Les investissements communs atteindraient 50 milliards de dollars
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La création d’un fonds d’investissement de plusieurs milliards de dollars alimenté par l’argent du gouvernement fédéral et conçu pour attirer des investissements supplémentaires des grands régimes de retraite du Canada fait partie des idées avancées par l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, dans le cadre de son mandat visant à aider Ottawa à trouver des moyens d’injecter des milliards de dollars provenant des régimes de retraite dans l’économie canadienne, selon deux sources au courant de la proposition.
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Les sources, qui ont parlé sous couvert d’anonymat parce que les discussions n’ont pas encore été rendues publiques, indiquent que la société d’investissement mondiale Brookfield Corp. a présenté la proposition et pourrait être un investisseur et éventuellement gérer le fonds, avec l’espoir que les dollars d’investissement mis en commun atteindraient 50 milliards de dollars.
Depuis que M. Poloz a été nommé, dans le cadre du budget du printemps dernier, à la tête d’un groupe de travail pour la ministre des Finances Chrystia Freeland — une nomination qui a calmé les dirigeants des régimes de retraite qui s’étaient énervés un an plus tôt lorsque Freeland avait évoqué la possibilité de faire pression sur les plus grandes caisses de retraite du pays pour qu’elles augmentent leurs engagements d’investissement au Canada —, il a fait le tour des investisseurs institutionnels et sollicité les avis d’autres parties intéressées. C’est à ce moment-là que Brookfield a présenté son projet, selon une source.
Certains s’attendaient à entendre les détails publics sur les conclusions du groupe de travail de Poloz et les prochaines étapes dès le mois dernier, mais les sources ont déclaré qu’il était décidé que Poloz présenterait d’abord ses idées à Freeland sur la base de ce qu’il avait entendu de diverses parties prenantes. Il a refusé une interview plus tôt ce mois-ci, affirmant qu’il ne souhaitait pas compromettre les discussions en cours avec le gouvernement, mais n’a pas précisé ce qui était discuté.
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L’idée d’un nouveau fonds soutenu par le gouvernement et géré par l’un des plus grands investisseurs institutionnels du Canada n’est pas sans précédent ; en 2023, l’Office d’investissement des régimes de pensions du secteur public (Investissements PSP) a été chargé de gérer le Fonds de croissance du Canada de 15 milliards de dollars, un véhicule d’investissement public indépendant créé pour encourager l’investissement du secteur privé dans des projets, des technologies, des entreprises et des chaînes d’approvisionnement à faibles émissions de carbone.
Mais le concept actuellement à l’étude est d’une ampleur bien plus vaste, selon des sources proches du dossier. Le budget de printemps indique que le groupe de travail de Poloz se concentrera sur la manière de « catalyser davantage d’investissements nationaux » dans les infrastructures numériques et l’IA, ainsi que dans les infrastructures physiques, les installations aéroportuaires, les investissements en capital-risque et la construction de logements supplémentaires.
Bien que les détails sur le fonctionnement du fonds présenté par Brookfield ne soient pas publics, les sources du monde des retraites et de la politique se sont montrées réticentes à l’idée de base, se demandant quels types d’investissements conviendraient à la fois aux fonds d’investissement institutionnels internationaux et aux gouvernements, en particulier ceux qui se concentrent spécifiquement sur le Canada.
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« Les objectifs du gouvernement et les objectifs d’investissement sont rarement alignés », a déclaré Jim Keohane, ancien cadre supérieur des régimes de retraite et membre de Conseil d’administration d’Alberta Investment Management Corp. « Le succès des fonds de pension canadiens est en grande partie dû à leur indépendance par rapport au gouvernement. »
La liste de souhaits des plus grandes caisses de retraite canadiennes, comme le Conseil du régime de retraite des enseignantes et enseignants de l’Ontario, AIMCo et l’Office d’investissement du régime de pensions du Canada, est assez cohérente. Fidèles à leur philosophie d’investissement et à leur historique à travers le monde, elles souhaitent réaliser des investissements à grande échelle avec des rendements à long terme fiables et sans risques excessifs, notamment en s’exposant aux caprices politiques.
Les grandes caisses de retraite ont toutes rejeté la demande initiale de Freeland, certaines affirmant qu’elles investissent déjà un montant disproportionné au Canada, compte tenu du rang relativement faible de ce pays par rapport aux autres économies mondiales. Tous les grands fonds cherchent à diversifier leurs investissements sur le plan géographique et par catégorie d’actifs afin de générer des rendements à long terme qui répondent à leurs obligations envers les retraités.
Le premier ministre Justin Trudeau courtise les géants des régimes de retraite de plusieurs milliards de dollars depuis que son Parti libéral a été porté au pouvoir en 2015. Les tentatives précédentes d’amorçage avec l’argent du gouvernement et d’attraction de fonds institutionnels à grande échelle, comme la Banque de l’infrastructure du Canada, ont eu un succès limité avec des fonds institutionnels limités.
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Les principaux fonds de pension canadiens investissent dans de grandes infrastructures telles que des ports, des routes à péage et des aéroports partout dans le monde, souvent lorsque les gouvernements décident de les privatiser, mais peu de ces investissements ont été réalisés au Canada. Il n’est pas certain que le nouveau véhicule réponde aux attentes des fonds de pension.
Le projet de fonds risque de faire sourciller les cercles conservateurs. L’ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre et de la Banque du Canada, Mark Carney, qui est maintenant président de Brookfield Asset Management et responsable des investissements de transition au sein de la société de gestion de placements, a récemment été chargé de conseiller le gouvernement Trudeau sur la politique économique. Avant même que le projet de fonds ne soit rendu public, les membres de l’opposition du Parti conservateur ont laissé entendre que l’affiliation continue de Carney avec Brookfield le mettait dans une situation de conflit d’intérêts.
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