Le leadership fragile de Trudeau mis à l’épreuve par une course serrée dans sa ville natale

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Le premier ministre Justin Trudeau, qui vient de subir une défaite cuisante lors d’une élection partielle à Toronto, doit maintenant faire face à un combat qui pourrait bien lui porter le coup de grâce : un vote au cœur de sa ville natale, Montréal.

Le chef du gouvernement canadien a repoussé les appels à sa démission de ses adversaires et même de certains membres de son Parti libéral. Mais il est plus difficile de rejeter les électeurs. Ils ont exprimé leur mécontentement envers le gouvernement en juin en rejetant un candidat libéral dans un bastion du parti à Toronto, et ont maintenant la même possibilité dans un district connu sous le nom de LaSalle-Émard-Verdun.

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Pendant la majeure partie des dernières décennies, et pendant les neuf années où Trudeau a été premier ministre, ce secteur densément peuplé et diversifié au sud du centre-ville de Montréal a été occupé par les libéraux. Le siège est devenu vacant après que Trudeau a éjecté son ministre de la Justice du cabinet l’été dernier, ce qui a poussé le ministre à quitter la politique. Mais les sondages suggèrent que le vote du 16 septembre sera un tirage au sort entre son parti et le Bloc québécois, un parti séparatiste, suivi de près par le Nouveau Parti démocratique de gauche.

Les élections spéciales visant à combler les sièges vacants, appelées au Canada élections partielles, attirent habituellement peu d’attention, mais la victoire surprise des conservateurs dans Toronto-St. Paul’s le 24 juin a augmenté les enjeux pour Trudeau.

Il est au pouvoir depuis 2015 grâce à sa domination électorale dans les plus grandes villes du Canada. Lors des élections de 2021, les libéraux ont facilement remporté LaSalle-Émard-Verdun, gagnant par 20 points de pourcentage. Si le parti perd ici, cela ne fera qu’amplifier le discours selon lequel Trudeau est fini en tant que force politique.

« Le fait qu’il y ait du suspense dans le sud-ouest de Montréal, que les libéraux soient en danger, qu’est-ce que cela dit pour le reste du pays ? », a déclaré Philippe J. Fournier, rédacteur en chef du site de sondages 338Canada. « Si les libéraux commencent à perdre des sièges à Montréal et à Toronto, il ne leur restera plus grand-chose. »

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Partout au Canada, les électeurs sont frustrés par les effets persistants de l’inflation, en particulier par le coût élevé des logements. Le modèle de Fournier prédit que si une élection générale avait lieu aujourd’hui, les conservateurs de Pierre Poilievre remporteraient une large majorité des sièges avec 42 % des voix à l’échelle nationale, soit 17 points de pourcentage de plus que le parti de Trudeau.

Les conservateurs ne sont pas compétitifs dans LaSalle-Émard-Verdun, car les Montréalais sont progressistes sur des questions comme le changement climatique. Mais l’amertume face aux inégalités de richesse est évidente dans une ville qui connaît à la fois une gentrification et une augmentation du nombre de personnes ayant besoin de logements abordables.

Le long des rues résidentielles verdoyantes du quartier, des rangées de maisons en briques brunes s’étendent vers des centres commerciaux animés, avec quelques quartiers de maisons unifamiliales plus calmes nichés dans le mélange. Environ deux tiers des résidents sont locataires. Des gens de toutes origines vivent ici – si le français et l’anglais sont les langues maternelles les plus courantes, on peut également entendre l’espagnol, le mandarin, l’italien et l’arabe.

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Une grève potentielle des pilotes d’Air Canada la semaine prochaine, avec des annulations de vols probables à partir de dimanche, pourrait être un facteur dans le vote. Trudeau subit la pression de la compagnie aérienne et des groupes d’affaires pour empêcher une grève. En août, le gouvernement est intervenu pour mettre fin rapidement à un arrêt de travail dans les principales compagnies ferroviaires du pays. Ce n’est pas nécessairement une mesure bien accueillie par les électeurs progressistes et pro-syndicaux.

Le Nouveau Parti démocratique y voit une occasion à saisir. « Si vous avez l’impression que la vie est devenue plus difficile sous Justin Trudeau, si vous avez l’impression qu’il vous a abandonné, voici votre chance d’envoyer un message », a déclaré le chef du NPD, Jagmeet Singh, lors d’un récent événement de soutien à son candidat, Craig Sauvé.

M. Sauvé est un conseiller municipal populaire dans la région, qui est très actif sur les médias sociaux. Il a milité avec succès pour que Montréal se déclare officiellement « ville heavy metal » en 2019. « Je serais heureux de jouer les trouble-fête pour les libéraux lors de cette élection partielle », a-t-il déclaré en entrevue.

Certains estiment toutefois que le véritable trouble-fête pourrait être le Bloc québécois, qui défend les intérêts du Québec à Ottawa. « Il y a un scénario chaotique où les libéraux et le NPD se divisent parfaitement et où le Bloc québécois s’interpose et remporte la victoire », a déclaré Fournier.

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M. Sauvé a été choisi pour représenter le NPD en avril et fait campagne depuis. Les néo-démocrates espèrent que la fin récente du pacte de partage du pouvoir parlementaire avec les libéraux enverra le message qu’un vote pour leur candidat n’est pas un vote pour Trudeau.

La candidate libérale, Laura Palestini, n’a été annoncée qu’à la mi-juillet, après que le parti eut eu du mal à trouver une candidate plus connue, selon des personnes au fait du dossier. Elle est également conseillère municipale, mais elle n’est pas aussi connue.

Sur la rue Wellington, une artère commerçante bordée de petits magasins et de restaurants, les pancartes de campagne de Palestini sont rares par rapport à celles de sa rivale. Le Parti libéral n’a pas répondu aux demandes de Bloomberg de rencontrer Palestini, mais a déclaré dans un communiqué envoyé par courriel que « les libéraux sont reconnaissants de l’avoir comme candidate à cette prochaine élection partielle ».

Trudeau et de nombreux ministres du cabinet ont fait des apparitions pour l’aider, mais plus de 50 membres du personnel libéral pro-palestinien ont refusé de participer à la campagne en raison de leur frustration à l’égard du gouvernement à propos du conflit entre Israël et le Hamas. La guerre a polarisé les Canadiens et cette circonscription ne fait pas exception. Sauvé a clairement exprimé ses opinions : sur l’un de ses dépliants de campagne, il apparaît devant un drapeau palestinien.

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Si les libéraux perdent le siège, les appels à la démission de Trudeau se feront certainement plus pressants. Mais le soutien de son caucus de 154 membres semble se maintenir pour l’instant, et le premier ministre a insisté sur le fait qu’il avait hâte d’affronter Poilievre lors d’une élection, qui pourrait avoir lieu à tout moment au cours de la prochaine année.

En fin de compte, le plus grand risque pour les libéraux dans LaSalle-Émard-Verdun est que leurs électeurs restent chez eux. « Les libéraux devraient gagner, mais ils n’ont pas l’avance qu’ils auraient normalement, a déclaré Jeremy Ghio, un ancien membre du personnel libéral devenu commentateur politique. Avec Craig Sauvé, les néo-démocrates n’ont jamais été aussi mobilisés, car ils y croient vraiment. »

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