Le procès visant à annuler la nomination du gouverneur général pour manque de français mérite d’être entendu, selon le tribunal

La poursuite intentée par deux groupes de défense des droits des francophones soutient que l’incapacité de Simon à parler français viole deux articles de la Charte canadienne des droits et libertés

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OTTAWA – Un juge du Québec a statué qu’une poursuite demandant l’annulation de la nomination de la gouverneure générale Mary Simon parce qu’elle ne parle pas français méritait d’être entendue devant les tribunaux, rejetant ainsi la deuxième tentative du gouvernement fédéral de faire rejeter la cause.

Cette décision constitue une autre petite victoire juridique pour les groupes de défense des droits linguistiques et constitutionnels du Québec qui soutiennent que la nomination de Simon est inconstitutionnelle.

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Il y a deux ans, deux groupes de défense du français et deux particuliers ont intenté une action en justice contre le gouvernement fédéral, affirmant qu’il avait manqué à ses obligations constitutionnelles en matière de bilinguisme lors de la nomination de Simon au poste de gouverneure générale en 2021. Simon, une Inuk et la première gouverneure générale autochtone du Canada, parlait anglais et inuktitut, mais pas français. Sa nomination rompait avec la longue tradition des gouverneurs généraux qui parlent les deux langues officielles du Canada.

« Les requérants demandent l’annulation de la nomination de la très honorable Mary Simon au poste de gouverneure générale du Canada, car ils prétendent que la personne qui occupe cette fonction doit être capable de communiquer en français et en anglais » en se fondant sur la Charte des droits et libertés, a écrit la juge Marie-Hélène Dubé dans une décision rendue lundi.

Plus précisément, les groupes soutiennent que l’incapacité de Simon à parler français viole deux articles de la Charte : le statut égal du français et de l’anglais au Canada et le droit d’être servi par les institutions fédérales dans l’une ou l’autre des langues officielles.

Dubé a rejeté la deuxième tentative du gouvernement fédéral de faire rejeter la poursuite avant qu’elle ne soit portée devant les tribunaux, selon la décision rapportée en premier par Radio-Canada.

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En novembre, les avocats du gouvernement ont fait valoir que le procès devait être annulé car il n’avait « aucune chance de succès car il n’est pas fondé en droit ».

Ils ont également soutenu que les demandeurs, l’Association De Défense Des Droits Individuels Et Collectifs Du Québec (ADDICQ), le juge Pour le Québec et deux particuliers, ne devraient pas avoir de qualité pour agir.

« La position des requérants selon laquelle le souverain ne peut nommer qu’un gouverneur général qui parle les deux langues officielles du Canada n’est pas appuyée par les dispositions constitutionnelles qu’ils invoquent », ont écrit les avocats du gouvernement dans leurs arguments.

« Le rapport du groupe consultatif établi pour la sélection du gouverneur général et l’avis du premier ministre concernant cette nomination ne sont pas sujets à un contrôle judiciaire », ont-ils ajouté.

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Mais Mme Dubé a rejeté la demande du gouvernement, estimant qu’il n’était pas « suffisamment évident » que l’affaire était dénuée de fondement juridique. Elle a plutôt conclu que la prudence commandait que l’affaire soit entendue en entier.

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Elle a également conclu que l’un des demandeurs, Étienne-Alexis Boucher, avait qualité pour agir en vertu de sa citoyenneté canadienne, mais a demandé à l’ADDICQ et à Justice Pour Le Québec de modifier leurs observations dans un délai de 30 jours afin de prouver leur pertinence dans l’affaire.

En juin 2023, un autre juge de la Cour supérieure du Québec a rejeté la demande du gouvernement fédéral selon laquelle l’affaire devait être rejetée parce qu’elle aurait plutôt dû être déposée devant la Cour fédérale.

La juge Catherine Piché a écrit que la Cour supérieure avait l’autorité d’entendre l’affaire et a rejeté l’argument selon lequel la question relevait exclusivement de la compétence de la Cour fédérale.

Dans une déclaration, le président de l’ADDICQLe professeur de droit constitutionnel et ancien politicien Daniel Turp a appelé le gouvernement fédéral à cesser de « gaspiller » l’argent des contribuables en essayant de faire rejeter la poursuite, et à plutôt plaider l’affaire sur son bien-fondé.

« C’est la deuxième fois que le procureur général du Canada tente d’éviter de traiter du fond de l’affaire. Et c’est la deuxième fois que la justice lui ferme la porte et confirme que la question du bilinguisme officiel du gouverneur général est une question juridique légitime qui doit être entendue », a écrit M. Turp.

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Lors de sa nomination au poste de gouverneure générale en 2021, Simon a admis qu’elle ne parlait pas français, mais a promis de commencer à suivre des cours de langue dès que possible. Elle a expliqué qu’elle avait été scolarisée dans une école fédérale du nord du Québec et qu’on ne lui avait pas proposé de cours de français.

Sa nomination a été largement célébrée au Canada anglais, mais a créé un certain malaise au Québec.

Le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, a par la suite reçu 1 341 plaintes concernant la nomination de Simon, mais a finalement statué en novembre 2021 qu’elles n’étaient pas fondées, selon Radio-Canada.

Théberge conclut que la décision de nommer Mary Simon est ultimement prise par le premier ministre, qui n’est pas une « institution fédérale » liée par les règles de la Loi sur les langues officielles.

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