Sabrina Carpenter taquine et tourmente sur le magistral — et diaboliquement NSFW — « Short n’ Sweet » : critique d’album Plus de Variety Les plus populaires À lire absolument Inscrivez-vous aux bulletins d’information de Variety Plus de nos marques

Sabrina Carpenter

« Short and Sweet » est peut-être le sixième album de Sabrina Carpenter, mais elle-même dit qu’il ressemble davantage à son deuxième. Après la percée créative de « Emails I Can’t Send » en 2022 — que nous appellerons sa « Disney-mancipation » après près d’une décennie en tant qu’enfant star — « S n’ S » est la puissante prochaine étape de son évolution en tant qu’artiste, personne et personnage.

Vous connaissez déjà le personnage des deux singles principaux de cet album, « Espresso » et « Please Please Please », ainsi que de leurs clips : une femme jolie mais dure, drôle, impertinente, sûre d’elle, sexuellement directe et avec un côté méchant et ardent, mais qui n’est pas sans incertitudes et chagrin d’amour. Les chansons ici parlent presque toutes d’amour, sous toutes ses formes : le véritable amour, l’amour stupide, les béguins, l’amour que je devrais vraiment savoir mais qui est en fait de la luxure, la vengeance, les deux facettes de l’infidélité et, surtout sur les deux dernières chansons, le chagrin d’amour. Mais surtout, en plus des refrains effervescents que les singles principaux de l’album ont fait attendre les fans, il y a encore plus de « Est-ce qu’elle vient de dire ce que je pense qu’elle a dit ? » dans les paroles, qui sont remplies de bombes F, d’insinuations sexuelles et de dénigrements hilarants qui sont encore plus cinglants parce qu’elle les chante presque toutes si doucement.

Quoi ? « Essaie de paraître douce et bien parlée / Branle-toi sur des paroles de Leonard Cohen » (« Dumb and Poetic ») ; « La semaine dernière, tu n’avais aucun doute / Cette semaine, tu gardes de la place pour sa langue dans ta bouche » (« Coincidence ») ; « J’ai montré à mes amis, puis on s’est tapé dans la main / Désolée si tu te sens objectifiée » (« Juno ») ; « Où es-tu ? Pourquoi pas sur moi ? » (« Bed Chem ») ; « J’ai entendu dire que vous étiez de nouveau ensemble et si c’est vrai / Tu devras juste me goûter quand il t’embrassera » (« Taste ») ; « Le chagrin est une chose, mon ego en est une autre / Je t’en prie, ne m’embarrasse pas, fils de pute » (« Please Please Please ») ; et, euh, « Je suis tellement excitée » (« Juno »). Sous-texte : On peut s’amuser, mais ne venez pas me déranger.

Fidèle à son titre, l’album navigue rapidement dans une grande variété d’ambiances et de genres musicaux au cours de ses 12 chansons et 36 minutes, mêlant pop, R&B, rock alternatif et même country dans un ensemble vaste mais étonnamment cohérent. On y retrouve des éclairs de synthétiseurs des années 80, du R&B des années 90 et des bouffées occasionnelles d’Ariana et Taylor, mais une partie de la cohésion de l’album vient de l’assemblage de chansons complémentaires. Par exemple, la douceur acérée du début « Taste » se transforme en douceur en un mélange de Dolly Parton et d’ABBA de « Please Please Please », même si elles ne se ressemblent pas, et les deux chansons acoustiques – la ballade « Dumb and Poetic » et la country « Slim Pickins » – sont regroupées, créant un mini set acoustique au milieu de l’album.

Bien que l’album comporte de nombreux collaborateurs de « Emails », la co-auteure Amy Allen (qui connaît une année faste avec Tate McRae et Justin Timberlake ainsi que toutes les chansons de « Short n’ Sweet ») et les producteurs Julian Bunetta et John Ryan (tous deux anciens de One Direction et Harry Styles) sont entrés en force au premier plan, avec l’omniprésent Jack Antonoff qui laisse sa marque polyvalente sur quatre chansons. Sans surprise, les taylorismes culminent sur l’une de ses contributions, « Sharpest Tool », mais on en retrouve aussi un peu sur « Bed Chem », qui pose une mélodie polysyllabique swiftienne sur un lit musical R&B léger.

Mais ne vous y trompez pas, c’est le spectacle de Carpenter jusqu’au bout, et les chansons ici sont magistralement polyvalentes : « Taste » pourrait être un hymne alt-rock si les guitares étaient plus fortes, « Good Graces » est une explosion rapide de R&B-pop des années 90, et « Slim Pickins » a juste besoin d’un violon pour être une chanson country à part entière, mais au lieu de cela, ils fusionnent plusieurs styles dans un son diversifié mais cohérent qui tient tout au long de l’album.

Mais malgré toute cette impertinence, ce sexe et cette arrogance, l’album se termine sur une note douce-amère avec le mélancolique « Lie to Girls » (« Tu n’as pas à mentir aux filles/ Si elles t’aiment, elles se mentiront à elles-mêmes ») et le dernier « Don’t Smile », une ballade mélancolique à la Janet Jackson où la voix de Carpenter, très résonnante, laisse tomber toute prétention de dureté et renverse un vieux cliché – « Ne souris pas parce que c’est arrivé/ Pleure parce que c’est fini » – et chante avec tristesse un amour perdu. C’est une fin d’album étonnamment tendre qui établit non seulement Carpenter comme une chanteuse aux multiples facettes, mais aussi comme une superstar multidimensionnelle.

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