La vie d’écrivain


Ce court livre de la romancière de renom Annie Dillard explore sa perspective sur la pratique de l’écriture. Les commentaires sur l’art d’écrire sont juxtaposés à la narration des expériences personnelles de l’auteur, le tout fondé sur la métaphore étendue selon laquelle créer une œuvre littéraire consiste essentiellement à suivre « une ligne de mots ». Les thèmes du livre sont également fondés sur cette métaphore, en particulier dans leur étude des natures contrastées de cette ligne et de la facilité et du travail acharné simultanés nécessaires pour la suivre fidèlement.

Dans le premier chapitre, l’auteure commence par exposer sa perspective thématique centrale : un texte est une « ligne de mots » que l’écrivain suit jusqu’à sa fin naturelle, peut-être inattendue. Elle décrit ensuite, avec des détails considérables et parfois durs, un élément clé de ce processus : la suppression des mots, des scènes, des chapitres, des personnages, des incidents, etc. qui empêchent le lecteur de suivre et d’interpréter clairement cette ligne. À la fin du premier chapitre, elle revient à l’image de la ligne de mots, suggérant que la ligne est en quelque sorte, d’une certaine manière, connectée au cœur battant de l’écrivain et qu’en tant que telle, si elle est suivie fidèlement, elle se connectera au cœur du lecteur.

La partie centrale du livre explore l’expérience personnelle de l’auteur et son point de vue sur sa propre vie d’écrivain. Elle propose son opinion selon laquelle un écrivain a besoin d’un certain degré d’isolement par rapport au monde extérieur afin de se concentrer sur le monde intérieur des personnages qu’il crée, sur la vie qu’ils mènent et sur les raisons pour lesquelles ils vivent comme ils le font. Elle examine également la nature des idées et/ou des images d’origine au cœur d’une œuvre d’écriture, et comment ces images et idées initiales sont souvent complètement transformées et parfois même rejetées alors que la véritable nature de l’œuvre, la destination de la « ligne de mots », devient évidente. Tout au long de cette partie, l’auteur met l’accent sur le travail intense qu’il faut pour créer un texte, en explorant les agonies de distraction et d’évitement auxquelles elle et d’autres écrivains se soumettent, les points de vue des non-écrivains sur le processus d’écriture et comment la lutte pour créer se distille dans la création tortueuse de phrases simples, mais parfaites. Tout au long de cette partie centrale, l’auteur développe une variation sur la métaphore centrale. C’est l’idée que la « ligne de mots » peut prendre, et prend souvent, une vie, une présence, une énergie qui lui est propre, que l’écrivain doit à la fois laisser prendre forme et s’efforcer de donner forme.

Les deux derniers chapitres sont consacrés à de longs récits de deux rencontres vécues par l’auteur, rencontres qui semblent être des métaphores claires des différents aspects de la lutte de l’écrivain tels que définis ci-dessus. Le chapitre 6 raconte l’histoire d’un homme qui était si déterminé à ramener chez lui un magnifique morceau de bois flotté qu’il a ramé à contre-courant jusqu’à ce que la marée tourne et le ramène finalement là où il voulait être. La métaphore ici est que l’écrivain, et peut-être même d’autres artistes, luttent contre la marée créatrice de la « ligne de mots » jusqu’à ce que les intentions de la ligne et de l’artiste fusionnent. En d’autres termes, l’auteur parle de la lutte pour se rendre.

Dans le chapitre 7, l’auteur raconte l’histoire d’un artiste qui, selon elle (et pour continuer l’image), s’est effectivement abandonné à la beauté de son art. L’homme est un pilote de voltige qui, comme l’auteur le décrit lui-même et son vol, suit une « ligne de beauté » (tout comme l’écrivain suit une « ligne de mots ») sans effort, instinctivement, et toujours en ayant à l’esprit le plaisir et/ou la réaction de son public. En d’autres termes, l’auteur parle ici de l’art qui peut résulter une fois que la lutte prend fin et que l’on s’abandonne à l’élan, à la vie de l’œuvre.



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