samedi, décembre 21, 2024

Les entreprises s’inquiètent de la suspension par le Québec de l’embauche de certains travailleurs étrangers temporaires

La situation risque d’empirer pour ceux qui ont déjà du mal à trouver du personnel pour travailler au quotidien, affirment les groupes d’entreprises

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Les entreprises se disent inquiètes de la décision du Québec de réduire le nombre d’étrangers travaillant dans des emplois mal payés à Montréal et exhortent le gouvernement à « écouter » les préoccupations de certains secteurs qui peinent à trouver des travailleurs.

Le premier ministre du Québec, François Legault, a déclaré mardi que les demandes d’embauche de travailleurs étrangers temporaires à Montréal pour des emplois payant moins de 57 000 $ par année — le salaire médian de la région — seraient suspendues pendant six mois à compter du mois prochain afin de « protéger la langue française » et de limiter la pression de l’immigration croissante sur le logement et d’autres services publics.

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Certains secteurs, comme la santé, l’éducation, la construction, l’agriculture et l’agroalimentaire, sont exemptés de cette trêve. Mais elle risque d’aggraver la situation pour les restaurants et les commerces de détail qui ont déjà du mal à trouver du personnel pour fonctionner au quotidien, préviennent les groupes d’entreprises.

« Les propriétaires d’entreprise utilisent le Programme des travailleurs étrangers temporaires pour embaucher des travailleurs lorsqu’ils ne parviennent pas à trouver du personnel (au Canada) », a déclaré François Vincent, vice-président et chef de l’aile québécoise de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), qui représente plus de 97 000 petites entreprises.

« Nous verrons probablement une augmentation des pénuries de main-d’œuvre dans les petites entreprises, ce qui aura un effet domino et exercera une pression sur les prix… et sur l’économie. »

Le Québec a fait cette annonce quelques jours seulement après que le gouvernement fédéral a annoncé qu’il envisageait de refuser les demandes d’emploi présentées dans le cadre du volet des travailleurs à bas salaire du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) dans tout le pays en raison d’une augmentation du « recours abusif au programme ».

Le ministre de l’Emploi, Randy Boissonnault, a déclaré mardi dans un communiqué qu’il approuvait la proposition du Québec et que le gouvernement fédéral « surveillerait de près » le changement de politique alors qu’il prendrait « sa propre décision sur les changements futurs au PTET ».

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Les entreprises peuvent utiliser le PTET pour embaucher des travailleurs étrangers, mais elles doivent souvent prouver qu’elles ne sont pas en mesure de trouver un travailleur pour ce poste précis au Canada. Pour ce faire, elles doivent recevoir un document du gouvernement fédéral appelé Étude d’impact sur le marché du travail (EIMT).

Environ 71 300 EIMT ont été approuvées par le gouvernement au premier trimestre, contre 63 300 au cours de la même période l’an dernier. La plupart des demandes concernaient des travailleurs agricoles, des cuisiniers, des serveurs au comptoir, des chauffeurs de camion et des ouvriers du bâtiment.

Certains groupes vendent cependant illégalement des emplois approuvés par l’EIMT à des prix extrêmement élevés à des étrangers qui se trouvent soit à l’extérieur du pays, soit déjà au Canada et qui cherchent des moyens d’améliorer leur score d’immigration afin de passer de la résidence temporaire à la résidence permanente.

Un fonctionnaire du gouvernement qui traite les demandes d’EIMT a déclaré anonymement au Financial Post le mois dernier qu’il n’y avait pas suffisamment de contrôles et d’équilibres en place pour évaluer correctement les demandes. Le gouvernement fédéral a cependant déclaré avoir augmenté les inspections dans ce domaine au cours des dernières années.

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Plus tôt ce mois-ci, le TFWP a été décrit comme un terreau fertile pour l’esclavage dans un rapport des Nations Unies.

Les initiés de l’industrie affirment que la demande d’EIMT a augmenté ces dernières années parce que les récents changements apportés au système d’immigration basé sur des points pour les travailleurs qualifiés au Canada ont rendu plus difficile l’obtention d’un permis pour les immigrants potentiels.

Un emploi approuvé par une EIMT permet aux candidats d’obtenir des points supplémentaires. Ainsi, les EIMT seraient vendues à un prix plus élevé qu’auparavant, allant de 10 000 $ à environ 70 000 $ dans certains cas.

La Chambre de commerce du Canada, qui représente 200 000 entreprises, a déclaré qu’elle soutenait l’intention du gouvernement de s’attaquer à toute utilisation abusive du programme, mais a déclaré que le programme est important pour de nombreux secteurs qui sont véritablement confrontés à une pénurie.

« Nous exhortons les gouvernements à écouter adéquatement les préoccupations des employeurs, en particulier ceux des secteurs de l’économie qui continuent de lutter pour trouver les travailleurs dont ils ont besoin pour fonctionner au quotidien », a déclaré Diana Palmerin-Velasco, directrice principale de la chambre.

Dans l’ensemble, le pourcentage de personnes qui entrent au Canada dans le cadre du PTET demeure inférieur à celui des autres volets. Selon les données gouvernementales, le Canada compte environ 2,8 millions de résidents non permanents, dont environ 9 % relèvent du PTET.

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Environ 42 % du nombre total de résidents non permanents sont des étudiants et 44 % sont des titulaires de permis de travail postuniversitaire, des conjoints d’étudiants, des étudiants de programmes d’échange et autres. Les 5 % restants sont des demandeurs d’asile.

Legault a indiqué que cette pause réduirait le nombre de travailleurs étrangers temporaires de 3 500 au bout de six mois. Il a ajouté que le nombre de résidents temporaires au Québec a presque doublé entre 2021 et 2024, passant d’environ 300 000 à 600 000 personnes.

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« Je pense qu’il faut montrer l’exemple », a déclaré Legault lorsqu’on lui a demandé, lors d’une conférence de presse mardi, si la pause de six mois n’était qu’une mesure « symbolique ». « Parce qu’on exerce beaucoup de pression depuis près d’un an sur Justin Trudeau pour qu’il réduise (…) le nombre d’immigrants temporaires contrôlés par le gouvernement fédéral. »

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