Certains intervenants craignent que la liste puisse embarrasser la communauté ukrainienne du Canada ou être utilisée par les Russes à des fins de propagande.
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Une liste de 900 présumés criminels de guerre nazis qui ont fui au Canada pourrait rester secrète alors que les fonctionnaires fédéraux subissent une pression croissante pour censurer ces dossiers, car ils pourraient s’avérer embarrassants pour ce pays.
Bibliothèque et Archives Canada à Ottawa a consulté en juin et juillet ce qu’elle a appelé un « groupe distinct d’individus ou d’organisations » pour savoir si la liste devait être rendue publique, selon des documents obtenus par l’Ottawa Citizen.
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Les personnes consultées comprenaient des membres de la communauté ukrainienne du Canada, selon les documents, mais Bibliothèque et Archives Canada, également connue sous le nom de BAC, n’a pas inclus les survivants de l’Holocauste ni les spécialistes de l’Holocauste qui avaient plaidé pour une publication complète de la liste des présumés criminels de guerre nazis, affirment des universitaires juifs et spécialistes de l’Holocauste.
Certaines personnes et organisations consultées par le BAC se sont opposées à la divulgation de ces informations, prévenant qu’elles pourraient être embarrassantes ou conduire à des poursuites contre les criminels de guerre présumés.
« Certains intervenants craignaient que la publication du rapport n’entraîne de nouvelles poursuites judiciaires (poursuites pénales, révocation du statut de citoyen ou autre) contre les personnes nommées dans le rapport », indique un résumé des discussions de la bibliothèque.
D’autres intervenants qui ont conseillé BAC craignaient que la liste embarrasse la communauté ukrainienne du Canada ou soit utilisée par les Russes à des fins de propagande, comme le montrent les documents.
Un grand nombre de soldats d’une division Waffen SS ukrainienne ont fui au Canada après la guerre.
Bibliothèque et Archives Canada espérait rendre l’information publique entre le 16 et le 20 septembre, mais on ne sait pas encore combien de noms de présumés criminels de guerre nazis seront réellement rendus publics.
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La liste faisait partie de la commission d’enquête sur les crimes de guerre de 1986 dirigée par le juge Jules Deschenes. Les noms ont été compilés à partir des dossiers de la GRC et d’autres documents.
Le porte-parole de BAC, Richard Provencher, a déclaré que l’organisation avait reçu trois demandes en vertu de la Loi sur l’accès à l’information pour le document Deschênes et qu’en conséquence, elle avait « entrepris des consultations ciblées avec des intervenants externes ».
« À ce jour, BAC continue de peaufiner et de conclure son analyse pour répondre aux demandes d’accès à l’information reçues », a ajouté M. Provencher.
La LAC n’a pas voulu fournir de détails précis sur les personnes et les organisations qu’elle a consultées. Elle n’a pas répondu aux questions concernant l’exclusion éventuelle des survivants de l’Holocauste des procédures.
Jaime Kirzner-Roberts, des Amis du Centre Simon Wiesenthal pour les études sur l’Holocauste à Toronto, s’est demandé pourquoi les survivants de la campagne génocidaire des nazis n’avaient pas été invités par le BAC à donner leur avis sur la question de savoir si la liste des nazis et de leurs collaborateurs devait être rendue publique.
« Nous connaissons de nombreux survivants qui sont très préoccupés par cette question et qui auraient souhaité avoir l’occasion de s’exprimer », a déclaré Kirzner-Roberts. « Pourquoi n’ont-ils pas été inclus ? N’ont-ils pas le droit d’être entendus sur des questions liées aux enquêtes menées contre des Canadiens qui auraient pu être impliqués dans des actes de génocide contre leurs familles ? »
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Les Amis du Centre Simon Wiesenthal pour les études sur l’Holocauste n’ont pas non plus été autorisés à assister aux réunions consultatives et n’étaient pas au courant qu’elles avaient eu lieu.
Bibliothèque et Archives Canada a refusé de fournir une liste des personnes et des organisations invitées à donner leur avis sur la question de savoir si les noms devraient être divulgués.
Kirzner-Roberts a déclaré que le gouvernement fédéral devait cesser de protéger les criminels de guerre et que la liste devait être publiée immédiatement.
« L’idée que les Canadiens devraient s’inquiéter de l’embarras ou de la vie privée des criminels de guerre est obscène », a-t-elle ajouté. « Nous savons que les individus impliqués dans le génocide de six millions de Juifs pendant l’Holocauste vivent en paix au Canada depuis des décennies et il est plus que temps que tous les faits soient révélés. »
B’nai Brith, le groupe de défense des droits juifs qui a fait pression pour la publication des documents, n’a pas répondu à une demande de commentaires. Mais dans un mémoire de février 2023 au Comité de l’accès à l’information de la Chambre des communes, B’nai Brith a souligné que l’approche du gouvernement canadien à l’égard des collaborateurs nazis avait été marquée par « l’hébergement intentionnel de criminels de guerre nazis connus » ainsi que par « l’inaction délibérée ».
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En septembre 2023, le ministre de l’Immigration, Marc Miller, a reconnu que « le Canada a une histoire très sombre avec les nazis au Canada ».
« Il y a eu une période dans notre histoire où il était plus facile d’entrer dans l’armée en tant que nazi qu’en tant que juif », a-t-il déclaré. « Je pense que c’est une histoire que nous devons réconcilier. »
Cela fait presque un an que les députés de tous les partis ont fait deux ovations debout à Yaroslav Hunka, un résident de North Bay, en Ontario, qui a été décrit comme un héros par le président de la Chambre des communes de l’époque, Anthony Rota.
Mais la nouvelle a rapidement émergé selon laquelle Hunka avait servi dans une unité Waffen SS ukrainienne.
L’incident devint un embarras international pour le Canada, car les historiens de l’Holocauste, les groupes juifs et le gouvernement polonais soulignèrent que l’unité de Hunka avait été impliquée dans des crimes de guerre, notamment des massacres de femmes et d’enfants. La division fut également utilisée par les nazis pour écraser un soulèvement national en Slovaquie, ce qui déclencha à nouveau des allégations de crimes de guerre.
Il n’y a aucune preuve que Hunka, aujourd’hui âgé de 99 ans, ait été directement impliqué dans ces incidents.
Mais la vue de députés acclamant un vétéran de la Waffen SS a provoqué une colère intense chez les Canadiens, selon des documents obtenus en juin par le Ottawa Citizen en vertu de la Loi sur l’accès à l’information.
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Des survivants de l’Holocauste ont écrit au premier ministre Justin Trudeau au sujet de leurs amis tués par la division de Hunka, la 14e SS Galicien, tandis que les familles de soldats canadiens tués en combattant les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale ont posé aux députés des questions sur les raisons pour lesquelles ils honoraient un soldat qui avait juré allégeance à Adolf Hitler.
Les courriels soulignaient la stupidité des parlementaires qui n’avaient pas réalisé que Hunka avait combattu les forces alliées pendant la Seconde Guerre mondiale.
Un survivant de l’Holocauste a fait remarquer à Trudeau que la 14e division de la Waffen SS avait assassiné ses amis en Slovaquie à la fin de 1944.
Les noms des personnes ayant envoyé des messages ont été supprimés des documents en raison des règles de confidentialité.
D’autres se sont demandés comment les membres de la Waffen SS ont été autorisés à entrer au Canada après la guerre ou ont souligné que d’autres membres de la Waffen SS ont exécuté des soldats canadiens qu’ils avaient faits prisonniers.
David Pugliese est un journaliste primé qui couvre les Forces canadiennes et les questions militaires au Canada. Pour soutenir son travail, abonnez-vous : ottawacitizen.com/abonnez-vous
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