ajustements. Ce faisant, le gouvernement fournit aux contribuables une feuille de route détaillée pour leur permettre de planifier leurs affaires de manière proactive.
Dernièrement, il est toutefois devenu courant que de nombreuses propositions fiscales annoncées dans le budget annuel ou dans l’énoncé économique de l’automne ne soient pas accompagnées d’un projet de loi. L’annonce indique simplement que le projet de loi sera publié ultérieurement.
Par exemple, l’augmentation du taux d’inclusion des gains en capital a été proposée pour la première fois dans le budget fédéral du 16 avril 2024 pour entrer en vigueur environ 10 semaines plus tard, le 25 juin. Mais l’annonce ne contenait aucun projet de loi, de sorte que les contribuables n’ont pas pu planifier efficacement leurs affaires.
Le premier lot de projets de loi a été publié le 10 juin, soit deux semaines seulement avant la date d’entrée en vigueur. Malgré tous les efforts déployés par les bureaucrates du ministère des Finances, qui ont reconnu ces imperfections et promis qu’une autre version serait publiée au plus tard à la fin du mois de juillet, le texte était imparfait.
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Cette promesse n’a pas été tenue et la deuxième série de projets de loi n’a été publiée que le 12 août. Elle contenait de nombreuses corrections par rapport au projet du 10 juin, mais elle est encore loin d’être parfaite et nécessitera de nombreux autres changements.
Le résultat de tout cela est une incertitude pour les contribuables. Cette incertitude n’est pas seulement un inconvénient, elle est aussi un manque de responsabilité de la part du gouvernement.
Les Canadiens méritent mieux que des promesses vagues et des propositions à moitié élaborées. Il n’est pas déraisonnable de s’attendre à un projet de loi clair et détaillé lorsqu’une nouvelle proposition fiscale est annoncée. Pourtant, ces nouvelles propositions manquent ces détails essentiels.
L’effet d’entraînement de cette incertitude s’étend bien au-delà des contribuables individuels. Les entreprises de logiciels fiscaux comptent sur des règles fiscales claires pour mettre à jour leurs systèmes et rester en conformité. Sans législation concrète, ces entreprises ne peuvent pas effectuer les mises à jour nécessaires, ce qui entraîne des déclarations incorrectes (pour les contribuables qui comptent sur ce logiciel pour produire des déclarations appropriées) et des intérêts et pénalités potentiellement coûteux pour les entreprises dont l’exercice financier se termine entre le 25 juin et la sanction royale des nouvelles règles sur les gains en capital.
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Il y a aussi le risque politique permanent. Est-il possible que des élections soient bientôt organisées au Canada et que la loi sur les gains en capital ne soit pas adoptée avant cette date? Si un nouveau gouvernement est élu, sera-t-il tenu d’adopter les nouvelles propositions fiscales? Il est possible que ces propositions tombent au Feuilleton et qu’un nouveau gouvernement ne soit pas tenu de les présenter à nouveau. C’est peu probable, mais c’est toujours possible.
Certains de mes collègues spécialistes de la fiscalité internationale ont suggéré que le Canada revienne à un système dans lequel les propositions fiscales ne prennent effet qu’une fois promulguées. Cela semble être une solution simple, mais c’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire et probablement peu pratique pour diverses raisons.
Les contribuables canadiens devraient exiger mieux. Le gouvernement doit revenir à sa pratique et à sa tradition de publier des lois détaillées lorsque de nouvelles règles fiscales sont annoncées, donnant ainsi aux gens les outils dont ils ont besoin pour planifier leur vie avec plus de certitude.
Une planification fiscale efficace permet aux particuliers et aux entreprises de minimiser l’incertitude, d’aligner leurs finances sur leurs objectifs à long terme et de prendre des décisions éclairées. Sans la capacité de planifier, les contribuables sont à la merci d’un régime fiscal imprévisible, ce qui pourrait nuire à la stabilité économique et à la sécurité financière personnelle.
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Cela dit, nous savons tous que la vie est incertaine et qu’il faut faire face à ce fait pour réussir dans la vie. « La glorieuse incertitude de la loi était une chose bien connue et dont se plaignaient tous les ignorants, mais un homme érudit la considérait comme sa plus grande excellence », a déclaré l’homme politique anglais du XVIIIe siècle. Richard Brinsley Sheridan dit une fois.
Mais il faut réduire au minimum l’incertitude constante qui affecte les masses en matière de fiscalité. Il est temps de demander des comptes à notre gouvernement pour l’écart croissant entre les annonces fiscales et la mise en œuvre des lois nécessaires. Il est crucial de reconnaître le coût réel de ces retards. Les familles, les entreprises et l’économie dans son ensemble paient le prix des inefficacités gouvernementales.
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Tant que le Canada ne reviendra pas à sa tradition de transparence et de responsabilité en matière de législation fiscale, les contribuables continueront de vivre dans l’incertitude dans un monde déjà fou et de payer le prix des retards du gouvernement, car ils ne savent pas s’ils paient pas plus – ou pas moins – que ce que la loi exige.
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Kim Moody, FCPA, FCA, TEP, est le fondateur de Moodys Tax/Moodys Private Client, ancien président de la Fondation canadienne de fiscalité, ancien président de la Society of Estate Practitioners (Canada) et a occupé de nombreux autres postes de direction au sein de la communauté fiscale canadienne. Vous pouvez le joindre au [email protected] et son profil LinkedIn est https://www.linkedin.com/in/kimgcmoodyIl sera co-animateur d’un séminaire sur les nouvelles propositions fiscales le 2 octobre.
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(En passant, Jay Goodis de Tax Templates Inc. et moi-même animerons un webinaire sur ce matériel le 2 octobre 2024, via notre plateforme Canadian Tax Matters pour essayer de traduire ce matériel très complexe en anglais aussi simple que possible pour les contribuables et les professionnels).
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