Croire que votre lieu de travail est devenu intolérable ne le rend pas pour autant intolérable.
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Par Howard Levitt et Stephen Gillman
Les lieux de travail sont souvent définis différemment par les différents employés. Les environnements de travail positifs sont généralement qualifiés d’accueillants, collaboratifs, valorisants, inclusifs, etc. Les lieux de travail toxiques, en revanche, sont généralement considérés comme peu favorables, tendus ou hostiles.
Nous rencontrons un nombre croissant d’employés et d’employeurs préoccupés par le fait que leur lieu de travail est devenu toxique, et les descriptions, explications et justifications de ce malaise ne sont presque jamais les mêmes. Et si le terme « lieu de travail toxique » est à la mode de nos jours, il n’existe aucun critère juridique concret pour en déterminer l’existence.
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Cela ne signifie pas pour autant que les risques d’un milieu de travail toxique ne sont pas réels. Pour commencer, les lois sur la santé et la sécurité dans tout le pays exigent généralement que les employés bénéficient d’un lieu de travail sain et sûr. Le non-respect de cette obligation peut entraîner des plaintes, des enquêtes sur le lieu de travail, des audits menés par des agences gouvernementales, des amendes substantielles et d’autres formes de sanctions.
De plus, les employés confrontés à un environnement de travail toxique peuvent intenter une action en justice pour licenciement abusif et exiger une indemnité de départ. Dans de tels cas, le fait que l’employeur ne fournisse pas un environnement de travail approprié équivaut à des modifications fondamentales et unilatérales du contrat de travail.
Un autre facteur à prendre en compte est de savoir si la conduite flagrante ou le harcèlement dont un employé est victime est lié à un droit humain protégé tel que le sexe, la race ou la religion. Les employeurs qui engendrent des environnements toxiques risquent de recevoir une plainte pour atteinte aux droits de la personne.
À notre avis, il est tout aussi important d’identifier ce qui n’est pas un lieu de travail toxique.
Trop souvent, nous entendons des plaintes concernant un milieu de travail toxique fondées sur des désagréments courants qui ne résisteraient pas à un examen juridique. Il est établi depuis longtemps que les employeurs disposent d’une grande latitude pour gérer leurs activités et leur personnel, et pour critiquer la conduite d’un employé, même si cette critique est communiquée de manière impolie. En d’autres termes, un employé n’est pas la cible d’un environnement de travail toxique simplement parce qu’un nouveau gestionnaire limite son temps de pause ou exige un travail de meilleure qualité.
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Par exemple, dans une affaire judiciaire récente, Keith Farm, chef cuisinier au luxueux complexe hôtelier Island Lake Resort en Colombie-Britannique, est revenu d’un congé de maladie et a reçu l’ordre de son employeur de limiter ses communications avec les autres membres du personnel en raison de ses, disons, mauvaises compétences en communication. Par coïncidence, la femme de Keith, qui travaillait pour le même complexe hôtelier, a été licenciée pour des raisons sans rapport avec le sujet.
Bouleversé par les instructions de l’employeur et le licenciement de sa femme, Keith a personnellement déterminé que le lieu de travail était toxique et s’est considéré comme ayant été licencié de manière constructive.
Le tribunal a rejeté cette affirmation et a estimé que Keith avait démissionné et qu’en conséquence, rien ne lui était dû. En concluant que le procès de Keith devait être rejeté, le tribunal a estimé que ses allégations de milieu de travail toxique étaient entachées par le licenciement de sa femme.
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Ceci sert d’avertissement : avant de prendre toute mesure, les employeurs et les employés devraient demander un avis juridique s’ils estiment qu’un lieu de travail est devenu toxique.
Pour éviter l’émergence d’un milieu de travail toxique, nous recommandons aux employeurs d’agir de manière préventive en surveillant la culture de leur entreprise et en mettant en place des systèmes permettant d’identifier les problèmes avant qu’ils ne prennent trop d’ampleur. Il peut s’agir d’instaurer des politiques, des pratiques et des formations complètes sur la façon de gérer les problèmes sur le lieu de travail. Enfin, les employeurs doivent répondre rapidement et enquêter sur toute plainte dès qu’elle survient. Un employeur attentif peut être un antidote efficace contre un environnement de travail toxique.
Howard Levitt est associé principal du cabinet Levitt LLP, avocat spécialisé en droit du travail et de l’emploi, qui compte des bureaux en Ontario, en Alberta et en Colombie-Britannique. Il pratique le droit du travail dans huit provinces et est l’auteur de six ouvrages, dont Law of Dismissal in Canada. Stephen Gillman est associé du cabinet.
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