vendredi, janvier 3, 2025

Peter Carey : La « rééducation » forcée de Jordan Peterson devrait inquiéter des millions de Canadiens

Les professionnels peuvent désormais être censurés par leurs régulateurs, sur des sujets qui n’ont rien à voir avec leur activité réglementée

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Il semble que la liberté d’expression soit menacée dans tout le monde occidental. Il suffit de regarder la Grande-Bretagne ou l’Irlande pour constater les mesures de répression draconiennes prises par les gouvernements contre les discours qu’ils n’apprécient pas. Comme c’est souvent le cas de nos jours, ce sont principalement les gouvernements de gauche « éveillés » qui se livrent à ce type de comportement.

La liberté d’expression est l’un des piliers de la démocratie. Elle implique aussi que des personnes soient offensées de temps à autre. Le « droit » de ne pas être offensé n’est pas un pilier de la démocratie. (Ce n’est même pas un droit.) Il est au contraire utilisé par les gouvernements comme prétexte pour étouffer l’opposition et se renforcer au pouvoir.

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C’est pourquoi de nombreux Canadiens sont si préoccupés par le refus de nos tribunaux de statuer sur la décision de l’Ordre des psychologues de l’Ontario d’envoyer le Dr Jordan Peterson dans un « camp de rééducation » pour apprendre à « améliorer » son élocution, faute de quoi il pourrait perdre son permis d’exercer. Cette décision est, à juste titre, perçue comme une atteinte à la liberté d’expression.

Même si des personnes réfléchies peuvent être préoccupées par cette évolution, je suis désolé de devoir dire qu’elles ne le sont pas suffisamment.

Depuis de nombreuses années, la loi canadienne prévoit que les organismes de réglementation comme l’Ordre des psychologues ont droit à la « déférence » des tribunaux. En conséquence, la norme de contrôle de la décision d’un tel organisme n’est pas celle de la « rectitude » mais plutôt celle du « caractère raisonnable ». Cela signifie que même si l’organisme de réglementation a tort, cette décision ne sera pas annulée par les tribunaux tant qu’elle est « raisonnable ». Cela donne évidemment aux organismes de réglementation une grande marge de manœuvre pour prendre des décisions.

À première vue, la politique de s’en remettre aux autorités de réglementation semble logique. Après tout, qui en sait plus sur le métier d’ingénieur que les autres ingénieurs ? Qui en sait plus sur le métier d’architecte, de psychologue, etc. que les autres membres de la profession ?

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Or, les autorités de régulation prennent aujourd’hui des décisions sur des questions qui n’ont rien à voir avec les domaines qu’elles réglementent. Elles prennent des décisions qui portent atteinte aux droits constitutionnels de ceux qu’elles réglementent. Il s’agit de domaines dans lesquels les autorités de régulation n’ont absolument aucune expertise. Pourtant, les tribunaux continuent d’appliquer le critère de la « raisonnabilité » à ces décisions.

Ces dernières années, la Cour suprême du Canada a établi ce que l’on pourrait décrire comme une mesure de protection bien maigre des droits constitutionnels des personnes réglementées. La Cour a statué que lorsque les organismes de réglementation prennent une décision qui porte atteinte aux droits constitutionnels d’une personne réglementée, la décision doit contenir une analyse « solide » dans laquelle l’organisme de réglementation examine la nature de la violation constitutionnelle par rapport aux objectifs statutaires de l’ordonnance. Aujourd’hui, même cette faible protection est supprimée.

Examinons le cas du Dr Peterson. La décision de l’Ordre des psychologues porte clairement atteinte au droit à la liberté d’expression garanti par la Charte (ou à la liberté de parole comme j’aime l’appeler). En prenant sa décision, l’Ordre n’a pas tenu compte de la « solide » discussion dictée par la Cour suprême. Cela a été explicitement reconnu par la Cour divisionnaire de l’Ontario, qui a examiné cette décision. Cependant, la Cour divisionnaire a dispensé l’Ordre de justifier sa décision au motif que l’ordonnance contre Peterson était « corrective » plutôt que « punitive ». Il existe au moins une autre décision de la Cour divisionnaire de l’Ontario qui suit le même raisonnement et qui semble donc être actuellement la loi en Ontario, voire au Canada.

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Il existe un argument de poids selon lequel l’ordonnance du Collège contre Peterson est en fait punitive, mais il ne s’agit pas de répondre à la bonne question. La question ne devrait pas être de savoir si l’ordonnance est punitive ou réparatrice, mais plutôt si elle porte atteinte aux droits garantis par la Charte à une personne.

Dès lors qu’une ordonnance viole les droits constitutionnels, le régulateur, selon la Cour suprême, doit justifier cette décision dans une discussion « solide ».

Cependant, en exploitant cette lacune sémantique, la Cour divisionnaire de l’Ontario a effectivement vidé de sa substance même la maigre protection offerte par la Cour suprême aux droits constitutionnels d’un individu réglementé.

Il suffit désormais à un organisme de réglementation de déclarer que la mesure qu’il ordonne est « corrective » et il a pratiquement carte blanche pour porter atteinte aux droits d’un membre sans justification ni explication, même lorsque le comportement en question n’a rien à voir avec l’activité réglementée.

Prenons l’exemple de Peterson. Les plaignants n’étaient ni étudiants ni patients de Peterson. Ils ne l’avaient jamais rencontré. Leurs plaintes ne concernaient pas la pratique de la psychologie. Les plaignants n’approuvaient tout simplement pas les commentaires de Peterson sur des questions politiques et sociales. En conséquence de ces plaintes, le collège a porté atteinte au droit de Peterson à la liberté d’expression sans avoir fourni de justification ou de discussion sur cette atteinte, ce que la Cour divisionnaire lui a permis de faire.

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Ce qui est plus alarmant, c’est que la Cour suprême a refusé d’accorder l’autorisation d’interjeter appel de la décision de la Cour divisionnaire, ce qui a eu pour effet de supprimer la protection, aussi minime soit-elle, établie par la Cour suprême elle-même.

Les millions de Canadiens membres de telles organisations risquent désormais d’être censurés par leurs régulateurs, sur des sujets qui n’ont rien à voir avec leur activité réglementée, sans explication ni justification.

Vous êtes inquiet maintenant ? Vous devriez l’être.

Spécial pour le National Post

Peter Carey est associé principal chez Levitt LLP et, avec son associé Howard Levitt, représente le Dr Jordan Peterson dans ses tentatives d’obtenir un examen en appel de l’ordonnance du Collège des psychologues lui demandant de suivre une « rééducation ».

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